La gifle de Ban Ki-moon
Il y a une semaine, des lecteurs s’étaient offusqués de notre titre : «Ban Ki Moon déclare : le gouvernement algérien est responsable des attentats d'Alger ». Quelques-uns, très courroucés qu’on « ait fait dire » au Secrétaire général de l’ONU « ce qu’il n’avait pas dit », ont même menacé de cesser de lire Le Matin après ce qu’ils considéraient être une « manipulation de l’information ». Nous ne faisions pourtant que décrypter le discours diplomatique de Ban Ki-moon pour en offrir la substance aux lecteurs.
Une semaine après, on sait que le Secrétaire général de l’ONU a bien voulu dire ceci : « le gouvernement algérien est responsable des attentats d'Alger ». C’est ce que signifie sa décision de nommer un groupe d’enquête indépendant sur les attentats d’ Alger du 11 décembre. C’est ce que signifie sa formule « établir tous les faits concernant l’attaque d’Alger ».
Car enfin, nommer un « groupe d’enquête indépendant » veut bien dire que Ban Ki-moon cherche ses propres vérités, qu’il ne croit pas aux conclusions du pouvoir algérien, à la responsabilité d’Al-Qaida, aux deux kamikazes identifiés comme auteurs de l’attentat…Et vouloir « établir tous les faits concernant l’attaque d’Alger » sous-entend que des « faits » ont été dissimulés par les autorités algériennes, des « faits » que les autorités algériennes avaient intérêt à dissimuler…Quelles sont donc ces « informations » dont dispose Ban Ki-moon ?
La décision du Secrétaire général de l’ONU de nommer un groupe d’enquête indépendant est la plus grande gifle jamais donnée au pouvoir algérien. Un énorme désaveu : c’est la première fois que le régime est démenti publiquement dans ses thèses et qu’il est sommé d’accueillir une commission d’enquête sur un attentat terroriste. Va-t-il coopérer ? Probablement. C’est tout l’intérêt de Bouteflika d’exploiter l’évènement à son profit. C’est tout l’intérêt du pouvoir de ne pas laisser l’affaire prendre d’autres dimensions.
M.B.
Commentaires (2) | Réagir ?
Je fus l'un des lecteurs très courroucés et je persiste et signe que Ban Ki Moon n'a jamais dit ce que cet apprenti manipulateur de l'information veut bien lui faire dire, à savoir "le gouvernement algérien est responsable des attentats d'Alger". Non pas que je défends ce gouvernement pourri qui a atteint le summum de l'incompétence toutes latitudes confondues mais, juste pour éviter à notre espace de liberté "Le Matin" de donner des arguments aux censeurs de Bouteflika de le traiter de tribune vindicative ou de temple de la désinformation. Pour ma part, ça me suffit, je considère que ce malencontreux dérapage a été rattrapé et LE MATIN en sort grandi. Pour le reste de l'article, je suis en parfait accord avec son auteur et vous assure que je partage tous ses doutes et je salue la décision de Ban Ki Moon d'ordonner une enquête onusienne. J'espère juste que les résultats de cette enquête seront rendus publics pour enfin lire ce que nous cacherait ce pouvoir à propos de ces actes terroristes n'ayant pour cible que le petit peuple.
Drôle de retour du pays sur la scène internationale !..... et juste retour de nanivelle à broyer le poignet le plus vigoureux.... pour permettre d'étaler les vérités attendues.