Syrie : la Chine hausse le ton, Damas reste inflexible
L'émissaire chinois en Syrie a appelé samedi le régime, l'opposition et les rebelles, à "cesser immédiatement les violences".
Au lendemain de manifestations inédites à Damas marquées comme dans le reste du pays par une répression inflexible, la Chine fait entendre sa voix pour faire cesser la violence aveugle. Dans la capitale, des milliers de personnes ont participé samedi aux funérailles des victimes de la veille, et essuyé à nouveau les "tirs nourris" des forces de sécurité, ont rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et des militants.
Encouragés par cette mobilisation à Damas, plus habituée aux manifestations massives de soutien au régime, les militants contre le président Bachar al-Assad ont appelé samedi les habitants de la capitale à une journée de "désobéissance" dimanche.
Le principal rassemblement de vendredi, et les funérailles de samedi, ont eu lieu à Mazzé, un quartier stratégique de l'ouest de la ville abritant de nombreuses ambassades, des bâtiments gouvernementaux et des services de sécurité ainsi que certains quotidiens officiels. Vendredi, les tirs des forces de l'ordre pour disperser la manifestation à Mazzé avaient fait quatre morts, dont deux adolescents, selon l'OSDH, qui a dénombré au total 30 civils tués à travers le pays sur la journée.
Face à cette contestation qui prend de l'ampleur et à la poursuite de l'offensive du régime contre les villes rebelles, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhai Jun, a appelé toutes les parties à un retour au calme, après un entretien avec M. Assad.
Pékin, qui avec Moscou a bloqué à deux reprises des résolution à l'ONU condamnant la répression en Syrie, appelle "le gouvernement, l'opposition et les hommes armés à arrêter immédiatement les actes de violences", a déclaré M. Zhai, estimant que le calme devait revenir "le plus rapidement possible". Avant sa visite, l'émissaire avait rappelé que son pays n'approuverait "pas une intervention armée en Syrie, ni l'avènement par la force d'un soi-disant +changement de régime".
Samedi, M. Assad a dit "apprécier la position de la Chine" et répété que les événements en Syrie visaient selon lui "à diviser ce pays, à porter un coup à sa position géopolitique et à son rôle historique dans la région". La veille, le président syrien avait à nouveau évoqué des réformes, tout en prévenant qu'elles ne pourraient se faire qu'avec un retour au calme.
Les autorités syriennes ont prévu un référendum le 26 février sur un projet de nouvelle Constitution supprimant l'hégémonie du parti Baas, mais l'opposition et les militants pro-démocratie ont annoncé leur volonté de boycotter le scrutin qualifié de "plaisanterie" par Washington.
L'émissaire chinois a toutefois souhaité samedi que le référendum, de même que les élections législatives prévues trois mois plus tard, "se déroulent sans obstacle". Mais vendredi, les milliers de manifestants mobilisés à travers le pays ont réclamé plus que des réformes, scandant "Dégage!" à l'adresse du président Assad ou encore "Nous ne plierons pas face aux chars et aux canons", en dépit de la répression qui a fait des milliers de morts depuis mars 2011.
Relativement peu touchée par la révolte, la ville d'Alep (nord) a également vu des manifestants mobilisés, aux cris de "liberté pour toujours, que tu le veuilles ou non Bachar".
Des drones dans le ciel syrien
Selon la chaîne américaine NBC, qui cite des responsables américains de la Défense, un "bon nombre" de drones militaires et des services de renseignement américains opèrent au-dessus de la Syrie pour suivre les attaques des militaires contre l'opposition et les civils. Vendredi, le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron ont qualifiée d'"atroce" la répression condamnée jeudi par l'Assemblée générale de l'ONU.
La situation est particulièrement critique à Homs (centre), qui a connu vendredi le plus violent pilonnage depuis deux semaines, aggravant la crise humanitaire dans plusieurs quartiers qui, selon les militants, manquent de vivres ou de matériel médical et peinent à communiquer avec le monde extérieur.
"Il y a eu 1.800 blessés en deux semaines", a rapporté le docteur al-Hazzouri à Baba Amr, joint par l'AFP via Skype, expliquant ne pas être en mesure de soigner beaucoup d'entre eux, "qui souffrent en attendant la mort".
Le site suédois Bambuser, qui permet de diffuser de vidéos par téléphone portable, a annoncé samedi qu'il était bloqué en Syrie depuis l'envoi jeudi d'images sur un bombardement à Homs.
Avec AFP
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