"Madame se meurt, Madame est morte !" (1)

Malgré leur implication dans les luttes, les femmes sont reléguées par le pouvoir conservateur à des rôles secondaires.
Malgré leur implication dans les luttes, les femmes sont reléguées par le pouvoir conservateur à des rôles secondaires.

"Qui peut prévoir ce qu’apportera l’amour quand hommes et femmes auront en commun quelque chose de plus que des enfants, un foyer, un jardin, quelque chose de plus que l’accomplissement de leur rôle biologique ?" (2)

Normalement l’esclavage c’est du passé mais celui de la femme persiste malgré toutes les conventions internationales prônant la liberté et l’égalité de tous les êtres humains quelque soit leur sexe race et religion. Pendant que des pays envoient des femmes dans l’espace, d’autres les enferment entre quatre murs comme des bêtes dangereuses. Mais un être diminué peut-il avoir la capacité d’enfanter un être accompli : l’homme ? N’est-ce pas la femme qui porte l’enfant mâle lui donne le sein lui apprend à parler marcher et à l’âge adulte comme récompense, ce dernier rédige des lois légalisant l’infériorité de celle qui lui a tout appris.

Pour se justifier l’homme se réfère à la religion aux coutumes aux exigences économiques à sa force physique… Or quand la moitié de l’humanité est piétinée par l’autre, peut-on échapper à la loi du déséquilibre ? Principe des vases communicants : tu commences à m’écrases je finis par l’écraser. L’injustice est inhumaine dans le sens où l’être humain n’a pas les capacités de l’encaisser à long terme, d’ailleurs l’animal aussi. Et c’est dans les pays sous-développés que la femme subit son pire calvaire. Pour les économistes, lap condition féminine est l’une des causes essentielle de la pauvreté et de tous les maux qui frappent ces pays à la dérive. L’auteur du best-seller mondial « Les Prodigieuses victoires de la psychologie moderne. » Pierre Daco écrit : "La femme est la puissance occulte qui conduit le monde. L’idéal serait que cette puissance ne soit plus occulte et qu’elle soit conduite par l’être humain en général, sans considération de sexe… Les hommes sont si chatouilleux que tous leurs avantages naturels sont immédiatement traduits en termes de supériorité. Mais le besoin de domination n’est-il pas l’apanage des apeurés ?"

Pourquoi l’homme a-t-il peur de la femme ? Remontons au péché originel, c’est bien Eve qui a poussé Adam à manger la pomme d’où leur expulsion du Paradis. Adam continue à se méfier et d’avoir peur d’Eve ; n’est-elle pas la cause de son malheur sur terre. Prenons l’exemple d’un homme qui a commis un crime, il se justifie de cette façon face au juge : "C’est ma femme qui m’a poussé à le commettre !" Que va faire le juge ? Malgré sa misogynie et s’il est intègre, on le voit mal innocentant l’homme et condamnant la femme. Il y a complicité certes mais responsabilité aussi. Tous coupables ou tous innocents. Adam créé en premier, admirablement réussi, fort intelligent sage, écoute Eve, créée de ses côtes pour briser sa solitude. Dès le premier jour, elle arrive à le dominer au point de le pousser à commettre l’interdit. C’est la femme qui pense réfléchit ose et corrompt, l’homme apparait comme une créature dénuée de toute réflexion et de résistance. Dans son livre Hâdihi âs-Sâjara, Abbas Mahmoud al Akkad affirme : "Chaque trait du caractère moral de la femme est symbolisé de - l’arbre de l’immortalité-… Le faible pour les interdits résume les caractéristiques de la femme. Elle est souvent soumise, on lui interdit beaucoup de choses parce qu’elle est plus faible que son maitre. Elle est liée à lui par une relation de soumission et de rébellion. Elle ne se rebelle que pour revenir à une soumission plus profonde, plus délicieuse. La femme aime les interdits. Ce fait ne vient pas uniquement de ce qu’elle est faible et dépendante, mais de ce qu’elle est en proie au doute, obstinée et ignorante, cherchant à savoir ; aussi, parce que sa volonté est enchainée, elle ne supporte pas la patience face à la tentation et l’interdit… " En résumé, pour ce grand penseur, la femme aime les interdits et, comme on aime la femme, on la gave d’interdits. Un peu comme pour récompenser un voleur on lui offre les clés de la banque. Et si elle doute cherche s’obstine se rebelle n’est-ce pas là des qualités qui ont fait les grands hommes comme les savants et les révolutionnaires. Mais quelque soit la faute d’Eve, ses filles doivent-elles payer son erreur jusqu’à la fin du monde ? Parce que la misogynie puise ses racines du péché originel. Heureusement que le fruit défendu est la pomme considérée par la médecine excellente pour la santé de l’homme. "Si tu n’as qu’un seul arbre à planter, choisis le pommier", dit le proverbe populaire. Et le premier concerné, Adam, pas rancunier, a aimé Eve et lui a fait beaucoup d’enfants.

