Le candidat président français Nicolas Sarkozy courtise les harkis

Nicolas Sarkozy pointant le doigt sur une carte de l'Algérie.
Nicolas Sarkozy pointant le doigt sur une carte de l'Algérie.

Le candidat président Nicolas Sarkozy a officiellement reconnu samedi la responsabilité historique de la France dans l'abandon des harkis, combattants musulmans au service de la France, après la fin de la guerre d'Algérie en 1962.

La guerre des mémoires se poursuit en pleine présidentielle. Franco-française cette fois. Entre le Front national et l’UMP. Le parti de Marine Le Pen a appelé à manifester contre la venue de Nicolas Sarkozy au camp harki de Rivesaltes (sud de la France). L'enjou ? les voix des harkis à la présidentielle. A une semaine du premier tour de cette élection, le candidat Nicolas Sarkozy met son habit de président pour user de ses dernières cartouches afin de récupérer les voix des harkis et pieds noirs. Il a ainsi attendu la dernière minute pour tenir une de ses promesses faite en 2007. Les harkis ont donc dû attendre la veille de l’élection présidentielle pour entendre la déclaration du président et néanmoins candidat.

"La France devait protéger les harkis de l'histoire, elle ne l'a pas fait. La France porte cette responsabilité devant l'histoire, c'est cette responsabilité que je suis venu reconnaître ici", a déclaré M. Sarkozy lors d'un discours dans le sud de la France. "La France doit, comme elle l'a toujours fait, regarder son Histoire en face et assumer les erreurs qu'elle a pu commettre. En l'occurrence, rien ne peut expliquer, rien ne peut excuser l'abandon de ceux qui avaient fait le choix de la France", a insisté le chef de l'Etat.

Le président Nicolas Sarkozy s'exprimait après une visite - une première pour un président en exercice - du camp de Rivesaltes, où de nombreux harkis ont été parqués à leur arrivée en France en 1962.

Et après ?

Les membres de la communauté harki ont accueilli avec prudence ce geste. "C'est un premier pas, a confié Nordine Abid, responsable d'une association de harkis, mais gare aux effets de manches, le combat continue. Il avait cinq ans pour le faire et il vient à une semaine des élections, a grogné, amer, Mohammed Bounoua, c'est notre bulletin de vote qui l'intéresse, pas nous."

La reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français dans l'abandon des harkis est la principale revendication des anciens supplétifs de l'armée française en Algérie et de leurs descendants, une communauté de quelque 500.000 personnes. Le 9 mars, Nicolas Sarkozy avait déjà reconnu devant leurs représentants les injustices dont les autorités françaises s'étaient rendues coupables à leur encontre et reconnu que la France avait une dette envers eux.

Son adversaire à l'élection présidentielle des 22 avril et 6 mai, le socialiste François Hollande, s'était engagé le 6 avril à reconnaître la responsabilité de la France dans l'abandon des harkis s'il est élu. L'hommage rendu aux harkis est aussi politique. Au-delà de cette communauté, il peut toucher celle des rapatriés français d'Algérie, les pieds noirs, estimées à 3,2 millions d'électeurs potentiels, qui avaient largement voté pour Nicolas Sarkozy en 2007, mais qui accorde aussi nombre de suffrages à la candidate d'extrême droite Marine Le Pen.

Au lendemain des accords d'Evian du 18 mars 1962 consacrant le retrait français d'Algérie, 55.000 à 75.000 harkis, selon les historiens, ont été abandonnés en Algérie. Ces harkis avaient choisi de combattre aux côtés de l’armée française contre le FLN. Des ordres étaient venus des autorités françaises pour intimer aux officiers de l’armée française de ne pas emmener avec eux les harkis.

Quelque 60.000 ont été admis sur le territoire français, logés dans des camps de fortune du Sud du pays. Depuis 2001, une journée nationale d'hommage aux harkis commémore l'engagement des harkis pendant la guerre d'Algérie.

L.M/AFP

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