Merzak Allouache et les convoitises impérialistes pour l’inféodation de l’Algérie
Le Tribeca Film Festival fondé en 2002, par Jane Rosenthal, Robert De Niro et Craig Hatkoff en réponse aux attaques du 11 Septembre 2001 sur le World Trade Center à New York, est mobilisé par l’association américano-qatarie pour influencer le développement des révolutions arabes et la déstabilisation de l’Algérie pour l’instauration d’une démocratie islamique inféodée.
Le Tribeca Film Festival est un festival du film fondé en 2002, officiellement par Jane Rosenthal, Robert De Niro et Craig Hatkoff en réponse aux attaques du 11 Septembre 2001 sur le World Trade Center à New York, pour remplacer le Tribeca quartier Lower Manhattan, en perte d’efficacité depuis la destruction du quartier par les attentats d’El Qaida. Il faut être naïf pour ne pas croire qu’il a été fondé pour accompagner la propagande américaine, pour la promotion de sa suprématie sur le monde, dans la perspective de la redéfinition de la nouvelle carte géostratégique, que celle-ci s’acharne à dessiner, suite à la fin de la guerre froide et son projet du grand Moyen-Orient incluant un Maghreb islamisé, sous contrôle et totalement inféodé. Officiellement la mission du festival est de "permettre à la communauté cinématographique international et le grand public de découvrir la puissance d’un film en redéfinissant l’expérience festival du film."
En réalité, il s’agit d’une sorte de multinationale culturelle, intégrée dans la dynamique de la mondialisation ultralibérale, façonnée et contrôlée par les forces impérialistes, notamment américaines. Le moment fort de son démarrage correspond aux années 2006 et 2007 où le Festival a reçu plus de 8600 films et projeté 1500 qui répondaient aux attentes des organisateurs de ce festival. Le programme comprend une variété de films, allant du documentaire au long-métrage de fiction ainsi que le court-métrage. Le Festival propose également des tables rondes avec des personnalités du monde du spectacle, choisis en fonction de leur disponibilité à collaborer avec les objectifs de ses organisateurs. Il est doté d’un programme de bourses Artistes dans lequel les artistes émergents ou déjà confirmés, retenus par son comité de sélection, peuvent en bénéficier à titre d’aide à la création cinématographique. Le festival attire désormais environ trois millions de personnes, y compris des célébrités, des mondes de l'art, du cinéma et de la musique et génère près de 600 millions de dollars chaque année. Son objectif stratégique, aussi bien à l’échelle planétaire que régionale, et particulièrement à destination du Moyen-Orient et du Maghreb est d’éclipser les festivals cinématographiques locaux des capitales arabes, notamment le Caire, Damas, Tunis, etc. Comme l’ont fait les grands multiplexes cinématographiques, qui ont éclipsé les salles d’art et d’essais des quartiers. Cela, pour neutraliser l’émergence d’un contre-discours à la propagande américaine en empêchant les artistes locaux, qui résistent à l’expansion de l’hégémonie impérialiste, d’être visibles et audibles.
C’est dans cette perspective que les Américains ont organisé avec les autorités qataries le Doha Tribeca film festival. Dans sa version qui s'est déroulée le mois d'octobre 2011, Merzak Allouache s’est vu décerner le prix du meilleur long métrage arabe pour son film « Normal ! » d’une valeur de 100 000 $, qui lui a été remis par le cinéaste syrien Mohamed Mallas, président du jury. Le président du jury syrien et le prix décerné à un Algérien sont un signe hautement symbolique aux artistes et intellectuels arabes et particulièrement syriens et algériens de rejoindre l’association américano-qatarie pour une collaboration active et rémunérée. Lors de la remise du prix, le jury à précise explicitement que ce film a été choisi pour sa capacité à "exprimer avec courage ce qui se passe dans les pays arabes et à dévoiler la répression". Cependant, pour éloigner les soupçons sur cette collaboration rémunérée, Merzak Allouache a feint de dédier son prix de 100 000 $ à la lutte du peuple syrien, qui a été largement médiatisé. L’imposture de cette diversion montre la gêne occasionnée à Merzak Allouache par cette collaboration honteuse, dont il voulait se laver les mains par ce geste désespéré. Car, à moins d’être dupe, tout le monde sait que le Qatar et les Américains sont très proches de la résistance syrienne, à qui ils accordent un soutien logistique et diplomatique conséquent, et que ceux-ci n’ont que faire des 100 000 $ offerts par Merzak Allouache.
