Cinq rue des Abderames,..
Un poème de Mohamed Benchicou écrit en prison à la mémoire de Hassiba Ben Bouali. Extrait du recueil de poèmes de prison « J'ai épousé la plus belle illusion de mon père » à paraître en novembre prochain.
Cinq rue des Abderames,..
J'irai humer dans ta nouvelle rue
Ce qui me reste de gloire
Mais j'ai peur d'y perdre pied,
Pèlerin abandonné
Dans une cathédrale chimérique.
Trouverai-je dans les derniers galets,
Si le doute venait à m'épuiser,
Ta cause pour m'y reposer
Et dans le ressac de la mer
Un sel de grandeur
Et un soupçon d'immortalité ?
Cinq rue des Abderames :
Notre orgueil porte une adresse.
Un laurier pour trois cadavres...
Cinq rue des Abderames.
C'est l'heure de la lune et du muletier,
Ta tête blonde contre deux chars
Tes vingt ans et la haine de Bigeard :
Néfissa arrête la fontaine,
La poseuse de bombe va mourir...
Cinq rue des Abderames..
Derrière cette porte, fils
A l'odeur d'un églantier,
Tu chercheras l'offrande de Hassiba
Entre les seins désespérés de la Casbah.
J'ai marché hier dans ta nouvelle rue
Pour marchander ma part d'éternité
Et j'ai égaré mon nom dans ton obscurité :
Hassiba, dans quelle éternité as-tu existé ?
Même Sidi Ramdane a oublié...
J'ai cherché ta cause pour me diriger
Mais un vent l'avait épousée,
M'a dit d'un nuage brisé,
Un moineau sans illusions.
Je me suis tourné vers la mer désabusée
Elle proposait sur une vague blasée,
A des touristes désespérés,
Quelques reflets agonisants
D'un vieux prestige oublié,
Une larme de Aziza Bent El Bey,
Le cri du dernier exilé
Et le dépit du premier corsaire.
Cinq rue des Abderames..
Notre errance vient d'une tombe abandonnée :
Il nous a manqué un jour d'humilité
Pour arroser le laurier
Et un instant de mémoire
Pour réparer la lampe du muletier.
Cinq rue des Abderames...
Il n'y a plus d'heure dans nos pendules
Après l'heure ultime :
La dernière sommation,
Le regard solitaire de Ali,
L'ultime caresse à P'tit Omar
Et le cri déchirant de Bab Edzira...
J'ai perdu, fils, l'heure où se féconda notre honneur,
Comment te dire le ventre qui enfanta nos rêves ?
Je n'irai plus dans ta nouvelle rue
Qu'ai-je à dire à cette foule orpheline
Vêtue de tes serments,
Et de la prophétie des Aurès,
Que j'ai vu implorer le néant,
Autour d'un soldat inconnu,
De la sauver de l'infini ?
Ne pourrais-tu, un jour
Allumer un réverbère sur nos doutes
Qu'on donne un âge à nos fiertés,
Un visage à nos illusions
Et un nom à nos mères ?
Prison d'El-Harrach, avril 2006
A la mémoire de Hassiba Ben Bouali
Ce qui me reste de gloire
Mais j'ai peur d'y perdre pied,
Pèlerin abandonné
Dans une cathédrale chimérique.
Trouverai-je dans les derniers galets,
Si le doute venait à m'épuiser,
Ta cause pour m'y reposer
Et dans le ressac de la mer
Un sel de grandeur
Et un soupçon d'immortalité ?
Cinq rue des Abderames :
Notre orgueil porte une adresse.
Un laurier pour trois cadavres...
Cinq rue des Abderames.
C'est l'heure de la lune et du muletier,
Ta tête blonde contre deux chars
Tes vingt ans et la haine de Bigeard :
Néfissa arrête la fontaine,
La poseuse de bombe va mourir...
Cinq rue des Abderames..
Derrière cette porte, fils
A l'odeur d'un églantier,
Tu chercheras l'offrande de Hassiba
Entre les seins désespérés de la Casbah.
J'ai marché hier dans ta nouvelle rue
Pour marchander ma part d'éternité
Et j'ai égaré mon nom dans ton obscurité :
Hassiba, dans quelle éternité as-tu existé ?
Même Sidi Ramdane a oublié...
J'ai cherché ta cause pour me diriger
Mais un vent l'avait épousée,
M'a dit d'un nuage brisé,
Un moineau sans illusions.
Je me suis tourné vers la mer désabusée
Elle proposait sur une vague blasée,
A des touristes désespérés,
Quelques reflets agonisants
D'un vieux prestige oublié,
Une larme de Aziza Bent El Bey,
Le cri du dernier exilé
Et le dépit du premier corsaire.
Cinq rue des Abderames..
Notre errance vient d'une tombe abandonnée :
Il nous a manqué un jour d'humilité
Pour arroser le laurier
Et un instant de mémoire
Pour réparer la lampe du muletier.
Cinq rue des Abderames...
Il n'y a plus d'heure dans nos pendules
Après l'heure ultime :
La dernière sommation,
Le regard solitaire de Ali,
L'ultime caresse à P'tit Omar
Et le cri déchirant de Bab Edzira...
J'ai perdu, fils, l'heure où se féconda notre honneur,
Comment te dire le ventre qui enfanta nos rêves ?
Je n'irai plus dans ta nouvelle rue
Qu'ai-je à dire à cette foule orpheline
Vêtue de tes serments,
Et de la prophétie des Aurès,
Que j'ai vu implorer le néant,
Autour d'un soldat inconnu,
De la sauver de l'infini ?
Ne pourrais-tu, un jour
Allumer un réverbère sur nos doutes
Qu'on donne un âge à nos fiertés,
Un visage à nos illusions
Et un nom à nos mères ?
Prison d'El-Harrach, avril 2006
A la mémoire de Hassiba Ben Bouali
Commentaires (2) | Réagir ?
Et nous jurons que l Algerie de Novembre 1954 ne sera jamais soumise a ses predateurs... qu ils soient despotes, corrompus ou islamistes sanguinaires.
Gloire a Nos Martyrs!
Allah yarham el chouhada, et Chapeau Monsieur Benchicou.