2.400.000 touristes dites-vous ?...

Des chiffres invraisemblables ont été avancés par le ministre du Tourisme.
Des chiffres invraisemblables ont été avancés par le ministre du Tourisme.

Voici quelques éléments chiffrés du 4e trimestre pour le tourisme algérien en 2011-2012. Repris du communiqué du ministre du Tourisme qui prône que notre pays a reçu plus de 2.400.000 touristes.

- Poursuivant sa politique de mise en place du plan d’action pour supprimer les professionnels du secteur et les faire remplacer par les acteurs de son parti politique. (On se demande bien pourquoi… ?)

- Baisse des ventes des produits touristiques algériens, reflétant les arrêts d’achats discrétionnaires ou pas et les suites des effets du plan d’action touristique de l’ONT, à la demande de Monsieur le ministre. Des promotions délibérément moins intéressantes parce que mal ciblées et la poursuite de la mauvaise politique d’investissements vers le développement du tourisme (donc forcement moins de fréquentation.)

- Dégradation globale de la disponibilité du produit algérien sur le marché étranger (qui a dit qu’il y avait un système d’information mis à l’affiche ? par qui et comment a l’étranger?)

- Baisses inquiétantes de la demande étrangère au niveau des agences de voyages locales sur l’année 2011-2012 pour toute l’Algérie ainsi que dans les hôtels nationaux.

- Manque de performance continue de la promotion touristique par l’office national du tourisme.

Et enfin manque d’impact calendaire sur les marchés importants estimés positifs pour notre pays. Donc au 4e trimestre, les ventes comparatives de masse et d’aventure sont sérieusement en baisse de 64,7% comparativement aux années 2006/07/08. Les tarifs sur les produits touristiques sont quant à eux en hausse de 3,5%, (on pensait que l’effort des mises à niveau devait améliorer la fréquentation !) une amélioration par rapport a -5,6% au 3e trimestre (moins pire que moins bien !!!), tandis que les ventes baissent, la promotion à l’étranger baisse aussi du fait d’un manque de crédibilité évidente et de non paiements de factures aux différents opérateurs étrangers par l’ONT, par manque d’intérêt et de compétence des responsables.

La baisse des ventes reflète la baisse des achats discrétionnaires ou pas et les effets du plan d’action de monsieur Smaïl Mimoun qui soutient toujours sa politique ciblée en suppriment les cadres du tourisme et leur remplacement par des fonctionnaires du Hamas, ce qui a permis au secteur touristique une véritable chute de l’image, surtout par rapport à l’indisponibilité des visas et une rupture administrative.

Emigrés et touristes dans le même sac

En réalité, seuls 1290 touristes ont réellement franchi le territoire national sur les 2.400.000 annoncés. Monsieur Mimoun a gravement confondu les statistiques relevées aux passages des frontières de police par nos propres émigrés et par des hommes et femmes d’affaires toute nationalité confondue, avec les touristes, casquette et sac a dos, avides de culture et de découverte…Le moins que l’on puisse dire est que ce sujet soulève beaucoup de curiosité, car l’Algérie est présentée comme un très bon "produit" touristique. Mais en regard de la politique adoptée par monsieur le ministre et ses fonctionnaires a divers niveau, on s’aperçoit vite du caractère simpliste et discutable d’une telle annonce publicitaire.

L’objectif affiché de cette annonce, toute attractivité relative aux 24 fonctionnaires décideurs du ministère, est en totale contradiction à la promotion du tourisme répartis dans plusieurs secteurs d’activité. Pour ce faire, information oblige, à peine quelques 30 cyclistes pris en charge bravement par Zenata tours dans l’ouest de l’Algérie. Quelques Japonais travaillant dans divers secteurs du commerce en Algérie et en mal de stabilité sont partis pour le grand sud algérien par deux agences qui souhaitent garder l’anonymat et le reste sont des Français ayant une relation spéciale avec des résidents en Algérie, ont participé à une découverte dans le Gourara, forment eux uniquement le nombre très limité des visiteurs pris dans une illusion d’optique, pour former le nombre incroyable annoncé par Smaïl Mimoun. Les autres sont des clients autant attentifs que prudents du très rare et combien compétent Guide national Ben Rokia, Sidi Nommé Sidi ben Sidi et qui sont considérés comme un échantillon représentatif des touristes potentiels en provenance de France.

Mais pourquoi insister sur le caractère indépendant de cette spéculation alors qu’aucune précision concernant les statistiques réelles n’a été mise en avant ? L’énoncé du chiffre de 2.400.00 touristes précise que l’Algérie présente en plus une qualité du tourisme hors normes. L’utilisation de ce verbe est évidemment de nature trompeuse, car l’espace d’expression donné à ces fonctionnaires aventuriers dans le tourisme national est forcément très limité. En fait, son annonce répond à un questionnaire destiné à établir des statistiques à partir de questions prédéterminées accompagnées de réponses à choix multiples. Ce mode de questionnement "fermé" à plusieurs avantages. D’une part, il permet de bluffer un nombre impressionnant de personnes, donnant ainsi plus de poids aux interprétations abusives des résultats, ensuite, il permet de hiérarchiser de manière quantitative les réponses et d’établir un palmarès d’un mandat ministériel…trompeur (sic).

Mais si un tel mode de questionnement s’avère pertinent lorsqu’il est utilisé pour mettre en lumière des résultats obtenus à partir de véritables statistiques univoques, celui du premier responsable du secteur tourisme perd toute crédibilité à mesure qu’il cherche à rationaliser le phénomène subjectif par l’attractivité des spécialistes du secteur. Le but du mensonge est bien d’établir des statistiques supposées encourager la perception déclarée à de milliers de personnes travaillant dans le monde du tourisme et de l’hôtellerie.