De la vraie rémunération de Merzak Allouache pour cette salle besogne on ne saura évidemment rien. Tout ce que l’on sait, c’est que Merzak Allouache n’est pas arrivé au festival sur simple invitation. Son film Normal ! est un véritable film de propagande, qui lui a été commandé par l'Institut du Film à Doha (IFD) au milieu de l’année 2011, en pleine effervescence révolutionnaire des peuples arabes, certainement pour contribuer à la déstabilisation de l’Algérie et faire la promotion de l’islam wahhabite, dans la perspective d’instaurer une démocratie islamique, sous le "label" d’un islam "modéré", comme cela c’est produit dans les autres pays arabes où les révolutions ont abouti. Cela ne peut être autrement, car, on imagine mal comment le Qatar, une théocratie archaïque puisse soutenir un projet de film progressiste, qui fait la promotion d’une véritable démocratie avec tout ce que cela implique comme transitions vers la citoyenneté, la liberté de conscience, l’égalité de la femme avec l’homme, etc. Le film de propagande demandé à Merzak Allouache devrait naturellement correspondre à la propagande à l’œuvre sur les chaînes satellitaires El Jazzera et El Arabiya, qui œuvrent depuis leur création à la promotion du wahhabisme à l’adresse du monde arabo-musulman.
Cette commande a été mise à exécution par Merzak Allouache dès le mois d’août 2011, pour être fin prêt dans les délais impartis, afin qu’il soit présenté à Doha Tribeca film festival prévu pour le mois d’octobre de la même année. Étant donné les délais très courts pour la conception et la réalisation d’un long-métrage, Merzak Allouache profite sur l’occasion pour exploiter un film tourné en 2009 et qui s’est soldé par un échec, en le remaniant pour la circonstance. Il dira, lors du débat organisé au cinéma l’Épée de bois à Paris le mardi 3 avril 2012, que le film Normal ! est le résultat d’une actualisation d’un film, qu’il avait déjà réalisé en 2009, et dont il n’était pas content. Il s’agit d’"une fiction qui prenait le deuxième festival panafricain d’Alger de 2009 comme décors et comme prétexte, qui consisté à placer les acteurs au milieu de la parade et voir, comment ils vont évoluer." Puis, de préciser : "Après cet échec, j’ai créé donc avec les mêmes acteurs ce personnage de réalisateur de cinéma qui fait son autocritique par rapport à une période qu’il considère comme dépassée." La réélaboration du premier film consistait donc "à introduire une scène représentant un débat dans un appartement, où les acteurs du premier film jouent le rôle des personnages qui n’ont pas aimé ce premier film, et discutent sur son éventuelle réécriture. La discussion a bifurqué sur d’autres choses, sur le présent politique, qui les intéressés plus." En vérité, Merzak Allouache, qui était sous les ordres de ses mécènes, devrait obéir à leurs directives, à savoir actualiser le film par rapport à la nouvelle situation politique engendrée par les révolutions arabes et répondre à leurs attentes, c’est-à-dire, produire un discours subversif dans le but de déstabiliser le pouvoir algérien et faire la promotion des valeurs traditionnelles islamiques. Il apparaît évident que cette démarche cinématographique se prête facilement pour débiter un discours de propagande didactique, à partir du débat qui se déroule le long du film dans cet appartement et alterné par des séquences d’extérieur, tournées dans cette deuxième période pour compléter, adapter et rendre le propos du film cohérent et conforme aux attentes. Pour y parvenir, le film sera divisé en deux principaux volets.
