L'Observatoire appelle au respect des droits de l'homme et des libertés en Algérie
L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues desdroits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) nous a écrit sur l'Algérie.
L’Observatoire a été informé par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) de la condamnation de M. Abdelkader Kherba, membre du Comité national de défense pour le droit des chômeurs (CNDDC) et de la LADDH.
Selon les informations reçues, dans la matinée du 3 mai 2012, le Tribunal de Sidi Mohamed, situé boulevard Abane Ramdane à Alger, a reconnu coupable M. Kherba d'"incitation directe à un attroupement" et l'a condamné à une peine d'un an de prison avec sursis accompagnée d'une amende de 20 000 DA. M. Kherba devait être libéré dans l'après midi du même jour, après près de 15 jours de détention arbitraire. En conséquence, M. Kherba risque à tout moment d’être condamné à exécuter sa peine en cas de nouvelle arrestation arbitraire. L'avocat de M. Kherba doit faire appel de ce jugement.
L'Observatoire condamne vivement cette condamnation qui ne semble viser qu'à sanctionner ses activités légitimes de défenseur des droits de l'Homme et appelle les autorités algériennes à abandonner toutes formes de poursuites arbitraires à l'encontre de M. Kherba et, plus généralement, à mettre fin au harcèlement judiciaire à l'encontre de l'ensemble des défenseurs des droits de l'homme en Algérie.
Rappel des faits
Le 18 avril 2012, au cours d'un sit-in organisé devant le Tribunal de Sidi Mohamed dans le cadre du mouvement de protestation des greffiers lancé dix jours auparavant, M. Abelkader Kherba a été arrêté par des agents des forces de sécurité d'Alger. La présence de M. Kherba à ce sit-in témoignait de son soutien aux revendications de ces travailleurs dénonçant les conditions de travail dans le milieu de la justice en Algérie. Alors que seul M. Kherba a été arrêté, les témoins de l'arrestation ont fait état du caractère brutal de cette dernière et souligné que sa caméra lui a été confisqué par les forces de sécurité.
M. Kherba a ensuite été transféré au commissariat de Cavaignac de la Grande Poste en attendant l'audience devant le procureur de Sidi Mohamed prévue le 19 avril à 10h30. Ce même jour, M. Kherba a comparu à deux reprises devant le parquet, comparutions au cours desquelles il a été interrogé sur les raisons de sa présence à la manifestation. Ses avocats et lui même ont finalement été notifiés de l'ouverture d'une procédure en flagrant délit sur les chefs d'incitation à un attroupement et de son placement en détention provisoire.
Par ailleurs, ont été soulignées les conditions procédurales particulièrement difficiles ayant entourées sa détention préventive. D'une part, la poursuite de la grève des greffiers a empêché à ses avocats tout accès au dossier judiciaire de M. Kherba ainsi que toute obtention d'un permis de communication avec le détenu. En outre, les procédures de flagrant délit sont, habituellement, très rapidement traitées. En l'espèce, l'écart d'une semaine entre la comparution devant le parquet et la date prévue du procès semblait constituer une prolongation volontaire de la durée de détention provisoire de M. Kherba.
Le 26 avril 2012, alors que plusieurs militants venaient assister au procès de M. Kherba afin de lui témoigner de leur soutien, ces derniers se sont vus refuser l'accès à la salle d'audience du Tribunal de Sidi Mohamed en violation du principe de publicité des débats. Seules les personnes convoquées dans le cadre de cette audience (avocats, prévenus et témoins) ont ainsi pu accéder au tribunal. Au cours du procès, le procureur a requis trois ans de prison ferme à l'encontre de M. Kherba pour "incitation directe à attroupement", "usurpation de fonction" et "entrave au fonctionnement d'une institution". En attendant le verdict, M. Kherba a été maintenu en détention provisoire.
En parallèle, un sit-in était organisé devant le tribunal par les militants pour dénoncer le harcèlement judiciaire subi par M. Kherba. Ce sit-in a été réprimé par les policiers qui ont, au cours de leur intervention, arrêté au moins sept personnes dont MM. Hakim Addad, Tahar Belabès, Mourad Tchiko, Abdou Bendjoudi et Yacine Zaïd. Tous ont été relâchés après avoir passé la journée dans différents commissariats d’Alger.
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MERCI
Ban Ki-moon n’arrête pas d’appeler le gouvernement syrien à respecter son engagement pour mettre fin à l'effusion de sang en Syrie, mais rien n’y fait de même l'observatoire appelle au respect des droits de l'homme et des libertés en Algérie rien n’y fera…. ça sent l’ingérence salvatrice !