La vacuité des programmes des candidats pousserait à l'abstention

Dahou Ould Kablia, ministre de l'Intérieur
Dahou Ould Kablia, ministre de l'Intérieur

Déjà une semaine d’une campagne terne sans réelle mobilisation et dans l’indifférence de la majorité des citoyens.

Pour la première fois, le ministre de l’intérieur algérien, le 21 avril 2012, n’écarte pas un fort taux d’abstention. Le représentant de l’Etat des droits de l’homme après avoir menacé les algériens de sanctions en cas où ils s’abstiendraient revient à la raison et aborde dans le même sens, arguant un complot du fait de la flambée des prix, de la pénurie de l’essence. Et pour conclure un porte-parole semi officiel, le directeur du CRSS, dans un entretien au quotidien gouvernemental El Moudjahid en date du 22 avril 2012 affirme qu’un taux de participation inférieur à 45% serait un échec pour les élections. Alors que dans d’autres cieux ce taux dépasse les 55/60%, 40/45% d’abstention étant supposés un échec. Si les élections sont propres, loin des quotas décidés administrativement du passé, ne s’oriente-t-on pas une abstention record ?

Démobilisation populaire du 17 mai 2007 et programmes utopiques du 10 mai 2012

Je rappelle brièvement les résultats des élections législatives du 17 mai 2007 et selon els données du Ministère de l’intérieur. Les inscrits ont été de 18 760400, le nombre de votants de 6 662 383 donnant un taux de participation de 35,6%, avec un nombre de bulletins nuls de 961 751 (3,8%). Sur ce total, le parti du Front de libération nationale (FLN) a eu 1 315 686 voix par rapport aux votants (23%), le Rassemblement national démocratique (RND) 591 310 (10,3%) et le Mouvement de la société pour la paix (MSP) 552 104 (9,6%). Cependant le ratio le plus significatif est le nombre de suffrages exprimés divisé par le nombre d’inscrits ce qui donne : 7,01% pour le parti du FLN, 3,15% pour le RND et 2,94% pour le MSP soit un total de 13,10%. Pour les élections du 10 mai 2012, le nombre de sièges à pouvoir à l’Assemblée populaire nationale a été porté à 462 contre 389 précédemment. Le corps électoral est de 21.664.345 électeurs et électrices constituent au niveau national y compris la communauté algérienne à l'étranger. Au niveau national, le corps électoral est de 20.673.875, soit un taux de 95,43%, alors que la communauté algérienne à l'étranger est de 990.470, soit un taux de 4,57%. La répartition est de 11.772.792 hommes et 9.891.553 sont femmes. Quant aux participants, 44 partis politiques, dont 21 nouvellement agréés depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi organique relative aux partis politiques en février dernier, sont engagés dans la course à la députation. Selon le ministère de l’intérieur , le nombre de listes de candidats officiellement retenues après expiration des délais de recours judiciaires est de 2.038 pour un total de 24.916 candidats (avant le recours 25.800) contre 12.200 en 2007 Pour ce qui est la répartition des listes, les listes déposées sous l'égide des partis politiques sont au nombre de 1.852, dont 50 par alliances, alors que le nombre de listes indépendantes sont de 186. Le niveau universitaire, bien qu’en légère augmentation par rapport à 2007(44%) est extrêmement faible, 52% du taux des candidats ayant un niveau universitaire pour les législatives de 2012 et sur ces 52%, en majorité licence dont on connait le bas niveau actuel, le niveau supérieur ne dépasse pas les 10%. Qu’en est-il des programmes ?

