François Hollande pose un lapin à Belkhadem
Cendrillon a dû déchanter, ce vendredi. Le petit prince n'est pas venu.
Belkhadem l'a avoué avant d'entamer sa conférence prévue dans le cadre du colloque organisé par Marianne, au théâtre de la Criée à Marseille, à l'occasion du 50ème anniversaire du cessez-le-feu en Algérie (19 mars 1962) : il ne cautionne pas les thèmes débattus dans les différentes tables rondes programmées. S’il a daigné faire le voyage de Marseille, c'était parce qu’on lui avait fait miroiter un débat public co-animé par le virtuel président de République française, François Hollande, autour du thème : "Méditerranée, une histoire commune ?"
A l'époque où le riche programme concocté par Marianne, El Khabar et France Inter sortait du laboratoire, Mohamed Merah n'était encore qu'un obscur voyou de la Côte-pavée à Toulouse. Pas encore un hideux et haïssable criminel. Mohamed Benchicou, journaliste, écrivain et authentique démocrate n'avait pas encore envoyé sa supplique (son injonction?) à Hollande pour qu'il refuse de partager une tribune avec Belkhadem, qu'il tient pour l'un des principaux artisans du désastre algérien.
Les organisateurs de ces trois jours consacrés à l'Algérie, violemment et bruyamment contestés par les rapatriés, harkis et autres gros bras du Front national, présents devant la salle à l'ouverture des débats ont annoncé Manuel Valls comme suppléant du candidat socialiste à la présidentielle. C'était compter sans l'embrouillamini discursif qui prévaut en ces temps de campagne. Quel homme politique français oserait après l'équipée assassine de Merah s'afficher au côté d'un parfait produit du sérail algérien, un représentant qui se veut BCBG des corrompus et des corrupteurs. Plus grave, le chef de file, tapi dans l'ombre, des mollahs algériens. Le rêve suprême de Belkhadem est de substituer la loi coranique à la Constitution algérienne.
Démagogue et populiste à souhait, il avait pris, souvenez-vous-en, la tête de la curée intégriste et nationaliste qui avait fait barrage au retour d'Enrico Macias, invité par Bouteflika, dans son pays l'Algérie. Cela, sous le fallacieux prétexte qu'il serait sioniste. Enrico Macias est tout simplement un de ces humains normaux qui estiment que l'Etat d'Israël a le droit d'exister. Que l'Etat de Palestine a le droit d'être. Enrico, maître de la musique arabo-andalouse serait-il raciste ? Rien n'est moins sûr. Belkhadem, serait-il antisémite ? C'est certain, il l'a lui-même clamé à maintes reprises à l'époque où il avait pris la tête de la croisade contre le chanteur de Constantine.
Manuel Valls, prévu comme sparing-partner du fondamentaliste ex-premier ministre algérien, Belkhadem en l'occurrence, en lieu et place de Hollande, se trouvait à Marseille, dans un café situé à 20 mètres de La Criée, où l'attendait le chef très contesté du très contestable FLN. Il débattait, gentiment, avec des Marseillais pur jus, futurs électeurs de Hollande. Interpelé sur son absence au côté de Belkhadem, il arguera qu'il n'était pas au courant de sa programmation.
Les faux culs se bousculent au portillon du monde politique. C'est connu. Il en a été ainsi de Belkhadem qui a assené à l'assistance venue l'écouter un discours soporifique sur la communauté de destin des peuples méditerranéens. Ces peuples, n'omettra-t-il pas de signaler ont souffert, à travers les siècles, de guerres de religions, principalement. Il cite, pêle-mêle, les croisades, la Reconquista, le prosélytisme catholique actuellement... Les Croisades se poursuivent toujours, croit-il malin de préciser. Chemin faisant, il a allégrement, sauté une case; les conquêtes islamiques en Afrique du nord et dans le sud de l'Europe. L'islam, pour le barbefln Belkhadem est indemne de tout reproche. Il ne faut surtout pas, recommande-t-il, lui accoler le mot terrorisme qui serait selon ce brillant observateur un phénomène universel. Ce docteur ès-mauvaise foi, s'aventurant sur l'un des terrains préférés de Sarkozy, parle de l'immigration. Plus précisément, de l'immigration choisie, une trouvaille du président français. Il trouve ce dispositif traître. Il aurait saigné l'Algérie en en exfiltrant des dizaines de milliers de cadres. Les cadres du FLN se laveraient-ils le visage à l'urine ? Que n'ont-ils jamais rien fait pour retenir, au pays, ces inestimables ressources humaines ? Ceux qui sont restés, en Algérie, savent qu'ils ne sont pas estimés. 40 à 45% de diplômés de l'enseignement supérieur algérien sont au chômage.