Le premier, ne souffre d’aucune ambiguïté. Le propos est clair et le jugement précis et explicite. Il y développe un discours radical contre le pouvoir en place en incitant le spectateur à se révolter. Il s’agit du rejet du pouvoir politique algérien, responsable des désarrois de la jeunesse et de la société en général. Pour ce faire, l’accent sera mis sur la liberté d’expression, par la mise en scène du dynamisme créatif des jeunes, qui est entravé par la censure bureaucratique. Les jeunes créateurs sont confrontés à une censure principalement orientée vers la production d’une image positive de l’Algérie. Alors que le cadre de vie dans lequel évoluent ces jeunes est décrit d’une façon très laconique, ce qui rend sa perception plus tragique. C’est un cadre de vie inhospitalier. C’est l’image d’un pays en décadence. Le cadre bâti est en ruine, l’espace collectif est en état de délabrement avancé et inondé d’ordures. La pauvreté est signalée par la présence de la mendicité dans la rue. Les ménages se débrouillent avec ce qu’ils peuvent pour confectionner un repas. La prostitution s’exerce dans un "bordel" à ciel ouvert. Le chantage par la violence est évoqué comme unique moyen de coercition dans la régulation des rapports entre pouvoir et société. Devant cette déliquescence, le pouvoir semble démissionnaire. Sa présence n’est manifestée que par le bruit assourdissant d’un hélicoptère dans le ciel d’Alger, qui effectue une surveillance sans relâche de la population. La pression permanente qu’il induit rend difficilement audible toute possibilité de débat. Dans un ton didactique, le film incite le spectateur à la dénonciation de cette démission du pouvoir et la répression qui la soutient, d’une part, et à l’action, par les manifestations et les marches pacifiques de contestation, d’autre part. Il propose explicitement d’imiter les procédés de la « cyber révolution » à travers les réseaux sociaux, (Facebook, You tube, etc.), qui ont prévalu pendant les révolutions arabes. L’objectif recherché est évidemment la demande de changement du système du pouvoir, qui doit déboucher sur la normalisation politique, par l’instauration d’un régime démocratique.
Si pour le premier volet, le propos ne souffre aucune ambiguïté et le jugement est très précis, pour le deuxième, il en va autrement. Dans ce deuxième volet, Merzak Allouache s’attaque frontalement à la question du conservatisme de la société. Par une mise en scène très maîtrisée, il déploie un discours sur le sujet, qui est très ambigu et très subtil, par un procédé descriptif qui suspend le jugement, de manière à se laisser interpréter selon une double grille de lecture. Un procédé très efficace, qui lui permet, d’une part, de satisfaire l’attente de ses mécènes, et, d’autre part, de faire face à la critique. Deux grilles de lecture possibles sont ainsi offertes au spectateur, qui dépendent finalement de son degré d’émancipation des valeurs traditionnelles conservatrices. Ce ne sont pas deux grilles de lecture conflictuelles, mais additionnelles, qui se côtoient sans interférer l’une sur l’autre, à l’image de la ligne de démarcation qui sépare entre les conservateurs aliénés dans les valeurs traditionnelles et les modernistes qui participent de valeurs universelles évoluant dans des espaces distincts. Chacun trouve son compte d’une certaine manière. Merzak Allouche peut se targuer d’avoir réussi à satisfaire un double consensus opposé. Il ne peut, cependant, vendre argent comptant le caractère aberrant de cette suspension de jugement étriquée. La suspension du jugement peut apparaître dans certains cas d’une grande modernité esthétique, comme le fît Akira Kurosawa dans le film Rashomon, mais dans le cas de Normal !, il s’agit d’une suspension qui implique une orientation de lecture du film, implicite et non avoué. Comment ? Tout d’abord dans la scène du baiser. Car, c’est à partir de la question de la liberté de la femme et accessoirement de la consommation de l’alcool que Merzak Allouache pose le problème politique du choix de l’identité de l’État. La séquence du baiser dans la