Les forces du régime syrien "nettoient Homs au canon
Sous le regard médusé d'une communauté internationale paralysée, l'armée syrienne est en train d'opérer une opération de liquidation collective de la population de Homs.
Le quartier rebelle de Bab Amro, à Homs, soumis à des bombardements incessants depuis 26 jours, était pilonné jeudi par la quatrième division armée, une unité d'élite fidèle au président syrien Bachar Al-Assad, rapportent les militants de l'opposition. Selon Mohaimen Al Rumaid, haut responsable de l'Armée syrienne libre (ASL) composée de déserteurs, au moins 7 000 soldats encerclent ce quartier hissé au rang de symbole de la contestation populaire du régime.
Assaut de grande ampleur
Les insurgés présents dans la ville ont affirmé avoir repoussé les forces fidèles à Assad, freinant leur progression, mais des diplomates occidentaux redoutent un assaut de grande ampleur. "Tous les signes qui nous proviennent de Homs montrent qu'ils tentent d'achever la ville", indique un haut diplomate occidental. Face à l'imminence d'une éventuelle attaque, Rumaid a admis que l'ASL, sous-équipée, était loin de l'emporter sur l'armée régulière mais qu'elle tenait bon jusqu'à présent face à l'artillerie lourde des forces gouvernementales. "Les combats d'infanterie se poursuivent. Nos hommes résistent toujours et l'armée d'Assad bombarde Bab Amro mais elle n'a pas progressé plus en avant dans le quartier", a-t-il dit. Il est difficile de confirmer ces informations de source indépendante en raison des restrictions imposées par le régime syrien aux médias indépendants.
La 4e division armée commandée par Maher Al-Assad, le sanguinaire frère du président, est réputée pour sa brutalité envers les opposants qui manifestent depuis plus d'un an contre le régime de Bachar al Assad.
L'agitation vaine de la diplomatie
L'émissaire spécial des Nations unies et de la Ligue arabe sur la crise en Syrie, Kofi Annan, a déclaré mercredi qu'il espérait pouvoir se rendre bientôt en Syrie et a exhorté Bachar Al-Assad à coopérer aux efforts menés pourmettre un terme aux violences dans le pays. Interrogé au cours d'une conférence de presse, sa première depuis sa nomination la semaine dernière, sur le message qu'il apportera à Damas, il a répondu : "Le message est clair : les massacres et la violence doivent cesser et les agences humanitaires doivent avoir accès (à la population) pour faire leur travail et il est regrettable que cela ne soit pas le cas." L'ancien secrétaire général de l'ONU a aussi souligné "la nécessité d'un dialogue entre tous les acteurs" de la crise syrienne "dès que possible". Estimant que sa mission était "une tâche très difficile, un défi ardu", il a fait valoir qu'il était "extrêmement important que tous acceptent qu'il n'y ait qu'un seul processus de médiation" en Syrie, "celui que l'ONU et la Ligue arabe m'ont demandé de conduire".
Face à la poursuite des violences, la France a annoncé que le Conseil de sécurité de l'ONU travaillait à une nouvelle résolution non contraignante sur la Syrie, dont les Etats-Unis ont rédigé les grandes lignes. Le projet de résolution demande que les agences humanitaires puissent accéder à plusieurs villes de Syrie et réclame la fin des violences, rapportent des diplomates occidentaux. "Je suis scandalisé par les informations selon lesquelles le régime d'Assad serait en train de préparer un assaut de grande ampleur sur les habitants de Homs", a déclaré jeudi le secrétaire au Foreign Office britannique William Hague.
Selon les Nations unies, la répression a fait plus de 7 500 morts dans la population civile depuis le début du soulèvement en mars 2011. Sans oublier, plus de 15000 disparus et des milliers de prisonniers (hommes, femmes et enfants) torturés. Les autorités syriennes imputent les violences à des "groupes terroristes armés" et font état de plus de 2 000 soldats et policiers morts depuis un an.
Avec AFP/Reuters
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