Les bombardements et combats se poursuivent en Syrie
Le cessez-le-feu en Syrie prévu par le plan de l'émissaire international Kofi Annan semblait mardi mort-né à la date butoir fixée par l'ONU, militants et ONG faisant état de nouveaux bombardements par les forces du régime, notamment dans le nord, et des combats avec des rebelles.
Qui était naïf pour croire que Bachar Al Assad allait respecter le plan Annan ? Personne. Fou, obtu et sûr de son pouvoir, le tyran de Damas poursuit le bain de sang contre son peuple avec la bénédiction sino-russe. L'armée bombardait en début de matinée de mardi une localité de la province d'Alep et des quartiers la ville de Homs (centre), alors que le plan de paix de M. Annan prévoyait le retrait des chars et des troupes du régime de Bachar Al-Assad, qui tente d'écraser dans le sang la révolte depuis plus d'un an.
Les villes qui tentent encore de résister au régime sont devenues des champs de ruines. Les populations massacrées, torturés ou en fuite, maisons éventrées, les rues sont devenues quasi fantomatiques. L'odeur de la mort se mélange à la poudre. L'armée syrienne encercle des quartiers entiers pour les passer au canon, oubliant que les populations d'en face sont tout aussi syriennes que ces hommes qui appuis sur la détente. La folie d'un clan, d'une famille, les Al Assad, est en train de détruire un pays.
La localité de Mareh était bombardée par les chars, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), tandis qu'un militant sur place, Abou Omar, a indiqué à l'AFP que des familles fuyaient les lieux. De violents combats se déroulaient entre armée et rebelles dans la province de Deraa (sud) et six soldats ont été tués dans une attaque dans la région de Hassaka (nord-est). L'armée bombardait violemment le quartier de Khaldiyé à Homs, troisième ville du pays et menait des perquisitions et des arrestations à Kafarzita, dans la province de Hama (centre), déjà bombardée lundi soir par des hélicoptères.
Quelques heures avant l'expiration du délai fixé par l'ONU, le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a lancé un dernier appel au régime pour qu'il cesse ses attaques, alors que 105 personnes, en grande majorité des civils ont été tuées lundi selon l'OSDH.
"La chronologie pour la cessation complète de la violence entérinée par le Conseil de sécurité (de l'ONU) doit être respectée par tous sans aucune condition", a ajouté M. Ban, faisant référence aux nouvelles exigences formulées récemment par Damas. Avant même la reprise des violences, les Etats-Unis ont estimé lundi que Damas n'a fait "aucun signe jusqu'ici" pour montrer le respect de ses engagements en vue d'un cessez-le-feu.
Le régime de Bachar Al-Assad avait accepté le plan Annan, avant d'exiger comme préalable des garanties écrites sur l'arrêt des violences commises selon lui par les rebelles, qu'il assimile à des "terroristes". Les insurgés ont renvoyé la balle au régime, se disant prêts à respecter le cessez-feu si Damas faisait de même.
Selon le plan Annan, un cessez-le-feu total devait intervenir 48 heures après le retrait de l'armée des villes, mais cette perspective est désormais improbable avec la reprise des violences. Selon les militants et des analystes, le pouvoir à Damas adopte une politique dilatoire pour gagner davantage de temps face aux pressions.
Lors d'un rassemblement nocturne dans le quartier damascène de Jobar, des manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles était écrit: "Donnez-lui encore des délais, il y a des enfants qui n'ont pas encore été tués". "La tactique du régime, c'est "on dit 'oui' mais on pense 'non'". Ils acceptent le plan Annan puis commencent à rajouter des petits détails, des clauses supplémentaires", affirme à l'AFP Fabrice Balanche, directeur du centre français de recherche Gremmo. "C'est une manière de gagner un peu de temps". En renvoyant la balle aux rebelles, "Bachar al-Assad peut ainsi dire 'Moi j'accepte le plan, ce sont les autres qui refusent'", ajoute-t-il.
Les experts estiment toutefois que cette tactique n'est pas viable à terme. Pour Salman Shaikh, directeur du centre Brookings Doha, Damas "ne peut pas continuer à mentir à jamais. Le plan Annan a échoué mais le régime est encore plus isolé. (Il) pense qu'il gagne du temps mais il est assis sur un volcan".
Tirs sur la Turquie
A la frontière turque, la tension est brusquement montée lundi entre les deux voisins après que des tirs en provenance de Syrie ont fait des blessés sur le sol turc, à la veille de l'arrivée de M. Annan, qui doit visiter ce mardi des camps de réfugiés syriens dans le sud de la Turquie.
>Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a haussé le ton mardi, estimant qu'"il s'est produit une très claire violation de la frontière". "Nous prendrons évidemment les mesures nécessaires", a-t-il ajouté, sans préciser lesquelles. Selon Ankara, quelque 25.000 Syriens se sont réfugiés sur son territoire depuis l'éclatement d'une contestation hostile au président Bachar al-Assad le 15 mars 2011.
Un journaliste tué
Le Liban qui soutient qui reste l'un des derniers soutiens arabes avec l'Irak vient de connaître sa première victime du régime syrien. Les tirs en provenance de ce pays ont atteint une équipe de télévision libanaise, dans le nord du Liban. La mort d'un caméraman a provoqué un tollé dans le petit pays, longtemps sous tutelle syrienne qui a réclamé une enquête à Damas.
Selon l'OSDH, les violences ont fait plus de 10.000 morts depuis la mi-mars 2011 et plus de 100.000 personnes sont ou ont été détenues pendant cette période
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