Bouteflika a peur d'une déroute électorale
Craignant une forte abstention lors des prochaines législatives, le chef de l’État ne rate aucune date commémorative pour s'en saisir et appeler les Algériens à un vote "sérieux". Le message qu'il a adressé à la Centrale de Sidi Saïd insiste sur la révision de la Constitution...
Hier, dimanche, dans un message adressé par Bouteflika au secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, à l'occasion du double anniversaire de la création de l'UGTA et de la nationalisation des hydrocarbures, il n’était question ni de la naissance de la centrale, encore moins des hydrocarbures dont il a fait sienne Sonatrach qui accuse une valse de PDG. Non, le message est clair : C’est un énième appel désespéré à la centrale, l'exhortant à ne pas dormir sur ses lauriers, de se secouer pour les prochaines législatives afin d’élire avec "sérieux et responsabilité" les députés qui seront "mandatés pour participer, au nom de la nation, à la révision constitutionnelle." Insistant dans ce message sur la révision la Constitution qui lui permettra de briguer un autre mandat de survie, le chef de l’État a qualifié cette révision "d’immense chantier politique et institutionnel" et "d'opportunité pour les jeunes en vue de s'approprier la tâche d'insérer notre pays plus profondément, dans la modernisation en consolidant l'État et en fortifiant la nation en phase avec les rythmes de la mondialisation."
Mettant la charrue avant les bœufs, Bouteflika est obnubilé par la révision de la Constitution à laquelle il s’identifie d’ores et déjà. Ayant fait main basse sur la poule aux œufs d’or de Sonatrach, le chef de l'Etat n’a pas manqué d’en justifier la "destination" : "Les ressources financières que procurent les hydrocarbures contribuent au financement des grandes réalisations de la nation."
Bouteflika saisit toutes les occasions commémoratives réactivées à des fins électoralistes dont la Journée du Moudjahid pour réitérer ses appels à un vote "massif" "sérieux", "honnête", "transparent" , "historique", autant de superlatifs qui traduisent en fait la hantise d’une grande déroute électorale.
Car, au moment de cet appel appuyé à la centrale de Sidi Saïd, à Bouira, des centaines de citoyens ont fermé, dans la matinée de ce dimanche 19 février, l'entrée du siège de la wilaya de Bouira et ont empêché les fonctionnaires de rejoindre leurs postes de travail. Les protestataires entendent ainsi faire pression sur le wali en vue de récupérer les armes remises aux services de sécurité au cours des années quatre vingt dix. Ils menacent de boycotter les élections législatives du 10 mai prochain au cas où les services concernés ne donneraient pas suite à leur demande. Les habitants de Bouira ont remis quelque sept mille armes aux services de la gendarmerie nationale au cours des années quatre vingt dix.
Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, les citoyens des régions victimes des dernières intempéries se mobilisent pour le boycott des législatives dénonçant l’absence totale des pouvoirs publics en matière d’aide et de solidarité lors des fortes chutes de neige qui ont causé la mort de plus d’une quarantaine de citoyens. Aux intempéries s’ajoutent les attentats terroristes. Hier, dimanche, un convoi de l’ANP et un bus de transport de voyageurs ont été la cible d’un attentat à la bombe près des Issers (30 km à l’est d’Alger). Sur ces tristes événements, aucun mot du président ni de ses services.
R.M. et agences
Commentaires (3) | Réagir ?
Oui, il cherche un vote massif et passer sa nouvelle constitution pour faire élire son frère comme président uniquement. C'est pour cela qu'il ne rate aucune occasion pour appeller les Algériens à voter sans se soucier de leur vie de tous les jours et de leur misère.
Ne dit-on pas qu'un menteur, même s'il dit la vérité, on ne le croit pas? Le mal est déjà fait. Et pour convaincre le citoyen, désabusé, de la sincérité de ces élections, il faut autant de temps qu'ils ont mis à le duper. L'impardonnable l'irréparable crime qu'ils ont commis est d'amener l'Algérien à ne plus croire à son pays, l'Algérie! Et quand on voit comment l'Algérie prends feu de toutes frontières (azawade, Aqmi au Sahel et en Kabylie,...), ce ne sont pas les SMS du ministère de la défense qui motiveront l'Algérien démuni de tous ses droits à défendre son pays. Le boycott n'est pas seulement la traduction d'une méfiance, mais d'abord un acte de sanction pour ce qu'ils ont déjà commis depuis 1962.