Syrie : plus de 76 personnes tuées dans les violences
Trente-deux personnes, dont 18 civils, sont mortes dimanche en Syrie dans des assauts menés par les troupes régulières contre des villes rebelles et dans les combats qui ont fait rage entre des militaires dissidents et l'armée syrienne, selon des militants et une ONG.
Rien que samedi ce sont une quarantaine de victimes civiles qui ont été signalées par des sources syriennes de l'opposition. Pour la journée de dimanche. Dans la province de Damas, un groupe de déserteurs a tiré des roquettes à l'aube sur des centres de la sécurité militaire et de la sûreté d'Etat à Nabk, 80 km au nord-est de la capitale, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Mohammad al-Chami, un militant sur place, a affirmé que des combats avaient en outre opposé soldats et déserteurs toute la nuit et jusqu'aux premières heures de la journée, notamment à Douma, à 13 km au nord-est de la capitale syrienne, où un jeune homme a été tué selon l'OSDH.
Alors que la révolte populaire entamée le 15 mars 2011 se militarise, les affrontements ont pris de l'ampleur et gagné la capitale. Dans la région de Hama (centre), l'OSDH a fait état de cinq civils tués au cours de bombardements et de tirs de roquettes de l'armée sur les localités de Mourk et Latamna.
A Homs (centre), les comités locaux de coordination (LCC, opposition) ont évoqué de nouveaux bombardements sur plusieurs quartiers notamment Khaldiyé, Bab Houd et Hamidiyé. L'OSDH a recensé cinq civils tués dans la province, dont un enfant dans la ville de Homs même et une fillette à Rastane.
A la frontière avec la Turquie, la localité d'Aazaz dans la province d'Alep (nord), continuait d'être pilonnée selon les LCC. Deux déserteurs ont été tués à Aazaz où se déroulent des affrontements avec des soldats de l'armée régulière qui font usage de mitrailleuses lourdes et de roquettes de mortier.
Dans la province d'Idleb (nord ouest), sept civils, dont trois enfants, ont été tués à Saraqeb et dans le village de Kaframim, par les troupes qui ont incendié les maisons de dizaines de militants en fuite. Des déserteurs ont commencé à se retirer de Saraqeb, a indiqué l'OSDH, basée à Londres. Dans la province de Deraa (sud), des chars sont entrés dans la localité de Nawa au milieu de tirs nourris des soldats qui se sont affrontés aux déserteurs, selon les LCC et l'OSDH. Trois soldats et six militaires dissidents ont péri.
Un militant sur place, membre de l'Union des comités de coordination, Louaï Rouchod, a fait état de défections d'un grand nombre de soldats dans le sud de Nawa, suivies par des affrontements et l'entrée des troupes qui ont commis des assassinats barbares. Les LCC ont fait état à leur tour de défections suivies par un assaut de l'armée contre un quartier où les forces gouvernementales ont commis des actes de sabotage. Une explosion a touché un pont aux environs de Lajat, où sont regroupés de nombreux déserteurs. Des milliers de soldats et des dizaines de véhicules blindés ont pénétré dans la localité où ils ont fait face aux déserteurs, ont ajouté l'OSDH et le militant. Selon des vidéos postées par des militants, des manifestations anti-régime ont eu lieu en outre dans plusieurs villes de la province de Deraa, à Alep et à Idleb.
Human Rights Watch a accusé l'armée régulière d'utiliser des civils comme boucliers humains lors d'opérations d'arrestation, de perquisitions ou d'attaques sur des villes. L'organisation de défense des droits de l'Homme a cité plusieurs témoignages dont celui d'un homme arrêté à Idleb (nord-ouest). Les forces régulières nous ont fait monter dans des bus. J'ai regardé par la fenêtre et j'ai vu une trentaine d'habitants qui marchaient devant les chars, a-t-il rapporté. Samedi, 46 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans les violences
La mission de Kofi Annan s'enlise dans les sables diplomatiques
Depuis des jours que Koffi Annan ferraille pour faire bouger les lignes diplomatiques. En vain. Entre les promesses de Bachar al Assad vite démenties sur le terrain, les louvoiements chinois, et le soutien russe par ailleurs très intéressé au régime criminel de Damas, l'ancien SG de l'Onu peine à trouver une voie de sortie de crise. Le président russe Dmitri Medvedev a reçu l'envoyé de l'ONU et de la Ligue arabe pour la crise syrienne, Kofi Annan, dimanche à Moscou, affirmant que la mission de ce dernier pourrait être la dernière chance pour éviter une guerre civile.
"La mission de M. Annan est peut-être la dernière chance pour permettre à la Syrie d'éviter une longue guerre civile", a indiqué M. Medvedev. Se félicitant des efforts de paix de l'ancien secrétaire général de l'ONU, M. Medvedev a aussi déclaré que Moscou allait apporter son aide pour régler pacifiquement le conflit syrien. "Nous apprécions fortement vos efforts intermédiaires pour résoudre le problème syrien", a affirmé le président russe. Au cours de la rencontre, M. Annan a promis de s'efforcer d'assurer que l'aide humanitaire est acheminé à la région touchée par le conflit.
Plus tôt dans la journée, M. Annan a rencontré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Selon une déclaration du ministère russe des Affaires étrangères, M. Lavrov a profité de cette occasion pour appeler à mettre fin aux violences en Syrie et à établir un processus politique syrien. Rien de bien concret sous le ciel russe donc. Pendant ce temps des milliers de Syriens vivent sous la terreur d'une guerre civile qui ne dit pas son nom.
Sofiance Ayache/agences
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