L’ensemble des programmes reprennent mes idées développées depuis plus de 10 années insistent sur l’après hydrocarbures. En effet, en 2012, 98% les exportations sont représentées par les hydrocarbures et 75% des importations pour couvrir les besoins des ménages (important paradoxalement important même pour plusieurs centaines de millions de dollars de l’essence sans plomb et du gasoil) et des entreprises publiques et privées, dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%. Car l’Algérie aura épuisé ses réserves de pétrole dans 16 ans et 25 ans pour le gaz conventionnel tenant compte des couts, des énergies substituables face aux nouvelles mutations énergétiques mondiales, de la concurrence et surtout de la forte consommation intérieure, souvent oubliée dans les projections (ratio de 60/70% des exportations horizon 2015/2020 pour le gaz), lorsque la population algérienne approchera 50 millions. Or, la majorité des candidats versent dans l’hystérie, oubliant l’essentiel des problèmes à résoudre, voyant la main de l’extérieur partout comme facteur de déstabilisation alors que le mal est en nous, donnant de leçons de nationalisme version chauviniste alors que personne n’a le monopole du nationalisme. Le véritable nationalisme se mesure à la fois par la moralité et la capacité des algériens à accroître ensemble la valeur ajoutée locale se fondant sur la valorisation de la connaissance. Hélas, le fondement de la gouvernance de 1963 à 2012 repose sur une ressource éphémère que sont es hydrocarbures et les réserves de change, richesse virtuelle, estimée au 31/12/2012 par le rapport du FMI du 23 avril 2012 à 205,2 milliards de dollars.

La télévision algérienne a vibré de joie devant ce miracle alors que ce n’est que l’effet de la rente et non du travail. Ces programmes promettent d’augmenter le SMIG à 40.000 dinars par mois, d’abaisser l’âge à la retraite, de faire baisser les prix, d’aller vers l’utopie de l’autosuffisance alimentaire, de créer des millions d’emplois, de mettre fin aux harragas, de résoudre définitivement la crise du logement, de dépolluer les villes notamment l’oued El Harrach, de faire venir des millions de touristes. Alors que toutes ces propositions vont à contrecourant de ce qui se passe même dans les pays développés confrontés à une crise durable. Comment feront ces candidats sans vision stratégique en ce monde en dépression où toute nation qui n’avance pas recule forcément ? Ne vivent-ils pas sur une autre planète en voulant vendre des illusions auxquelles personne ne croit?

Programmes déconnectés tant des réalités locales que mondiales

La majorité des partis n’aborde la nature du système politique rentier, mu par l’unique dépense monétaire, source de blocage, certains voulant nous faire revenir à l’ère soviétique. La majorité des partis politiques n’aborde pas le rôle de l’armée et des services de sécurité dans le cadre d’un Etat de droit, l’ANP venant de faire savoir qu’elle ne voulait plus de la dénomination de «muette» voulant être traitée comme une institution de la république, ni d’ailleurs le rôle de la femme dans la société signe de la vitalité de toute société.

La majorité des programmes, surtout les partis ayant eu la charge de la réalisation(FLN-RND-MSP) n’aborde pas le bilan (impacts économiques et sociaux réels) du pré plan 2001/2003 qui a nécessité 7 milliards de dollars de dépense publique, du plan 2004/2009 de 200 milliards de dollars et celui de 2010/2013 qui nécessitera 286 milliards de dollars sont 130 de restes à réaliser pour des projets non terminés de 2004/2009. Qu’en est des impacts sur le taux de croissance, du taux de chômage (emplois productifs et non les emplois improductifs - rentes) du taux d’inflation réel (que l’on comprime par des subventions mal ciblés et mal gérés), supposant une analyse fine de la répartition du revenu national et du modèle e consommation par couches sociales.

La majorité des programmes n’aborde pas le rendement de nos réserves de change estimées à 188 milliards de dollars dont 90% sont déposés à l’étranger en bons de trésor américains et environ 50% en obligations européennes avec des taux de rendement faibles, voire nuls tenant compte du taux d’inflation. et surtout de la sécurité de ces placements avec de la crise de l’endettement des Etats.

La majorité des programmes ne fait une quantification précise et datée de l’origine des recettes des projets que veulent réaliser les candidats et des impacts des dépenses continuant dans l’ancienne politique de l’illusion de la rente par le versement de salaires sans contreparties productives toujours grâce à la rente des hydrocarbures.

La majorité des programmes n’analyse pas les liens ente l’extension de la sphère informelle qui contrôle 40% de la masse monétaire en circulation et 65% des segments des produits de première nécessité et ses liens avec la corruption qui se socialise. On ne combat pas la sphère informelle et corruption par des lois mais par la mise en place de nouveaux mécanismes de régulation, de fonctionnement de la société se fondant sur un Etat de droit, plus de moralité dans la gestion de la Cité, et une justice véritablement indépendante. Les candidats évitent d’aborder les différents scandales financiers qui ont secoué la société ces dernières années et concernant la majorité des départements ministériels.

