Financement libyen de la campagne de Sarkozy en 2007 : la Tunisie le savait
L'affaire portant sur un éventuel financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 se poursuit.
Samedi, un gendre de l'ex-Premier ministre libyen al-Baghdadi al-Mahmoudi a démenti toute conversation entre son beau-père et ses avocats à propos de ce financement présumé. Selon ses avocats, al-Baghdadi al-Mahmoudi, Premier ministre de Kadhafi entre 2006 et 2011 incarcéré en Tunisie, leur avait dit que le régime libyen avait bien financé la campagne de Nicolas Sarkozy.
Impossible, assure ce samedi le gendre de l'ex-dignitaire libyen. "Il n'y a eu aucune conversation entre al-Baghdadi al-Mahmoudi et Bechir Essid ou n'importe quel autre avocat, au sujet d'une affaire de politique étrangère. Que ce soit pour la France ou pour n'importe quel autre pays", a déclaré à l'AFP Mahmoud Mohamed Bou Chaala, 33 ans. Selon lui, l'ancien responsable libyen "portera plainte contre tout avocat qui parlera en son nom et qui accusera une tierce partie au nom du docteur (al-Mahmoudi), sans aucun lien avec la vérité."
"Manipulation politique"
Immédiatement, le principal avocat d'al-Baghdadi al-Mahmoudi, Mabrouk Kourchid, a réagi en affirmant que la famille de son client "est indignée par les déclarations de son gendre". "Al-Mahmoud est en désaccord avec son gendre proche du Conseil national de transition (CNT)», assure l'avocat en dénonçant "une manipulation politique".
Même réponse de la part de Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart et l'un des auteurs des articles évoquant ce financement libyen supposé : "C'est de l'enfumage. Cinq avocats confirment les propos. Mieux, la justice tunisienne savait !"
Vendredi, des avocats tunisiens de la défense ont en effet affirmé que cette affaire avait été évoquée devant une cour d'appel tunisienne le 25 octobre 2011 . "La question a été posée devant un juge à l'ex-Premier ministre libyen et sa réponse affirmative figure dans un procès-verbal judiciaire, a assuré l'avocat qui avait posé la question, Slim Ben Othman. Al-Mahmoudi avait alors indiqué qu'une enveloppe de 50 millions d'euros a été remise par lui-même aux mains d'envoyés de Sarkozy à Genève". "Des documents attestant de l'opération ont été copiés et déposés dans plusieurs capitales européennes", précise l'avocat en affirmant que son client craignait une liquidation physique.
Echange de plaintes
Jeudi, Nicolas Sarkozy a utilisé le terme d'"infamie" pour qualifier ces accusations. "Le gouvernement libyen a indiqué que c'était un faux, le traducteur de M. Kadhafi a indiqué que c'était un faux, le destinataire du fameux virement a indiqué que c'était un faux", a-t-il ajouté. "Qui croit à de pareilles fadaises?", s'est interrogé le président-candidat.
Ce feuilleton à rebondissements a commencé samedi dernier avec la publication entre les deux tours de la présidentielle par le site d'information en ligne Mediapart d'un document attribué à un ex-dignitaire libyen affirmant que Tripoli avait accepté de financer pour "50 millions d'euros" la précédente campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Le candidat président Nicolas Sarkozy avait réagi en portant plainte lundi contre le site d'information pour la publication de la note controversée et le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "faux et usage de faux" et "publication de fausses nouvelles".
Mercredi, Mediapart a répliqué avec une plainte en dénonciation calomnieuse contre Nicolas Sarkozy, qui ne peut cependant pas être poursuivi durant son mandat et dans un délai d'un mois suivant une cessation de ses fonctions.
Avec AFP
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