Tripoli ignore toujours les messages de Bouteflika
Le peuple libre de Libye a fêté le 17 février le premier anniversaire de la chute du tyran Mouammar Kadhafi.
L’occasion était trop belle pour être ratée par le président Bouteflika. Aussi, il a profité de ce premier anniversaire de la révolution libyenne qu’il a refusé de reconnaitre pour envoyer un message sibyllin au "peuple frère libyen" comme il a écrit.
L’espoir donc de réchauffer des relations à l’âge de la glaciation demeure chez le président. "Au moment où la Libye célèbre le premier anniversaire de sa révolution (...) je tiens à saisir cette heureuse occasion pour vous exprimer notre soutien et notre appui en cette étape cruciale de l'histoire de votre pays pour amorcer une ère nouvelle qui reflète la volonté du peuple libyen frère", a écrit Bouteflika dans un message adressé au président du Conseil national de transition libyen (CNT), Moustafa Abdeljalil. Mais suffit-il d’un adresse aussi "fraternelle" soit-elle pour effacer ce que fut la position du pouvoir pendant les 10 mois qu’avait duré la révolution libyenne ?
Qu’importe pour les autorités algériennes, pour elles hier n’est pas aujourd’hui. Seulement, les faits sont têtus et trop récents pour être enterrés sous le tapis de la réconciliation.
On sait Bouteflika sans état d’âme et opportuniste, alors dans son message diplomatique et convenu, il a également fait part de sa ferme détermination à oeuvrer de concert avec Abdeljalil pour renforcer les liens de fraternité, de solidarité et de bon voisinage, et porter les relations bilatérales à une nouvelle étape dans l'intérêt des deux pays et de la région.
Les relations entre l'Algérie et le Conseil national de transition n’ont, il est vrai, jamais jusqu’à présent été sereines. Alger n’admettait pas une révolution à sa porte. Et surtout elle avait fait une fausse appréciation des développements en Libye. Partageant avec ce pays une frontière de 900 km, l’Algérie voyait d’un mauvais œil la chute du dictateur. Mais pas seulement, car la raison est intrinsèque au régime algérien. Autoritaire et assis sur un semblant de démocratie verticale, le pouvoir algérien a estimé que la révolte du CNT était un mauvais exemple pour les Algériens. Aussi, il avait tout fait pour la minimiser, l’arrêter en proposant des plans de sortie de crise sans lendemains et en s’opposant tant qu’il pouvait à certaines mesures. Cette position rappelle d’ailleurs étrangement celle qu’il défend actuellement sur le conflit syrien. Exemple : la délégation du FLN envoyée à Tripoli pour soutenir Kadhafi et la mission d’observation menée par l’ancienne ministre Benhabylès en même temps pour dédouaner la répression du régime de Kadhafi. Aujourd’hui de la tragique situation que vit le peuple de Homs et Hama, la même personne nous ressort le même argumentaire cynique concernant la Syrie.
Bref. Déjà l’écroulement des systèmes Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte avaient sonné l’alerte à Alger. Nul pouvoir aussi omniscient soit-il n’est indéboulonnable.
Donc Alger, en dépit de sa proximité était l’un des derniers pays à reconnaitre le CNT. En face, le CNT a aussi accusé l’Algérie de soutien au régime de Kadhafi avec des armes et des mercenaires, ce que dément toujours le gouvernement algérien. L’autre couac qui a aggravé les relations entre les deux pouvoirs : l’accueil par Alger d’une partie de la famille Kadhafi.
Le ministre des affaires étrangères avait commencé à déminer le terrain. Il avait notamment déclaré à la fin de l’automne dernier qu’une délégation du CNT allait venir à Alger avant la fin de l’année 2011. Mais point de délégation. La situation est restée toujours aussi froide. Depuis la chute du dictateur libyen, les nouvelles autorités ont ignoré tous les messages de sympathie envoyés par Alger. Il faut avouer aussi qu’elles ont déjà fort à faire à Tripoli, tant la situation est loin d’être stabilisée. Des milices font régner la loi et le gouvernement, paralysé, est incapable de décider de quoi que ce soit pour le moment.
En novembre dernier, Boutefflika a fait l’un de ses rares voyages de ces derniers mois pour rencontrer Abdeljalil au Qatar sous les auspices de l'Emir du Qatar, Cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani. Les deux dirigeants ont convenu d'œuvrer ensemble pour une amélioration des relations bilatérales dans l'intérêt des deux pays et de la région. Depuis rien de nouveau entre ces "pays frères". Et la tournée du président tunisien Moncef Marzouki pour ranimer le cadavre de l’Union du Maghreb est loin de porter ses premiers fruits.
Yacine K.
Commentaires (6) | Réagir ?
De quoi tu parles Mehdi? C'est l'Algerie qui est colonisée par les sous traitants des USA et de la France. Madame Clinton est passée dans notre pays pour donner des instructions et demander des comptes au président sans états d'ame comme dit dans l'article. Mais j'ajoute qu'il est sans dignité car la grandeur de l'Algerie ne mérite pas que son premier responsable se fait minuscule devant un dame fut-elle la secrétaire d'état de la premiere puissance "erfa3 rasak ya ba"
On ne peut être aussi hypocrite : féliciter les Libyens pour l'an I de leur première république et garder Aicha Kadhafi sous "son toit" alors qu'elle n'arrête pas de beugler. C'est aussi la vidéo qui montre le drapeau algérien consumé par le feu ; sur les pancartes étaient cités le peuple et le gouvernement mais c'est visiblement une maladresse car ce qui était scandé n'avait aucun rapport avec le peuple algérien..