voiture, dans une tentative de médiation de la vie intime et amoureuse par sa représentation cinématographique. Le personnage de la réalisatrice voulant prendre la liberté de représenter cet acte au cinéma bute sur le refus de l’acteur de s’exécuter, prétextant qu’il était fiancé et que cet acte est contraire aux valeurs traditionnelles. Elle sera elle-même rattrapée par ce blocage, apprenant que son mari, qui est, lui aussi acteur, avait embrassé cette même femme, dans d’autres circonstances, ou elle n’était pas présente, pour les besoins de la fiction. Il faut rappeler que la femme qui se prête au jeu du baiser est une immigrée, qui est présentée comme très émancipée des valeurs traditionnelles, dont la scène ne lui pose aucun problème particulier. Cette scène présente en fait une double possibilité d’interprétation. La première est celle qui est relative à l’échec de la tentative d’émancipation des acteurs des comportements conventionnels admis, qui dénote le conservatisme exacerbé de la société. Le spectateur émancipé peut trouver cela courageux de la part de l’auteur, d’avoir dénoncé cet archaïsme de la société. Ils peuvent aussi considérer que l’immigrée, qui accepte de se prêter au jeu, est le contrepoint dialectique qui souligne le jugement de l’auteur.
On peut dire que Merzak Allouache s’en sort indemne jusque-là. Mais c’est la suite des événements qui vient remettre en question la sincérité de sa démarche et connoter son jugement par le caractère suspensif. D’abord, la mixité et la trop grande promiscuité des comédiens et des comédiennes dans l’appartement exigu où ils se trouvent, et où se déroule son « prêche », peuvent provoquer un sentiment de gêne chez un spectateur aliéné dans les valeurs conservatrices, qui était déjà contrarié par le fait qu’une femme puisse embrasser un homme dont elle n’était pas mariée. D’autant que le débat se déroule dans d’interminables conflits entre le couple concerné par le baiser, menaçant leur foyer d’implosion, alors que les autres personnages apparaissent très calmes et sereins. D’où la deuxième interprétation possible. Le message peut être compris comme une mise en garde à l’adresse du spectateur aliéné dans les valeurs conservatrices contre une trop grande déviation des préceptes de la tradition islamique, d’où le risque de mettre en péril la stabilité du foyer.
Quatre séquences, qui constituent l’ossature de ce deuxième volet du film, viennent illustrer la démarche de l’auteur et conforter son propos de mise en garde de la majorité écrasante de la société, qui est largement conservatrice, contre une trop grande déviation des préceptes de la tradition islamique. Le baiser avec tout ce qu’il implique comme menace sur le foyer, le rapport de la femme à l’art cinématographique et audio-visuel en général, la mixité, etc. La liberté de la femme en général, représentée par le personnage de l’immigrée, décrite comme émancipée. Cependant, son traitement dans le film peut être interprété par le spectateur conservateur comme une « dépravée ». Qui peut lui faire dire, voilà où mène la liberté de la femme, une prostituée en puissance. Cette possibilité d’interprétation est suggérée par l’auteur en la mettant en scène monter en voiture avec deux inconnus et conduite vers un "bordel" à ciel ouvert sur la corniche de Tipaza. Alors, que dans les scènes précédentes, elle était représentée comme amoureuse d’un autre garçon. Pour accentuer son propos, l’auteur montre son ex-amoureux à la fenêtre d’un appartement, le regard dirigé vers le bas, en plongée sur la rue, observant l’arrivée d’un cortège de mariage et n’exprimant aucun sentiment sur son visage. Cependant, on peut à peine entrevoir sur son visage une lueur émotionnelle, pouvant orienter le regard d’un spectateur conservateur vers la conclusion que seul le mariage traditionnel conforme aux préceptes de l’islam peut sauver la fidélité et la stabilité du couple. Deux autres scènes construites sur le même principe et visant au même résultat viennent étayer la proposition de lecture du film selon deux grilles d’interprétation possibles.
