Mali : Amnesty dénonce une terrible "crise des droits humains"
Les combats récents dans le nord du Mali entre rebelles touareg et militaires, ayant fait des dizaines de morts et des milliers de déplacés internes et réfugiés, sont à l'origine de «la pire crise des droits humains»dans ce pays depuis 20 ans, a affirmé vendredi Amnesty International.
"Des dizaines de personnes ont été tuées depuis l'éclatement des violences il y a un mois, et des milliers de personnes ont quitté le Mali pour se rendre dans les pays voisins, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie", affirme Amnesty dans un communiqué transmis à l'AFP à Dakar.
Ces affrontements entre "les militaires maliens et un groupe armé touareg dans le Nord ont entraîné une crise des droits humains", et "il s'agit de la pire crise des droits humains qu'ait connue le nord (du) Mali depuis vingt ans", écrit Gaëtan Mootoo, un responsable d'Amnesty pour l'Afrique de l'Ouest.
Cette région du Mali, vaste et en majorité désertique, «connaît depuis des années une absence d'Etat de droit et (elle) pourrait être plongée dans le chaos si les combats continuent», ajoute-t-il.
Le Mali est confronté depuis le 17 janvier à des attaques de rebelles touareg contre plusieurs localités et objectifs de l'armée dans sa partie Nord. Les assauts sont menés par des hommes du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et d'autres rebelles, dont des hommes lourdement armés rentrés de Libye où ils avaient combattu au service du dirigeant Mouammar Kadhafi, aujourd'hui déchu. Les combats ont fait de nombreuses victimes - morts et blessés - des deux côtés, sans qu'il soit possible d'établir de sources indépendantes un bilan précis des pertes.
"Des dizaines de soldats et des combattants ont été tués dans les affrontements", selon Amnesty, qui évoque "des photographies présentant des cadavres de soldats maliens les mains liées (dans) le dos". Bamako a accusé le MNLA d'exécutions extrajudiciaires, ce qu'a démenti ce mouvement, rappelle Amnesty, en réclamant "une enquête indépendante et impartiale sur ces faits". Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a évoqué 13 militaires maliens otages dans le Nord, et a affirmé leur avoir rendu visite le 5 février.
Les affrontements ont aussi poussé des dizaines de milliers d'habitants à fuir ces zones : au moins 30 000 déplacés internes recensés par le CICR, et environ 44 000 réfugiés dans des pays voisins selon l'ONU.
Avec AFP
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