Litige Sonelgaz-Takerboust : qui est victime de qui ?
Pour ceux qui ne savent pas, ou feignent ne pas savoir, le refus des habitants de Takerboust (wilaya de Bouira) de payer leurs factures d’électricité est une suite "illogique" de la désobéissance civile enclenchée par les événements du Printemps Noir de 2001-2004.
Suite injustifiée, entend-on souvent dire, car à l’instar de tous les habitants de la Kabylie, les Takerboustois ont bénéficié d’un effacement total de leurs dettes envers la Sonelgaz pour la période suscitée. Certes, mais depuis cette période, le village de Takerboust a connu une telle extension que le réseau électrique initial, déjà vétuste et limité, ne fonctionne plus convenablement ; le débit est devenu trop faible et des pannes d’électricité sont trop fréquentes. Inutile de vous dire que les citoyens de Takerboust subissent de grandes pertes ; lorsque le réseau s’emballe, alternant rabaissement et rehaussement de tension, puis coupure et retour immédiat du courant, aucun articles électroménager ou appareil électronique ne sera épargné. Et là, à défaut de ne pas pouvoir améliorer le réseau, la Sonelgaz a normalement le devoir de dédommager ses abonnés ; sous divers prétextes fallacieux, elle ne le fait souvent pas. Le citoyen se retrouve alors face à deux choix : ou payer les factures d’électricité et les dégâts causés par celle-ci, ou s’abstenir de payer les factures d’électricité et utiliser les sommes ainsi retenues pour se dédommager soi-même. Le citoyen de Takerboust, conscient de ses droits, a fait un bon choix : il refuse de payer. Autrement dit, il refuse d’être une proie facile pour une société qui manque à ses devoirs.
Incapable de convaincre, par du bricolage, les habitants de Takerboust à s’acquitter de leurs dettes, la Sonelgaz recourt alors à la justice. Il y a cinq ans, et sous le faux prétexte que ses agents ont été empêchés de relever les compteurs, voire agressés, la Sonelgaz a introduit en justice des centaines d’abonnés dudit village. Peine perdue ! Les Takerboustois réclament une électricité stable et de bons services, en contrepartie du paiement de leurs futures factures. Encore une fois, pour amadouer nos villageois, la Sonelgaz a entrepris quelques réparations par-ci par-là, mais le vrai problème, à savoir la stabilisation du réseau par son renouvellement total et son renforcement par de puissants transformateurs, n’a pas été résolu, ce qui donne raison aux habitants de Takerboust de continuer dans leur refus de payer les frais de consommation d’énergie électrique. Puis récemment encore, au lieu de chercher à répondre aux attentes de ses clients, ses victimes doit-on dire, la Sonelgaz a encore opté pour l’intimidation à travers la justice ! Plusieurs abonnés ont déjà reçu leurs convocations. Mais que peut bien faire toute cette pression devant l’entêtement légitime des Takerboustois à obtenir ce qui est de leur droit en tant que clients, à savoir des services acceptables et une alimentation en énergie électrique stable et dans les normes ?
En plus de l’extension du village de Takerboust qui n’a pas été suivi par l’extension et le renforcement du réseau électrique, ce qui provoque l’affaiblissement et le dysfonctionnement de celui-ci, il y a un autre facteur qui contraint les Takerboustois à consommer plus d’électricité qu’ils n’en peuvent payer et que le réseau n’en peut offrir: c’est la situation géographique du village. Situé entre 700 et 900 mètres d’altitude, et la période du froid s’étendant parfois de la fin d’octobre à la fin d’avril, les habitants de Takerboust n’ont d’autres sources de chauffage à la portée de la main que l’électricité. La demande en énergie électrique est tel que le réseau, déjà mal-entretenu et à capacité limitée, est fortement saturé, provoquant des pannes parfois de longue durée qui fait plonger les Takerboustois non seulement dans le noir absolue, mais aussi dans le froid glacial des montagnes. En cette période, nos maisons sont de véritables igloos ; rien qu’en quittant son lit, le matin, le Takerboustois peut attraper froid. Les dépenses sur les maladies liées au froid ne laissent déjà plus d’argent à payer à une Sonelgaz qui ne se soucie guère de la santé de ses clients.
