L’ancien président Ahmed Ben Bella est décédé
Le premier président de l’Algérie indépendante (1962-1965), Ahmed Ben Bella, est décédé mercredi à Alger à l’âge de 96 ans, a appris l’APS auprès de ses proches.
Ahmed Ben Bella qui est décédé à son domicile familial à Alger, avait été admis, rappelle-t-on, à deux reprises, il y a plus d’un mois, à l’hôpital militaire d’Aïn Naadja, suite à un malaise. C'était en février dernier, des informations sur son état de santé très critique et son décès avaient circulé à Alger. Mais après un séjour en soins intensifs à l'hôpital de Aïn Naadja, il est rentré chez lui.
Parcours d’Ahmed Ben Bella
Ahmed Ben Bella est né dans une famille de paysans, le 25 décembre 1918, à Maghnia. Après des études secondaires à Tlemcen, il fait son service militaire en 1937. Démobilisé en 1940, il sera rappelé en 1943. Adjudant des Tabors au 14e RTA, il participe à la campagne de France et d'Italie. Il s'illustre aussi à Monte Cassino. A son retour en Algérie, il rejoint le PPA/MTLD et gravit rapidement les échelons. Conseiller municipal en octobre 1947, il est candidat à l'assemblée en avril 1948. Responsable de l'Organisation spécial dans la région de l'ouest, il remplacera par la suite Aït Ahmed à la tête de cette organisation. Arrêté en mai 1950, il est condamné à deux ans de prison. Il s'évade en mars 1952 et gagne le Caire puis devient membre de la délégation extérieure du MTLD. Ahmed Ben Bella sera en désaccord avec Abane Ramdane sur le congrès de la Soummam qu'il avait dénoncé. Le 22 octobre, l'avion dans lequel il voyageait avec Mohamed Khider, Boudiaf, Aït Ahmed et Mustafa Lacheraf est arraisoné par l'armée française. C'est le premier acte de piraterie de l'histoire moderne. Ben Bella passera le reste de la guerre d'indépendance d'abord en prison puis dans plusieurs châteaux français en compagnie des autres leaders. En 1962, il donne sa caution politique au clan d'Oujda composé essentiellement de membres de l'état-major général, à leur tête le colonel Houari Boumediene et de quelques ministres du GPRA, déçus par Benkhedda.
Ici avec Boumediene, du temps de leur entente.
A la suite d'une guerre entre les maquisards de l'intérieur et l'armée de l'extérieur, Ahmed Ben Bella sera élu le 19 septembre président de la république pour un an. Mais au bout de quelques mois, la coalition qui l'a aidé à prendre le pouvoir éclate. Le colonel Mohand Oulhadj, Aït Ahmed, le colonel Sadek, Yaha Abdelhafidh crééent le FFS en septembre 1963. Mohamed Chaabani entre en dissidence au sud. Un maquis est monté aussi dans le Constantinois par les fidèle de Boudiaf. Ferhat Abbas démissionne de son poste de président de l'Assemblée. Mohamed Khider rejoint l'opposition dès l'hiver 1963. Ahmed Ben Bella durcit son régime et envoie en prison un grand nombre d'anciens responsables de la révolution dont Boudiaf, Boubnider, le commandant Azzedine. Les relations avec son ministre de la Défense Houari Boumediene se dégradent. Au printemps 1965, Ben Bella entame un rapprochement avec les maquisards du FFS. Un accord est conclu et rendu public le 16 juin 1965. Trois jours plus tard, Boumediene, Bouteflika, Ali Kafi, Medjeli et d'autres commettent un coup d'Etat contre Ben Bella.
Ce dernier est envoyé en prison pour 14 ans par le nouveau homme fort de l'Algérie. "Il ne s’attendait pas à être trahi par Boumediène", selon son biographe Mohammed Benelhadj. "Il est incarcéré dans des conditions sévères surtout de 1965 à 1969, poursuit ce proche. Ses geôliers n’ayant pas le droit de lui parler, il récitait le Coran pour entendre le son de sa propre voix", selon M. Benelhadj. "L’idée était de le pousser au suicide". D'ailleurs Boumediene renvoyait toutes les personnalités qui venaient intercéder ou demander des nouvelles de Ben Bella.
Ben Bella remonte la pente après son mariage en prison en 1971 avec une journaliste, Zohra Sellami, avec laquelle il adopte deux filles, Mehdia, restée près de lui, et Noria. Plus tard, il adopte Alilou, un garçon tétraplégique, âgé aujourd’hui de 32 ans et installé en Espagne près de Noria.
C'est Chadli Bendjedid désigné par l'armée pour prendre la présidence à la caserne de l'Enita à Bordj El Bahri, qui le libère en octobre 1980. En mai 1984, Ben Bella fonde le Mouvement démocratique algérien. Et se réconcilie avec Hocine Aït Ahmed en 1985 en concluant avec lui les "accords de Londres", une plate-forme de l'opposition algérienne. Un accord sans lendemain cependant. Le 29 septembre 1990, Ahmed Ben Bella rentre en Algérie et tente de relancer le MDA. Sans succès. L'Algérie a changé.
A l'arrivée de Bouteflika au pouvoir en 1999, Ben Bella lui octroie son soutien total. En 2007, il devient président des Sages de l'Union africaine chargés de la prévention et de la résolution des conflits.
Yacine K.