Arrestations d'islamistes en France : le Sarko-show bat son plein

Les arrestations spectacles ont toutes abouti à des libérations.
Les arrestations spectacles ont toutes abouti à des libérations.

En pleine campagne électorale, les vagues d'arrestations d'islamistes ont été filmées par des chaînes de télé. Un étrange hasard qui a crée la polémique.

Sur la vingtaine d'islamistes arrêtés à grand renfort médiatique, aucun n'est allé en prison. Ils ont tous été libérés puisque aucune chargé n'est retenue contre eux. Même les armes qui ont été trouvées, selon le ministre de l'Intérieur, chez ces interpelés ne constituent pas un délit.

La machine de la manipulation médiatique

Marseille, 4 avril, 6 heures du matin. Une nuée de journalistes talonnent les hommes du GIPN, caméra au poing, pour filmer l’arrestation d’un islamiste radical présumé. Ce même jour, dix personnes sont interpellées simultanément, partout en France, sous l’objectif de photographes et des perquisitions sont effectuées. Ces arrestations coup-de-poing menées de concert par le GIPN et le Raid visent des extrémistes au profil proche de Mohamed Merah, l’auteur des tueries de Montauban et de Toulouse.Des individus isolés, repérés sur des forums islamistes, qui se seraient rendus ou auraient projeté de se rendre en Afghanistan et au Pakistan. "Parce qu’il a une petite barbe, qu’il porte la djellaba, qu’il va à la mosquée faire la prière, on dit qu’il est violent, ça y est, c’est un terroriste !" proteste le père d’un jeune homme de 28 ans arrêté à Roubaix, stupéfait que les policiers aient défoncé la porte sans « toquer ».

La veille de ce coup de filet médiatique, plusieurs rédactions sont averties par leurs informateurs et priées de se tenir prêtes. Même procédé cinq jours plus tôt pour l’interpellation de membres de Forsane Alizza, un groupuscule salafiste. Neuf d’entre eux ont été depuis écroués pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, acquisition, détention et transport d’armes. Dans une note interne, citée par Le Canard enchaîné, la rédaction en chef de l’Agence France-Presse écrit le 30 mars à 10 h 16 : "Le plus gros sujet aujourd’hui est le coup de filet dans les milieux islamistes pour lequel les autorités avaient prévenu les journalistes dès hier pour lui donner un impact maximal."

Un plan médias orchestré par le candidat Nicolas Sarkozy, en pleine campagne ? Revenir aux fondamentaux, brandir l’épouvantail du péril islamique, voilà qui pourrait mettre K-O François Hollande. Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant – qui a annoncé dans la foulée l’expulsion de cinq islamistes vers leur pays d’origine – dément toute opération de communication. Mais, à gauche comme à droite, on s’enfonce dans la brèche. François Bayrou (MoDem), Clémentine Autain (Front de gauche) et Florian Philippot, le directeur de campagne de Marine Le Pen, s’interrogent sur cette "publicité", dix-huit jours avant le premier tour. "Peut-être aurait-il fallu le faire plus tôt et c’est étonnant que ce soit juste après l’affaire Merah mais il faut évidemment le faire, tacle Martine Aubry sur France Info, moi je suis pour la fermeté, pas pour le spectacle, et je suis toujours choquée de voir que les télévisions sont là." François Rebsamen, pressenti pour être ministre de l’Intérieur si Hollande l’emporte, ajoute : "Les trente heures de télé sur l’assaut du Raid, la médiatisation autour de Merah, n’ont pas joué autant que voulu pour Sarkozy, qui a pris 0,5 à 1 point dans les sondages. Là, il s’agit de frapper les esprits, de montrer qu’on agit." "Sur l’affaire Mohamed Merah, on nous avait expliqué qu’il n’avait rien fait, et comme on était dans un état de droit, on ne l’avait pas arrêté, moque un député PS. Ce qui justifiait hier l’inaction de la DCRI [Direction centrale du renseignement intérieur] apparemment n’est plus vrai aujourd’hui."

Après la première vague d’arrestations, Nicolas Sarkozy avait admis qu’il existait un "contexte". Depuis l’affaire Merah, les policiers sont sous pression. "Les chefs ont insisté pour qu’on “tape” un vendredi [le 30 mars, NDLR], nous dit un enquêteur de la Sous-direction antiterroriste [Sdat]. D’habitude, on fait ça le lundi, pour nous laisser le temps de mener à bien les quatre jours de garde à vue prévus en cas de terrorisme." Ces coups de filet, Christophe Rouget, du Syndicat national des officiers de police (Snop), les justifie : "Est-ce qu’il ne faut pas donner un coup de pied dans la fourmilière pour éviter d’autres Mohamed Merah ? Ce genre d’affaire crée des vocations, et, parfois, il vaut mieux les tuer dans l’oeuf. Mais nous sommes contre la présence de caméras sur les lieux de l’opération."

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Commentaires (1) | Réagir ?

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ali chemlal

Après avoir mené "en bateau" le peuple français, dilapidé le trésor, d' ou une dette considérable,

soutenu financièrement la classe la plus aisée, "enfoncé " d'avantage les travailleurs les plus démunis, il ne lui restait plus, que de jouer la comédie, sur la sécurité, en faisant du tapage médiatique, sur l'arrestation de quelques pauvres bougres, considéré comme de méchants islamistes à cause de leurs barbes. De toutes manières, le candidat président, provocateur, manipulateur est fini.