En utilisant ce modèle quantitatif pour mesurer le phénomène éminemment subjectif, Smaïl Mimoun autorise l’extrapolation de vérités au nom de la non-rationalité statistique.

Pour s’en convaincre, observons l’évolution des coming-in entre 2011 et 2012. Un des principaux signes de la désertion de la destination Algérie est dans l’ambiance saharienne, qui était le critère numéro un du tourisme en Algérie en 2010-2011 et qui a été détrônée par l’interdiction du visa et la suppression des agences qui ne répondaient plus aux critères imposés ! Rendez-vous compte, la disqualification de ces agences de voyages est devenue la première préoccupation du directeur inculte M. Saïd Rebach chargé de la délivrance des agréments. Comment un tel "bouleversement" a pu se produire par un héritier d’un escroc notoire Hamed Boujdira, renvoyé du secteur pour corruption et sur quelle base réelle ? Et quelle est la pertinence d’une telle conclusion professionnelle dans le contexte actuel du marché du tourisme en Algérie ? On peut aussi se permettre de poser la question à savoir par exemple, combien de pauvres Sid Ahmed Nordine, agent de voyages renvoyé des bureaux d’Annaba pour incompétence et nommé directeur général adjoint faut-il pour détruire totalement l’espoir d’une entreprise de formation aurassienne et pour laquelle le tourisme compte pour développer ses services ? Alors quelle est donc la finalité de cette déclaration de 2.400.00 touristes imaginaires pour Smaïl Mimoun dans la majorité des entrées sur le territoire ? Faire croire que la fluidité du marché touristique et la mobilité des voyageurs est une réalité dans notre pays, avec si peu de moyens d’accueil et un staff aussi misérable ?

Malgré des différences flagrantes dans des entreprises d’un même secteur (hôtellerie ou tourisme), cette enquête est d’une précision troublante. Prenons par exemple, le secteur "transport et logistique" : l’entreprise cariste "Fadhallah" est la seule existante contre la défunte ONAT. Il y a quatre ans, le transporteur aérien Air Algérie souhaitait relancer le marche touristique grâce a l’offensive chinoise pour l’Afrique du Nord, Mais que s’est-il passé ? A notre connaissance, une convention établie par le ministère du Tourisme chinois est toujours en instance de signature 4 ans après…Et puis, une prise de conscience in extremis des responsables de la Cie aérienne ayant compris que ce n’est pas avec si peu de moyens de transport que l’Algérie pourra faire face a une demande aussi importante… Alors comment ce ministre a-t-il enregistré 2.400.000 touristes ? Car cela suppose un charter touristique toutes les heures et à travers tous les aéroports nationaux.

Au-delà du fait que ces transporteurs de passagers touristiques sont deux entreprises incomparables. Car ce qui est sûr, c’est qu’elles n’ont ni la même histoire, ni les mêmes profils de fournisseurs et de concurrence, ni les mêmes modes de gouvernance ni les mêmes typologies. Combien de personnes se sont retrouvées avec la possibilité de voyager à la fois avec Air Algérie ou avec le cariste Fadhallah ? Vraisemblablement très peu. Par conséquent, la construction du champ d’investigation sur la déclaration de 2.400.000 touristes arrivés en Algérie en 2011-2012 semble davantage spéculative que réaliste.

La déclaration avait donc un autre but que celui de généraliser l’espérance des Algériens dans le marché du tourisme. En fait, ce genre de classifications artificielles est loin de rendre compte de la réalité économique et sociale que vivent la plupart des entreprises de ce panel. Il s’agit notamment de s’interroger, non pas sur la justesse des calculs statistiques, mais sur la pertinence de la déclaration que l’on cherche à faire croire. Un des présupposés de la déclaration est que l’image que l’on cherche a imposé aux milliers d’individus du secteur corrélée avec la qualité de vie professionnelle dans les entreprises du tourisme. On voit tout de suite combien il est hasardeux d’établir une relation - absolue ou relative - entre l’attractivité perçue et le degré de satisfaction personnel.

Ce palmarès semble ignorer quelques contributions majeures de la sociologie de la déclaration et la nature intrinsèquement stratégique du comportement de Smaïl Mimoun. En substance, ce comportement n’est pas rationnel mais prévisible. Le ministre cherche à tirer avantage pour son propre succès, par le trucage des règles en place et à optimiser les marges de manœuvre dont il disposait en créant des alliances, plus ou moins douteuses, afin d’étendre son domaine d’influence sans améliorer les conditions relatives du travail.

En conclusion, cette "marque politique" est un produit de communication inefficace, à condition de ne pas trop chercher à comprendre comment ces résultats ont été obtenus et jusqu’où. Ce qui est mesuré est effectivement mesurable. Pour ma part, je suis tenté de dire qu’il y avait aussi dans la marmite les conseils de son extravagant secrétaire général Kaci Abdellah et son très limité Kechroud Brahim, ce qui a causé 4 milliards de perte aux professionnels du tourisme avec une déclaration purement imaginaire. Toutes ces fabulations n’existent que dans les statistiques hallucinantes, qu’on ne rencontre jamais que dans le morne monde réel et hérité du tourisme algérien.

Faïçal Maafia

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Khalida targui

Aucun pays ne mérite ça s'il est habité par des êtres humains

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Khalida targui

Demain il est capable de nous cracher le chiffre de 37 millions moins les fakhamatouhoumes et nous voilà touristes-harragas. On l'est déjà puisqu'on n'a le droit que de bouffer de dormir dans notre propre bled

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