La consommation de l’alcool, qui est la cause de l’éclatement du foyer. Un alcoolique se retrouve seul après que sa femme et ses enfants l’ont abandonné, ou alors, l’émancipation par la liberté de consommation de l’alcool. Les jeunes qui veulent prendre la liberté d’imiter des comportements occidentaux, se retrouvent à faire de la mauvaise musique dans des postures de drogués, perdant le sens de la famille et égarés dans des lieux marginaux. Merzak Allouache peut se défendre, qu’il n’est pas responsable de cette deuxième possibilité de lecture du film, qui peut être considérée comme négative par la critique, en avançant l’argument suivant : que c’est plutôt la société elle-même, qui est conservatrice, qui est responsable sur cette interprétation. C’est là ! ou se trouve justement son ambiguïté et le caractère suspensif de son jugement. Qui peut apparaître ainsi, mais en réalité il n’en est rien. La confirmation flagrante de son intention, guidée par les conditions de ses mécènes est sans appel. Car, si la pression du pouvoir est ressentie en permanence dans le film, par la présence de la surveillance policière sur la société, représentée par la présence permanente d’hélicoptères de l’armée dans le ciel d’Alger, avec un bruit assourdissant, qui vient rendre inaudible toute possibilité de débat libre, il en va autrement pour la représentation de la pression de la religion. Celle-ci est quasi absente du film et à aucun moment le spectateur ne la ressent comme une gène ou un quelconque obstacle a sa liberté. Excepté une seule fois pendant le débat dans l’appartement, où l’on entend un appel à la prière, assez doux d’ailleurs et très agréable même, fonctionnant comme un son subliminal, qui la fait sentir au spectateur, plutôt intégrée à l’imaginaire comme une normalité.
Au fond de lui-même, Merzak Allouache semble déprimé, car il est conscient de la position détestable dans laquelle il s’est lui-même placé. Il s’est enfermé en quelques sortes dans un sentiment de culpabilité qui le pousse presque vers la paranoïa. On le voit dans ses différentes interventions, où il apparaît très confus et contradictoire, allant jusqu'à adopter des attitudes agressives et affabulatoires. Il dira, par exemple, lors du débat organisé à Paris le 03 avril, que "je n’ai jamais vécu ça avec mes films, et là !" évoquant le débat qui s’est déroulé à Oran lors du FOFA, "les journalistes se sont comportés avec moi, comme s’il y avait une espèce de tribunal pour répondre à leurs injonctions." Son attitude laisse croire, que dans sa paranoïa, il tente de projeter son sentiment de culpabilité sur les journalistes algériens. Il dira à Oran, à ce propos : "Je n'aime pas vos écrits, je sais pourquoi vous écrivez et je sais pour qui vous travaillez". À Paris, ses injures deviennent plus caractérisées encore : "Les journalistes sont des larbins, des relais, des portes voix de cette censure bureaucratique, ils n’aiment que manger, ils viennent aux festivals, juste pour bouffer". Par contre, il ne dit pas un mot sur la production journalistique qui propose des contres discours critiques envers le discours dominant. Il met toute la profession dans le même sac. Il va jusqu'à dire "qu’il y a un clientélisme qui s’est installé au niveau de toute la société sans exception." Il est tellement troublé par cette posture, qu’il ne cesse de se contredire à chaque occasion de prise de parole, d’une façon très grossière. Par exemple, pendant le débat qui s’est déroulé à Paris, il disait que les hostilités, dont il a fait l’objet à Oran, n’étaient ni contre le film, ni contre lui, ce qui était visé, c’est que l’on n’accepte pas l’idée qu’un film puisse être fait d’une manière libre et autonome par de jeunes créateurs. Alors que dans une interview qu’il a donnée sur la chaîne satellitaire El Arabya, il disait que ces hostilités étaient plutôt contre le film et surtout contre lui. Il est tellement troublé qu’il a été jusqu'à qualifier les Algériens de racistes. C’est une perte totale des réalités. Sa confusion d’esprit le pousse même à confondre entre cinéma expérimental, dont il qualifie son film, pour ensuite le qualifier dans d’autres circonstances de documentaire et de cinéma vérité. Cette confusion esthétique, entre deux types d’esthétiques cinématographiques aux antipodes l’une de l’autre, révèle sa gêne, vis-à-vis, du caractère propagandiste de son film, correspondant à la commande de ses mécènes de l’IFD qatari, pour un objectif précis, contre une rémunération onéreuse. Le film de propagande est caractérisé par la recherche de l’adhésion du spectateur à la morale déployée par le film et son conditionnement à réagir selon un objectif prédéterminé. C’est à cela, que le film Normal ! invite l’écrasante majorité des spectateurs, qui sont aliénés dans les valeurs conservatrices islamiques, d’y adhérer et de participer activement à l’instauration d’une démocratie islamique selon les vœux de ses mécènes.
