Nouveaux affrontements au Caire : deux morts et 300 blessés
A moins de trois semaines de l'élection présidentielle, la tension est de nouveau montée dramatiquement, vendredi dans la capitale égyptienne.
De nouvelles manifestations hostiles au pouvoir militaire ont eu lieu dans la capitale égyptienne, et des heurts entre manifestants et soldats ont éclaté dans le quartier d'Abbassiya, près du ministère de la Défense, dont les accès étaient barrés par l'armée. Une journaliste stagiaire belge travaillant pour le journal égyptien Al-Masri a par ailleurs été légèrement blessée, selon un porte-parole du ministère belge des Affaires étrangères.
Au moins deux personnes ont été tuées et près de 300 blessées dans ces affrontements. Des médecins de l'hôpital universitaire Al-Zahra ont dit que ces deux personnes avaient été tuées par des tirs. Selon le ministère de la Santé, les affrontements ont fait un mort, un militaire. Dans un communiqué publié par l'agence officielle Mena, le ministère a également fait état de 296 blessés, dont 131 ont dû être conduits à l'hôpital. Le responsable d'un grand hôpital du quartier faisait état plus tôt de 130 blessés.
Lors de ces affrontements, les manifestants ont échangé des jets de pierres avec les forces anti-émeutes de l'armée, qui ont aussi utilisé un canon à eau, des gaz lacrymogènes et chargé la foule à plusieurs reprises. Les affrontements se sont ensuite transformés en courses-poursuites, avec des véhicules militaires, dans les rues d'Abbassiya, où des tirs nourris ont été entendus au milieu de scènes de chaos. Les services de sécurité évoquent de simples tirs de semonce pour disperser la foule. Dans la soirée, le parquet militaire annonçait que 170 personnes avaient été arrêtées pendant les heurts.
Couvre-feu
Dès jeudi, l'armée avait mis en garde les manifestants pour qu'ils ne menacent pas les bâtiments et installations militaires. Mercredi, des affrontements extrêmement violents entre des manifestants et des assaillants en civil avaient fait 9 morts selon les autorités, 20 selon des sources médicales.
Vendredi, d'autres manifestations se déroulaient par ailleurs dans le calme : sur la place Tahrir dans le centre-ville, mais aussi à Alexandrie, deuxième ville du pays et fief islamiste. Ces rassemblements sont soutenus par plusieurs mouvements pro-démocratie, ainsi que par des organisations islamistes comme les Frères musulmans, première force politique du pays. De nombreux manifestants venus défiler exprimaient la crainte de voir l'armée manipuler l'élection présidentielle historique dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai.
Après ces nouveaux affrontements, l'armée a annoncé un couvre-feu dans le secteur du ministère de la Défense. Ce couvre-feu s'étend de de 23 heures à 7 heures "pour la place Abbassiya, autour du ministère de la Défense et dans les rues voisines", a détaillé le général Moukhtar al-Moulla, membre du Conseil suprême des forces armées (CSFA), dans une allocution télévisée.
Treize candidats à la présidence
Treize candidats sont en lice, après que dix autres ont vu leur candidature invalidée. Deux des principaux candidats sont des anciens de l'ère Moubarak : l'ex-ministre des Affaires étrangères et ancien chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, et le dernier Premier ministre du régime déchu, Ahmad Chafiq. Le camp islamiste est principalement représenté par un candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, et un dissident de la confrérie, Abdel Moneim Aboul Foutouh, soutenu par un large éventail politique allant des salafistes à de jeunes militants pro-démocratie.
Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a promis jeudi que cette présidentielle, la première depuis le départ de Hosni Moubarak, chassé su pouvoir, serait "100% honnête et transparente". Le CSFA a aussi rappelé son engagement de revenir à un pouvoir civil avant la fin juin, dès que le nouveau chef de l'Etat aura été élu.
S. A.
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