Retour au calme après les combats entre les Soudan nord et sud
Aucun combat n'a été signalé mercredi à la frontière entre les deux Soudans, après deux jours d'affrontement entre leurs armées, Khartoum envoyant notamment un ministre dans la zone pétrolière de Heglig qu'il dit avoir reprise la veille aux troupes sud-soudanaises.
Les négociateurs des deux pays, qui s'accusent chacun d'être à l'origine des hostilités, doivent se retrouver jeudi à Addis Abeba pour des discussions, programmées avant que les combats n'éclatent lundi. A Heglig mercredi, deux chars calcinés et trois cadavres gisant au sol témoignaient encore des combats pour le contrôle de cette zone située à 15 km de la frontière, à l'intérieur du territoire soudanais mais revendiquée par le Soudan du Sud, a constaté un journaliste de l'AFP.
Juba avait annoncé lundi avoir conquis Heglig, après avoir contre-attaqué à une incursion soudanaise et à des bombardements sur son territoire, dans l'Etat frontalier d'Unité. Les autorités soudanaises avaient affirmé elles avoir répondu à une offensive "à l'arme lourde" contre un champ pétrolier "à l'intérieur du territoire soudanais". Heglig est exploité par le consortium GNPOC, détenu à 40% par le chinois CNPC.
Khartoum avait assuré le lendemain avoir repris Heglig, dans une inquiétante escalade militaire entre les deux voisins, qu'une guerre civile ayant fait deux millions de morts a opposés pendant plus de vingt ans, avant des accords de paix en 2005 ayant débouché sur l'indépendance du Soudan du Sud en juillet dernier.
"Heglig et sa région sont complètement sécurisées", a affirmé le commandant de la zone, Bashir Meki, au ministre soudanais du Pétrole Awad Ahmed al-Jaz, alors que de la fumée s'élevait d'une maison endommagée par les combats des deux jours précédents.
Le porte-parole de l'armée sud-soudanaise Philip Aguer a de son côté indiqué à l'AFP que cette dernière s'était "retirée" de Heglig, sans plus de précision. "Les communications sont difficiles avec nos troupes à la frontière, mais aucun nouveau combat ne nous a été rapporté aujourd'hui" mercredi, a-t-il déclaré. "Nos forces sont prêtes à répondre à toute agression", a-t-il prévenu. Aucun bilan des deux jours de combats au sol, les plus graves depuis l'indépendance proclamée par Juba, n'était disponible.
Appels à retirer les troupes de la frontière
L'aviation soudanaise avait lancé dans la nuit de mardi à mercredi un nouveau raid contre l'Etat frontalier d'Unité, en territoire sud-soudanais, le troisième depuis lundi, a indiqué mercredi matin à l'AFP le ministre de l'Information d'Unité, Gideon Gatpan. Mais Khartoum a assuré mercredi qu'il "n'allait effectuer aucun bombardement sur le territoire sud-soudanais".
Le sous-secrétaire soudanais aux Affaires étrangères, Rahamatalla Mohamed Osman, qui doit représenter Khartoum jeudi à Addis, a estimé que ces affrontements pourraient mener de nouveaux pourparlers entre les deux pays dans une impasse. Son homologue sud-soudanais, Pagan Amum, a de son côté dit espérer que les discussions de jeudi aboutissent "à la cessation des hostilités" et fassent "en sorte que n'éclate pas une nouvelle guerre entre les deux pays".
Le sommet prévu début avril à Juba entre les présidents soudanais Omar el-Béchir et sud-soudanais Salva Kiir et destiné à faire avancer les différends majeurs entre les deux voisins - revenus pétroliers et zones frontalières contestées - semblait néanmoins compromis.
Juba a assuré que l'invitation restait valable malgré les combats, mais M. Béchir a suspendu lundi son déplacement à Juba. La communauté internationale a multiplié les pressions pour arrêter l'escalade. L'Union africaine a appelé mercredi Khartoum et Juba à "retirer leurs forces à 10 kilomètres de la frontière" de chaque côté, et à "cesser de soutenir les forces rebelles opérant sur le territoire de l'autre pays".
Les combats ont par ailleurs empêché environ 1.700 Soudanais du Sud vivant dans le nord de rejoindre leur nouveau pays, selon l'ONU. Le sort des 300 à 500.000 Soudanais du Sud encore au nord est une autre source de tensions entre les deux pays. Khartoum a donné jusqu'au 8 avril à ceux qui le souhaitent pour quitter son territoire, un délai impossible d'un point de vue logistique, selon l'ONU.
Avec AFP
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