Guinée-Bissau : les putschistes créent un conseil de transition

Les chefs militaires, auteurs d'un coup de force en Guinée-Bissau, ont instauré dimanche un conseil de transition qui entérine de fait leur prise de pouvoir condamnée par la communauté internationale.

Les soldats ont fermé toutes les stations de radio privées de la capitale et ont dispersé des opposants qui s'étaient rassemblés pour dénoncer le putsch mené jeudi soir, entre les deux tours de l'élection présidentielle. Les chefs de l'armée avaient convoqué au cours du week-end les représentants des différentes formations politiques du pays pour discuter de la formation d'un gouvernement de transition et l'organisation d'élections.

La perspective proposée par les soldats était apparue impossible à réaliser lorsque le PAIGC, principale organisation politique du pays qui détient deux tiers des sièges au parlement, avait opposé un refus qualifiant les demandes des soldats d'anticonstitutionnelles. Après deux jours de discussions, la vingtaine de formations politiques qui avaient accepté de négocier avec les putschistes ont accepté de constituer "un conseil national de transition" dont la composition et les compétences n'ont pas encore été définies.

Tous les corps constitutionnels existants ont été dissous, a indiqué Fernando Vaz, porte-parole des partis. Un président intérimaire et un Premier ministre vont être nommés après de nouvelles réunions afin d'assurer cette période de transition jusqu'aux élections.

Le PAIGC ne participait pas à ces négociations. L'ancienne colonie portugaise, l'un des pays les plus pauvres de l'Afrique de l'Ouest, possède une ancienne tradition de coups d'Etat, de révoltes et de malversations politiques. Jeudi, des militaires avaient arrêté le président par intérim Raimundo Pereira et l'ancien Premier ministre Carlos Gomes Junior, arrivé en tête lors du premier tour de la présidentielle et qui faisait figure de favori pour le second tour prévu le 29 avril. Environ 300 manifestants, brandissant une pancarte avec l'inscription "Assez de violence" ont défilé jusqu'à l'Assemblée nationale dimanche avant d'être dispersés par les soldats qui les menaçaient de leurs armes.

Les opposants ont scandé des slogans pour le rétablissement de l'ordre constitutionnel et pour la libération de Gomes Junior, chef de file du PAIGC. Les soldats ont par ailleurs investi les locaux de trois stations de radio privées à Bissau afin de les empêcher de diffuser des commentaires critiques à leur égard.

Visés par les condamnations de la communauté internationale, les putschistes ont diffusé un communiqué dans lequel ils affirment vouloir "oeuvrer à créer les conditions nécessaires pour un rapide rétablissement de l'ordre constitutionnel et par dessus tout un climat de paix et de sécurité".

Reuters

Plus d'articles de : L'actu en Algérie et ailleurs

Commentaires (0) | Réagir ?