La majorité des programmes n’aborde pas les enjeux futurs de l’Algérie à savoir la mise en place de véritables réformes structurelles afin de rendre l’économie plus compétitive et moins dépendante des hydrocarbures. Or les réformes à venir seront douloureuses, nécessitant des ajustements sociaux douloureux et donc un sacrifice partagé supposant de concilier l’efficacité économique et une profonde justice sociale. Cela renvoie à la refonte de l’Etat du fait que le blocage actuel est d’ordre systémique.

A lire la majorité des programmes on a l’impression que l’Algérie est une ile déserte, loin du monde. L’on n’aborde pas avec sérénité les impacts de la mondialisation sur l’économie algérienne notamment les Accords signés par l’Algérie le 1er septembre 2005 pour une zone de libre échange avec l’Europe et les impacts de son adhésion à l’organisation mondiale du commerce. Dans ce cadre l’avenir économique de l’Algérie n’est-il pas au sein du Maghreb pont entre l’Europe et l’Afrique, peu de programmes abordant ce sujet stratégique.

En résumé, après 50 ans d’indépendance politique, tout ce beau monde veut sa part de rente et immédiatement quitte à aller vers un suicide collectif. L’erreur politique est d’avoir augmenté les rémunérations des députés à 300.000 dinars par mois, pour une soumission, pour lever uniquement la main sans corrélation avec le travail accompli expliquant le désintérêt de la population à qui l’on demande des sacrifices. Après 50 années d’indépendance l’on continue d’instrumentaliser le sigle du FLN propriété de tout le peuple algérien. Après 50 années d’indépendance, comme si l’Algérie était stérile, alors que les compétences algériennes émergent sous d’autres cieux plus propices, la majorité des programmes, pour ne pas dire la totalité, sont dépourvus de cohérence de réalisme et d’opérationnalité versant dans des discours creux. L’Algérie a besoin d’un discours de vérité. La population algérienne surtout notre jeunesse parabolée est beaucoup plus consciente des enjeux et des réalités mondiales que les candidats et les partis qui semblent déconnectés des réalités. Et c’est ce qui explique les craintes justifiées du ministre de l’Intérieur.

Abderrahmane Mebtoul, professeur des Universités et expert international en management stratégique

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Commentaires (6) | Réagir ?

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khelaf hellal

Il faut aussi que les retraités de mon pays cassent le sytème des retraites et des pensions dorées des gens de la Nomenklatura et des députés eux-mêmes. Il y a une grande injustice qui se trame sous nos yeux et pour laquelle ils vous demande d'aller voter pour la confirmer et vous enfoncer encore plus. Il faut se réveiller chers compatriotes et réagir par l'abstention massive. "Soyons réalistes, demandons l'impossible ", clamait le Che. Luttons pour l'abolition de ce système politique archaique et anachronique par l'abstention massive au scrutin du 10 mai prochain.

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R A M E S S E S II

J'ai essayé de comprendre comment fonctionne le processus de réalisation d'un projet en Algérie.

Depuis l'idée qui germe d'un Algérien, d'une association ou autre, je vous donne un exemple, j'au lu le projet de nettoyage de Oued El harrach, on a prévu A travers de grands travaux d’aménagements sur les deux rives de l’oued, il y aura six terrains de sport gazonnés ouverts au grand public, des aires de plaisance mais aussi une maison de l’environnement asiatique, un musée Afrique et une mosquée”, pour 38 milliards de da sur une distance de 19 km. Voila des projets qui peuvent apporter un plus au Harrachis si au moins le ministre au lieu de d'une mosquée, d'un musée, des aires de plaissance pourquoi pas lancé un appel pour élargir les idées pour utiliser cet argent à bon escient. Pourquoi attendre 50 ans pour déicder à dépolluer l'oued el Harrach, cette eau qu'on pompe à partir du barrage Taksebt en Kabylie qui est lui même pollué par les eaux usés des villages limitrophes kabyles; à quoi bon d'avoir réaliser un barrage de cette cappacité si on ne sait pas faire un assainissement aux environs immediats.

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