Pour finir, ce litige entre la Sonelgaz et les habitants de Takerboust n’aurait pas pu avoir lieu si la société concernée avait amélioré ses services et réglé le problème de l’instabilité du réseau au tout début ; i.e. avant que les dégâts subis par certains abonnés et les dettes accumulées par certains autres ne s’élèvent à des sommes auxquelles les premiers ne pouvaient renoncer et que les seconds ne pouvaient payer. À noter que depuis l’été dernier, la Sonelgaz s’affaire à raccorder le village de Takerboust au réseau du gaz de ville. Certes cela contribuera, même partiellement, à la résolution des problèmes liés à la saturation du réseau électrique, car alors les citoyens se tourneront vers la consommation du gaz naturel dans beaucoup de leurs activités ménagères, mais la Sonelgaz sera-t-elle alors prête à effacer les dettes des Takerboustois en reconnaissance des dégâts matériels et autres préjudices qu’elle leur a causés et afin de leur permettre de financer les travaux d’installation du gaz de ville ? Si oui, le conflit qui oppose les deux parties aura toutes les chances de prendre fin ; sinon il ne fera que s’intensifier et il pourra même remettre en cause le paiement des factures du gaz. Ni la justice, ni la gendarmerie ne feront fléchir une population déterminée à défendre ses droits légitimes.
D. Messaoudi
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Notes:
1- Dans ses sorties médiatiques, le PDG de la Sonelgaz, M. Boutarfa, a toujours qualifié les abonnés à sa société de mauvais payeurs ; il n’a jamais remis en cause ses employés qui, par leurs services médiocres, leurs vraies et fausses erreurs de facturation, leur lenteur, etc., incitent les uns à tricher et les autres à s’abstenir de payer afin de se compenser.
2- Nous-mêmes avions subis en deux ans des pertes estimées à plus de 70 000 DA ; frigidaire, ordinateur, téléviseur, appareil-photo, téléphone portable, etc., ont tous été endommagés en raison de l’instabilité du courant.
3- Dans un État de droit, la justice doit normalement écouter les deux parties en conflit et, si besoin est, procéder à une enquête afin de distinguer le bourreau de la victime. Or, il a été remarqué lors de notre premier procès qu’il n’y a ni confrontation, ni enquête ; seul l’accusé est convoqué, et même pas pour être écouté, mais pour écouter le juge lui lire la plainte du plaignant ; i. e. de la puissante Sonelgaz, la «victime d’office».
4- Les prix du bois et du mazoute inabordables, le gaz butane cher et le gaz naturel indisponible, les Takerboustois se rabattent sur l’énergie électrique et les grignons d’olives utilisés comme combustible. Ils n’ont ainsi épargné ni leur argent, ni leur santé ; ils sont doublement victimes.
5- D’après une certaine rumeur, la Sonelgaz envisage de récupérer ses dues en les incluant en petites tranches dans les futures factures d’électricité et de gaz. Une provocation de plus qui ne fera que prolonger le conflit.
Djaf Messaoudi 16/02/2012 00:10:52
Non ! Non ! Non ! Notre argent ira plutôt à nos frères de Gaza (Palestine) qui habitent une terre sainte ! La Kabylie est la terre des infidèles.
Voir cette pub pour nos frères gazaouis: http://www. scribd. com/doc/31891434/L-Algerie-la-Kabylie-et-la-Palestine
Voila ce que ce DJAF a poster concernant l'appel de solidarité envers notre cher Kabylie. Maintenant il parle des malheurs de nos concitoyens.
Qui êtes vous imposteur ? Raciste, islamiste a deux balles, que je te souhaite en pleine tête.
Vive la Kabylie Belle et Rebelle.
Notre solidarité va évidement à tous les habitants de ce village qui ne fait que demander, un droit des plus élémentaires ! Bon courage !