Une idée sur le concret chez le voisin marocain

Mohamed VI et Hillary Clinton.
Mohamed VI et Hillary Clinton.

"Mieux vaut allumer une bougie que de maudire les ténèbres". Lao Tseu

Après Alger où elle a été reçue avec les honneurs d’un chef d’Etat, par l’homologue, Mourad Medelci et ensuite par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui lui offre aussi un dîner, le tout sur une durée de quelques heures, mais elle embarque le soir même vers Rabat, la capitale du Maroc.

Une vraie visite de travail

Elle est reçue par un délégué de Sâadeddine Othmani, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération et l’ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, Samuel Kaplan. Celui-ci s’enquiert pour le dîner de la visiteuse qui lui rétorque "i have already dined in Algiers, thank you." Elle passera la nuit dans un hôtel particulier pour rencontrer le lendemain dimanche son équivalent et discuter des questions cruciales de coopérations suivies du problème sécuritaire dont Washington semble placer son dévolu sur la capitale chérifienne.

La dame ne parlera pas de tabouret magique ni de quelconque futé strapontin ou de projeter le devenir marocain pour le demi-siècle à venir. Mais tout simplement de la continuité de la démarche stratégique mixte qui est de faire profiter les entreprises marocaines des carnets d’adresse états-uniens dans le monde des affaires en Afrique ; depuis au moins une dizaine d’années de multiples rencontres intergouvernementales ont eu lieu à Rabat, Tanger, Casablanca et Marrakech pour établir le fameux Morroco Bridge qui permettra au Maroc d’interférer dans les intérêts américains en Afrique, si l’on a dans l’imagination ce que cela peut engendrer comme perspectives de développement pour le commerce et toutes les formes d’échange.

La vieille amitié à l’ordre du jour

Mais précisément la visite de Hillary Clinton au Maroc, pour ce dimanche du 26 février, a été inscrite depuis longtemps dans une feuille de route à travers laquelle il n’a pas été prévu un voyage sur Alger dans ce laps de temps. Selon une indiscrétion au ministère d’El Mouradia, l’"escale" à l’aéroport Houari Boumediene aurait été projetée à la dernière minute dans un aménagement de timing après sa rencontre avec le président Marzouki à Tunis.

Donc, l’ancienne première dame des Etats-Unis – pour ne pas dire du monde – est embarquée sur l’avenue Mohamed VI, autour de la route sur le Zaer, un prestigieux environnement dans la capitale, pour inaugurer l’immense projet de la nouvelle ambassade des Etats-Unis à Rabat. En vérité, un gigantesque complexe diplomatique et culturel – certainement économique et commercial aussi – étendu sur une superficie de plus de 14.000 mètres carrés, parmi les plus importants projets entrepris par le Département des affaires étrangères américain. Estimé à 150 millions de dollars, il sera construit par l’entreprise américaine, le BL Harbet International qui le livrera dans moins de trente-six mois.

Durant la cérémonie, le maire de Rabat – vous voyez déjà à quelle distance psychologique et linéaire n’évoluent pas les relations entre l’Algérie et les Usa – prend la parole en référant à l’Histoire, il dit : "Notre amitié est vieille de deux siècles et là c’est un symbole fort de la profondeur des relations entre les deux pays…" La Secrétaire d’Etat ajoute sur la lancée de l’édile : "Le royaume a été le premier à reconnaître l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique et la première propriété du gouvernement américain hors de son territoire a émané du Maroc, le centre culturel américain de Tanger, tout comme cet édifice de la nouvelle ambassade qui constitue pour nous une fierté."

Les intéressements mutuels

Hillary Clinton parle en réalité du musée de la Légation américaine de Tanger, à l’origine une demeure pittoresque offerte en 1821 par le Sultan du Maroc à la jeune république américain naissante. Elle a pendant longtemps servi comme siège de relais diplomatique jusqu’en 1956, puis consulat américain jusqu’en 1962. Finalement le monument historique, cinq étages et 45 pièces, est transformé en musée et centre culturel.

C’est pour dire, en toute objectivité, que presque toutes les visites officielles ayant eu lieu ces derniers temps dans ce pays voisin s’accompagnent de souci concret d’intéressement, en inauguration de réalisation importante ou en lancement de grands projets, comme par exemple récemment en septembre lorsque Nicolas Sarkozy et le roi Mohamed VI ont dressé ensemble la première pièce de l’édifice du Tgv Tanger-Casablanca pour le bon plaisir, entre autres, des vacanciers et des affairistes algériens, après sa mise en marche en 2013, une fois les frontières rouvertes, évidemment. Ou l’usine Renault qui, dès la vitesse de croisière dans sa production, ne manquera sans aucun doute pas d’alimenter l’autoroute présidentielle qui traverse la largeur de l’Algérie, de Ghardimaou à la frontière avec Oujda.

A remarquer les projets à foison dans cette cité méditerranéenne qui fait de l’ombre à Alger mais qui semble de plus en plus attirer l’attention des opérateurs économiques des quatre coins de la planète. A la façon de Marrakech dans le tourisme de la villégiature et des affaires.

Les observateurs qui regardent évoluer séparément les pays du Maghreb ne s’étonnent-ils pas a fortiori que l’Occident dans son ensemble compte beaucoup plus sur le Maroc pour concourir avec lui sur le double plan de l’économie et de la sécurité dans la région.

Nadir Bacha

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Commentaires (10) | Réagir ?

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hamza barodi

Le roi est devenu tout moche en prenant du poids. Il donne l'air de faire l'idiot devant une nulle de la planète. L'histoire marquera que les Usa ont entamé leur dégringolade (décadence) sous le règne Obama Clinton.

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ranaferhanine bezafbezaf

Madame Clinton en éclatant de rire raconte a M6 comment il a ete recu en algerie par bouteflika en tant que chef d etat. "ils m ont prise pour le chef d etat ?" ils ne connaissent pas Obama ? si lui dit M6 mais lui il le croit etre le president de la planete.

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