Omar Belhouchet, directeur d'El Watan, en invité surprise à la tribune du représentant du FLN, l'apostrophe : "N'est-ce pas une fuite en avant, monsieur Belkhadem, que de faire porter le chapeau de la faillite économique algérienne aux Européens ?" La réponse de l'ex-Premier ministre sera à la mesure de l'inanité dominante depuis 50 ans au pays : l'Algérie a construit des écoles, des collèges, des universités, elle a réalisé un grand tissu industriel, promu une agriculture performante etc.
Que du bois! 60% de l'économie algérienne est informelle. Ce n'est pas la rumeur qui le dit, ce sont les agences mondiales d'analyse économique. Le pays est à terre, le FLN allié à ses sbires de l'alliance verte (les islamistes radicaux) prétend rester debout. Un Monsieur à la chemise rouge, Texas de son pseudo obtient la parole : "M. Belkhadem, Boudiaf, fondateur du FLN s'il en est, a proclamé à son retour du Maroc, avant son assassinat resté à ce jour non élucidé, que le FLN était à remiser au musée". L'intégriste en chef de l'ex-parti unique assène à la salle un sourire narquois en guise de réponse. Le FLN postindépendance est une imposture. Saïd Sadi déclare dans le dernier numéro du magazine Marianne que "c'est bien à cause de lui que l'Algérie, pays d'Afrique du nord le plus réfractaire au fondamentalisme, à contaminer la région."
Saïd Sadi, particulièrement remonté cette fois-ci, poursuit : "La congélation politique du système en place depuis 1962 constitue la 1ère menace géopolitique en Méditerranée occidentale et dans la zone sahélo-saharienne."
L'affaire Merah est venue, à point nommé, rappeler aux Français et à leurs politiques combien le flirt répété et consenti avec l'islam radical peut s'avérer dangereux. Il est temps que tous ceux, de ce côté-ci de la Méditerranée, qui ont jusque-là couvé les intégristes musulmans et leurs complices avérés que sont les partis de l'alliance au pouvoir en Algérie se rendent compte que le régime algérien, c'est encore Sadi qui le dit, "ne constitue pas un rempart contre l'islamisme radical. Il en est le géniteur et le tuteur. Depuis 50 ans le système reniant l'Etat de droit et l'universalité, a choisi l'islamo-populisme contre la démocratie."
François Hollande a posé un lapin à Belkhadem. Son porte-parole Valls a fait de même. Nous nous surprenons à rêver que cette louable défaillance préfigure la nique que, demain, les vainqueurs du scrutin présidentiel qui se profile, feront aux brutes qui gouvernent l'Algérie. Qui l'ont livrée aux maquignons, aux pillards, aux mollahs.
Méziane Ourad
Commentaires (11) | Réagir ?
La conclusion m'inspire le voeu, peut-être pieu, que les Algériens fassent une révolte tranquille en ce 10 mai prochain en leur posant un lapin historique qui les rapetissera dans leurs flagorneuses gloires.
Vu le niveau élevé de nos ministres, je vois mal comment Monsieur Hollande va s'en sortir devant Si Belkhadem, ironie du sort de trouver ceux qui mentent à leur peuple face à face à ceux qui leur vendent des illusions.