Inferieure à quoi ? Qu’est-ce que cela veut dire ? En ce qui concerne le cerveau, la science n’a pas trouvé une moitie chez l’un et le double chez l’autre. Comme il y a des degrés d’intelligence chez homme, il y en a autant chez la femme. La nature a été correcte et juste. Pour le corps, est-ce les muscles, la taille qui justifient cette infériorité. Dans ce domaine là comme pour la couleur de la peau des cheveux des yeux, chacun se justifiera à sa façon : "Ce n’est pas de ma faute. Je n’ai aucun mérite." Si Dieu avait voulu créer un être inferieur, il l’aurait fait autrement. Les statistiques prouvent que les bébés garçons meurent plus facilement parce que les bébés filles résistent mieux aux maladies. Adulte, la femme est mieux protégée que l’homme pour certaines maladies qui font des ravages chez le sexe fort comme les crises cardiaques. C’est aussi les hommes qui sombrent plus facilement dans la délinquance, la drogue, l’alcool… Et d’après les psys c’est la faiblesse, le manque de confiance en soi, le déficit de lucidité qui poussent les êtres humains à dégringoler la pente.

Inferieur à quoi ? C’est vrai qu’il y a plus de savants que de savantes mais n’oublions pas que ces dernières n’ont vu les portes de l’école s’ouvrir à elles que récemment. Dans un pays comme l’Amérique, il fallait attendre le combat d’Emma Willard qui a obligé la législature de l’Etat à reconnaitre l’instruction égale pour les femmes. Et ce n’est qu’en 1888 que les USA, poussés encore par une femme, Mary Lyon, ont reconnu officiellement une université pour les femmes. La femme a dû se battre faire des sacrifices parfois au péril de sa vie pour arracher ses droits les plus élémentaires. L’homme les a naturellement à la naissance. Que de temps perdu, d’efforts colossaux, de haine et de souffrance pour en arriver là. Même le grand Freud n’a rien compris, ses cobayes n’étaient que des malades venues consulter le psychanalyste. Il en a tiré de criminelles conclusions pour la moitie de l’humanité. Daco n’hésite pas à parler de bombe à retardement en ce qui concerne le travail de Freud sur les femmes : "Les théories de Freud se sont répandues comme un brouillard atomique…Le monde entier en a subi les conséquences : l’éducation, la sociologie, l’histoire…"

A cela il faut ajouter toutes les religions qui ont renforcé l’infériorité de la femme. Il ne suffit pas d’ouvrir les portes de l’école aux filles, il faut leur donner des programmes qui ne creusent pas le fossé entre elles et les garçons. Prenons l’histoire, cette matière semble frapper d’amnésie en ce qui concerne le rôle joué par les femmes dans le passé. Dans la quasi-totalité des manuels, les héros sont des hommes. Chez nous combien sont-elles, ces femmes qui ont combattu avec leurs frères et qui à l’indépendance se sont retrouvées derrière un fourneau ou jetées dans la rue sans aucune médaille ? Dans les livres de lecture, maman est à la maison en train de faire la cuisine et c’est papa qui travaille dehors et qui remplit le couffin. C’est aussi papa qui regarde la télé lit le journal pendant que maman tricote. Hérésie, si on inversait les rôles. Or il y a des mamans qui remplissent le couffin font la cuisine et parfois ont le temps de lire le journal.

