L'ONU adopte une résolution contre la répression du régime syrien
Malgré l'opposition de Moscou et Pékin,l'Assemblée générale de l'ONu a voté à une écrasante majorité une résolution condamnant la répression en Syrie.
L'Assemblée générale de l'ONU a adopté jeudi à une écrasante majorité, malgré l'opposition de Moscou et Pékin, une résolution dénonçant la répression en Syrie, qui devrait accentuer l'isolement du régime de Damas même si sa portée est surtout symbolique. Ce vote intervient douze jours après le blocage par la Russie et la Chine d'un texte similaire au Conseil de sécurité. Sur 193 pays membres de l'Assemblée, 137 ont voté en faveur du texte, 12 contre (dont la Russie, la Chine, Cuba, l'Iran, la Corée du Nord ou le Venezuela), et 17 se sont abstenus.
La résolution exige du gouvernement syrien qu'il mette fin à ses attaques contre sa population civile, soutient les efforts de la Ligue arabe pour assurer une transition démocratique à Damas et recommande la nomination d'un envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie.
Ce texte a une portée essentiellement symbolique, l'Assemblée générale étant un organe consultatif où le droit de veto n'existe pas. Le Conseil de sécurité ne s'est toujours pas exprimé depuis le début de la crise en Syrie en mars 2011. Il a été bloqué pour la deuxième fois le 4 février par un double veto russe et chinois.
Le ministre français des affaires étrangères Alain Juppé a salué après la vote un "soutien massif et sans équivoque au peuple syrien (et) à la Ligue arabe". "Après le blocage par veto du Conseil de Sécurité, chacun doit tirer les conséquences de cette mobilisation exemplaire des Nations unies", a-t-il conclu dans une allusion transparente à Moscou et Pékin, fidéles alliés de Damas. "Le message est sans ambiguïté. La violence doit cesser immédiatement", a déclaré son homologue britannique William Hague.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a quant à lui "salué le message tant attendu" envoyé par l'Assemblée générale. Il a invité "les autorités syriennes à entendre l'appel de la communauté internationale et la voix du peuple syrien".
Le dépot de cette résolution était soutenu par plus de 70 pays, dont de nombreux pays occidentaux et arabes. Avant le vote, des diplomates occidentaux expliquaient que l'objectif était de rassembler plus de voix que le 19 décembre dernier. L'Assemblée avait alors dénoncé les violations des droits de l'homme en Syrie par 133 voix pour, 11 contre, et 43 abstentions, dont celles de Moscou et de Pékin.
Mais le texte voté jeudi contient des élements plus politiques, dont des références au plan de réglement de la Ligue arabe du 22 janvier. En présentant le texte au vote au nom du groupe arabe, le représentant égyptien Ossama Abdelkhalek avait "demandé aux pays membres d'envoyer un message clair au peuple syrien".
Résolution "tendancieuse et déséquilibrée"
L'ambassadeur syrien Bachar Jaafari avait quant à lui dénoncé une résolution "tendancieuse et déséquilibrée", faisant valoir la nécessité d'un "dialogue national", rejeté par l'opposition. Pour le représentant russe Vitaly Tchourkine, Moscou "n'avait pas d'autre choix que de voter contre", dès lors que ses amendements avaient été rejetés. La Russie souhaitait notamment que le texte souligne aussi la responsabilité de l'opposition dans les violences.
La résolution adoptée "condamne fermement la poursuite des violations généralisées et systématiques des droits de l'homme et des libertés fondamentales par les autorités syriennes, comme l'emploi de la force contre des civils". Elle "exhorte le gouvernement syrien à (y) mettre immédiatement fin" et affirme que les responsables d'éventuels crimes contre l'humanité devront "répondre de leurs actes". Le texte "condamne toutes les violences, d'où qu'elles viennent", et "demande à toutes les parties (..), y compris les groupes armés, de mettre immédiatement fin à toutes les violences ou représailles".
Sur le plan politique, la résolution "soutient sans réserve" le plan de la Ligue arabe du 22 janvier prévoyant une transition vers un "système politique démocratique et pluraliste". L'Assemblée invite enfin l'ONU à nommer un envoyé spécial pour la Syrie et à fournir "une assistance technique et matérielle" aux efforts de règlement de la Ligue arabe. La répression en Syrie a fait plus de 6.000 morts depuis mars, selon des militants syriens des droits de l'homme.
AFP
Commentaires (1) | Réagir ?
L'Algérie ne s'abstenant de voter rate une autre occasion de s'affirmer sur le plan international. C'est comme si elle approuvait les massacres qui sont commis quotidiennement ! Avec quel argument se défend notre gouvernement pour justifier son vote ? Finalement, ça pourrait être une preuve d'affolement de nos dirigeants qui sont accrochés de tous côtés. Des revendications sociales, à la position ambiguë envers la Libye, les réactions du gouvernement sont désordonnées et même le climat s'est mis de la partie pour les mettre à l'épreuve. Ne voient-ils pas en tant que caciques, en tant qu'anciens du système et de la politique que l'heure d'Al Assad est toute proche. Que c'est une question de jours, au plus tard un mois, si Dieu le veut! Là ça sera la même confusion que celle que l'on entreprend aujourd'hui avec la Libye. Il ne faut pas laisser la place au doute.