De son vivant, un grand artiste a toujours été un mal-aimé de ses contemporains. En même temps qu’il est admiré, jalousé, envié et adulé dans la solitude et l’anonymat, en même temps il est craint pour sa capacité à démasquer et à pénétrer en profondeur dans les aspects les plus ténébreux de son époque et par son audace et son courage à les dénoncer. Par un consensus implicite et complice, il est l’ennemi à abattre. Hai, persécuté, injurié, vilipendé, affabulé pendant l’accomplissement de son art, ce n’est qu’une fois mort, que son cadavre devient exquis. Propre aux louanges. Il devient soudainement ce visionnaire, qui fait honneur à la nation, la grandit et le fait grandir à son tour à titre posthume. Car, il véhicule par son art tout ce qu’il y a de haïssable chez ses contemporains. Hypocrisie, mensonge, servitude, arrogance, lâcheté, conservatisme et toutes sortes de laideurs, qu’il parvient à transformer par son art en beauté, laissant place à des perspectives heureuses. Merzak Allouache a raté cette occasion. D’ailleurs, il n’a jamais réussi à atteindre l’essence de l’Art avec son médiocre cinéma. Il est en train de finir sa carrière d’amuseur public, en larbin des Qataris, le fétiche des Américains, pour accomplir les salles besognes.
Youcef Benzatat
Commentaires (12) | Réagir ?
Bonjour Monsieur Moncef Alaoui ! je ne crois pas que Monsieur Nachabe Madih, Monsieur Farid Hamid et tutti quanti comme vous dites ressentent la nécessité ou le besoin de se rabaisser et répondre au niveau de correction de votre langage obscène et doivent certainement être occupés à méditer la souffrance de 35 millions d'enchaînés parmi les leurs. Quant à moi, je ne peux que vous souhaiter d'aller vous cultiver un peu ça va peut être contribuer à l'inhibition de votre bestialité.
Honnêtement, je n'ai pas pu lire cet article dans son intégralité tant il transpire une médisance gratuite et injustifiée. Monsieur Benzaatat ne fait que confirmer cette façon obsessionnelle que Nous algériens avons de vouloir péter plus haut que, non seulement notre propre c... mais encore plus haut que celui de tous ses compatriotes. Un peu d'humilité nom de Dieu !
Je ne suis pas critique de Cinéma, mais de nombreux films de Merzak Alloucahe ont parlé à l'algérien lambda que je suis.
Mais s'il y a une chose que je retiens de ce Monsieur, c'est son intervention sur un plateau de télévision quand Matoub avait énoncé de façon claire nette et précise : je ne suis pas Arabe et je ne suis pas obligé d'être Musulman. Merzak est allé dans le sens de cette assertion en affirmant : Matoub a raison !
De telles positions courageuses valent mieux que 10. 000 articles, critiques ou discours !