Dossier retraites : que cache donc le gouvernement ?
Le député de Bouira, Ali Brahimi, nous a fait parvenir la déclaration suivante.
Le 14 décembre dernier, au nom de 34 députés, j’ai déposé une interpellation du gouvernement au sujet du scandale des pensions dérisoires de deux millions de retraités. Moins d’une semaine après, le Conseil des ministres annonce la revalorisation promise depuis des mois. Le respect de la loi aurait voulu que le gouvernement se présente devant l’APN au plus tard le 29 décembre, surtout que j’ai maintenu ma démarche. Peine perdue, mes multiples réclamations au président de l’APN et les intercessions qu’il m’a dit avoir effectué auprès du gouvernement n’y auront rien pu ; fort de l’arrogance de l’impunité, l’Exécutif persiste à violer la Constitution, loi et Parlement.
Au-delà de la culture de non-droit qui domine l’Etat, il est pourtant curieux qu’un gouvernement qui a augmenté les pensions refuse de s’en prévaloir devant l’APN, quitte à violer ostentatoirement la procédure parlementaire. Hormis le gangstérisme et le mépris là où on attend de la bonne gouvernance, que cache la frilosité du pouvoir devant le débat contradictoire ?
Les premiers éléments de réponse commencent à s’esquisser sur un sujet social sensible : le pouvoir refuse de rembourser à la CNR les 500 milliards de dinars qu’il lui a imposés depuis près de vingt ans au titre du régime dérogatoire des retraites avant l’âge, proportionnelle et autre départ volontaire. Le mécanisme d’actualisation annuelle automatique des pensions (art. 46 de la loi 83-12) n’a été mis en œuvre qu’en 2006 avec un effet rétroactif discriminatoire qui remonte seulement à 1992, ce qui exclut les retraités partis entre 1983 et 1992, c'est-à-dire les plus pauvres. Les augmentations sont très inférieures aux promesses du communiqué du Conseil des ministres.
Par ailleurs, la dernière revalorisation pose des questions trop gênantes pour le pouvoir : qui supportera la charge des dernières augmentations, la CNR ou le Trésor public comme le voudrait l’identité de leur auteur et je le souhaite ? Car dans la forme, la revalorisation des pensions relève des prérogatives du Conseil d’administration de la CNR, un organisme autonome mutualiste censé appartenir aux travailleurs.
Pourquoi des procédures aussi compliquées et aléatoires, au lieu de revenir au mécanisme de l’alignement des basses retraites sur le SNMG en cours jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix de par la loi 83-12?
Ce sont là les questions cruciales que je voulais poser au gouvernement qui a ignoré mon interpellation, reconduisant sa "hogra" même dans le Parlement. Ces interrogations révèlent l’indigence de la politique sociale du pouvoir. Elles soulignent sa responsabilité dans l’absence de justice sociale particulièrement au détriment de ceux qui ont été les premiers sacrifiés à l’époque de l’ajustement structurel imposé par le FMI. Nulle démocratie ne peut se construire sur le mépris des catégories sociales les plus vulnérables à plus forte raison dans un pays dont les richesses sont ravagées par la corruption.
Ali Brahimi, député de Bouira
Alger le 30 janvier
Commentaires (5) | Réagir ?
MERCI
Les petits paysans naifs de Bouira ont élu Ali... Ali ne pouvait être qu'à leur image... et ce n'est pas une tare.... Bien au contraire.... Ali gueule, mais parle vrai !! ; Une chose est sûre il n'a pas une bouche pleine qui l'aurait surement gêner... Karim la roublardise du soit disant citadin... c'est dépassé...... Mounte ou camiou.... comme dirait l'autre... Quant à toi Ali.... mission accomplie et les paysans que nous sommes t'ont bien compris...