Dans son livre Tahrir el Marâa (la libération de la femme), Kacem Amine, se révolte contre les habitudes et les idées qui dévalorisent la femme : "La non-reconnaissance de la nature féminine est un des aspects de la lâcheté masculine, un des états de celui qui n’a confiance ni en soi, ni en sa famille, ni en sa religion, ni en ses droits, ni en Dieu." Ce casseur de tabous s’interroge également sur le voile : "L’homme est-il plus faible que la femme pour demander à celle-ci de se couvrir et l’empêcher de la voir ?" Aucune société ne peut évoluer si sa moitie est maintenue sous la domination de l’autre en raison de l’épaisseur des muscles dont médicalement la contraction est à moitié involontaire et inconsciente. Une relation entre maitre et esclave est basée sur les ordres et l’obéissance rien de plus. L’amour exige l’équilibre de deux cœurs à égale capacité de donner et de recevoir. Là où il y a oppression, il y a haine insécurité révolte voire chaos.

Tous les jours les télés du monde entier nous renvoient l’image d’un monde arabe "unijambe" miné par ses inerties. Pour toute femme sacrifiée, il y a toujours un fils meurtri, un père malheureux, un compagnon désabusé…Et ces parmi ces derniers qu’on trouve les plus grands défenseurs de la cause féminine. Chez nous, l’anthropologue et historien, Mahfoud Bennoune, traumatisé à l’âge de 12 ans par la disparition de sa sœur ainée qui l’a élevé morte une année à peine après son mariage, se confie dans son livre, Les Algériennes : "Elle (ma sœur) avait donc vécu une année de malheur, de solitude et de cruauté qui ont fini par la tuer. Cette tragédie m’a induit à adopter une attitude critique vis-à-vis de ces pratiques sociales inhumaines. La deuxième expérience qui a contribué à ma prise de conscience de la position dégradante de la femme dans la société algérienne eut lieu durant mon emprisonnement pendant la guerre de libération… Et ce fut ma seconde grande amère découverte, ces prisonniers politiques, entassés dans les cellules de quatre mètres sur deux et dans des salles grillagées ayant pour seule lumière celle des lampes électriques, malgré leur solitude affective, leur soif de tendresse, la nostalgie de leurs femmes, de leurs filles, de leurs amies, à peine entrevues, ou simplement de femmes survivant dans les songes d’une humanité libérée, évoquaient dans leurs rêves, leurs discussions, l’idéal de la femme… cloitrée ! Comme si les femmes étaient exclues de cette libre humanité dont ils parlaient si bien. Captifs, ils persistaient à rêver de femmes captives : c’est à dire cloitrées au foyer." Et dire que ces prisonniers politiques, du moins certains, nous gouvernent depuis 1962 et continuent à le faire en veillant sur notre bien-être familial, et le leur... chez leurs anciens geôliers.

Mimi Massiva

(1) Bossuet

(2) Betty Friedan (La Femme Mystifiée)

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Khalida targui

C'est vrai que parfois j'ai l'impression d’être morte moi aussi, j'ai honte de sortir dans la rue sans voile, j'ai peur de tous mes frères et le pire c'est que je déteste les femmes de mon entourage autant qu'elles me détestent que Dieu ait pitié de moi !

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Notproud

Sur la photo on voit clairement une brave femme qui se bat contre un policier du régime pourri et en arrière on voit deux hommes, oui ce sont deux hommes qui appliquent la règle de l'autruche, si jamais la femme bat le soldat ils vont tout de suite prendre le drapeau et scander Tahya El Jaazair. Je vous laisse suivre ce lien pour voir la photo et lire le reste de l’article.

http://antihypocritesdz. blogspot. com/2011/10/quota-des-femmes-et-lachete-des-hommes. html

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