Nouvelles formations politiques : le dernier lâcher du pouvoir
Le gouvernement autorise une dizaine de partis à entrer dans la scène politique quatre mois avant les prochaines élections législatives.
"Tbarak allah !" entend-on dire dans les cafés, chez le coiffeur, dans les arrêts de bus, au marché et dans les salles d’attente. "Ça c’est de la démocratie", ajoute-t-on, "quel extraordinaire pas vers l’alternance dans le pouvoir législatif !", et cætera, pour qu’en réalité avouer seulement ce que sont en train de s’imaginer, Ould Kabila et compères dans le sérail, de ce que penseraient les populations électorales de ce "cadeau".
Parce que la vérité est que ces citoyens dans les endroits sus indiqués, chez-soi ou au travail, s’ils ne sont pas chômeurs, s’en fichent-ils totalement que des partis se confectionnent pour rejoindre le lot des hardes déjà existantes dans la course au pouvoir. Les Algériens des cafés, des grands agglutinements de commerce domestique et des promiscuités d’échange, n’ont désormais, au moins depuis deux décennies, plus le goût des chorégraphies lâches et oiseuses de n’importe quelle atmosphère électorale. Le député algérien, en général, a de tout temps trahi la confiance des ressortissants qui votent pour lui, qui se retourne contre eux pour défendre justement le système sur lequel il a été mandaté pour s’en insurger.
De nouveaux partis en guise de boucliers
Les Algériens propres ont compris depuis longtemps que les canevas de l’ordre politique tel qu’il est, qui les régente, ne les intéresse plus dans le sens du principe du règne du méritant sur le parasite. Ils savent, les citoyens honnêtes, que tout ce que le pouvoir actuel propose ou fait semblant de soumettre ne peut être dans leur intérêt ni dans celui de leurs enfants. Ils n’ignorent pas que les parties prenantes ennemies de la Constituante ne lâchent aucune faveur capable de les désavantager. Partant, l’agrément de ces nouveaux partis – à supposer qu’il s’agit bien de formations vierges investies dans l’intérêt commun – s’exprime dans leur esprit, habitué au mépris et aux fourbis, comme un subterfuge supplémentaire.
Ces électeurs potentiels ont plutôt le regard sur le FLN, le RND et les alliances religieuses qui sont en train de bouger en s’écartant les uns des autres pour décrire ce que les zoologistes appellent la danse de la meute : le redéploiement des prédateurs en quête de proies fraîches. Ces formations politiques, qui rappellent les kyrielles de partis nés de la Constitution de 1989 dont les lettres de l’alphabet ne suffisaient pas pour les nommer, ne font, tout compte fait, qu’ajouter au cumul de soupçons quelques semaines avant le début des campagnes et la noyade collective dans l’hystérie des urnes.
Les rouages de l’Administration ou la fraude
Contrairement à ce qu’escompteraient les chargés de la sophistication du scrutin en "ouvrant le bassin de déversement" à la dernière minute, les dix partis sortis du chapeau ne vont que mieux permettre de centrer les attentions sur les partis au pouvoir, l’expérience chez nos voisins aidant, sur les regroupements religieux et les capacités de leurs rivaux de l’ex-Alliance présidentielle à les déstabiliser, chacun misant pour soi sur les aptitudes des nouveaux venus à peser dans la balance dans l’intérêt du statu quo.
A coup sûr, cette formulation-là n’était pas prévue par les dirigeants avant les victoires islamistes aux dernières consultations dans le monde arabe. D’autant que de l’intérieur les deux formations issues du parti unique se désertent et se désarticulent. Habituées à n’exister que dans le sein du pouvoir elles ne peuvent avoir la carrure légitime et souveraine de ressourcement par des courants autours de personnages et d’idées : sans la force de l’Administration le FLN et son mutant, le RND, ne peuvent bénéficier d’aucun autre concours de circonstance en dehors de l’entreprise de falsification pour gagner de gros sièges.
Entre le FLN de Ferhat Abbas et celui de Belkhadem
Mais les électeurs qui auraient décidé d’aller aux urnes et qui ne s’abstiendraient pas, ils saurons au moment de glisser un bulletin désignant quelque candidat parmi les nouveaux arrivés ou parmi des indépendants, que désormais ce ne sont pas les partis qui font la démocratie mais bien l’inverse.
Si le FLN était démocratique comme du temps de Benyoucef Benkhedda, Abderrahmane Fares, Hocine Aït Ahmed ou Ferhat Abbas, on n’en serait pas à une République démocratique et populaire où il faut toutes les fourberies associées aux pires ignominies à ciel ouvert, national et universel, pour un pouvoir qui n’a nul lien de parenté avec la dignité du sérieux.
Pourquoi la Tunisie qui gagne un dollar quand nous gagnons dix fois plus avec dix fois moins d’effort, s’étoffe d’une Constituante mais pas nous ? Parce que peut-être la réponse est dans la question. Le pouvoir qui nous régente ne veut pas qu’on se la pose, il y répond tout le temps pourtant en employant plus de vingt ministères pour redistribuer un revenu national produit par un seul.
Nadir Bacha
Commentaires (9) | Réagir ?
Qu'est-ce qui est constructif dans tout cet article, et ces caisses de résonances que sont les commentaires tous du même avis ? ça ne me change pas du tout du comportement de mes fiers compatriotes, au verbe ô combien facile.
Descendez les programmes ou l'absence de programme, faite la promotion des personnalités qui vous plaisent ou qui méritent qu'on s'y intéresse selon vous, montrez ce qu'il faut voir, ce qu'il faut voir, ce qu'il faut croire. Si dans l'ombre, vous voulez me guider vers la lampe pour que je l'allume, ne me dites pas où est ce qu'elle n'est pas mais où la trouver.
Là vous ne faites que dire "tous des salauds", "tout ça ne sert à rien", "tout ça est supercherie". Ok très bien, où sont les bons, que faut-il faire, et qu'est ce qui sert à quelque chose, dites-le nous! Maintenant
Allez "tout le monde monte ou camion"... tahia eldjazair. Tout le monde veut se mettre à la conjugaison... du verbe "mangi" bon sang !! (Un verbe du 4e groupe ; dernière trouvaille de l'école de qui vous savez) !! Manger à tous les temps, à tous les modes et à toutes les sauces... Un lâcher... j'aime bien ce terme ! Elles arrivent les législatives comme disait déjà en 90 Slim dans Algérie Actualité... La suite toute le monde la sait !! Un recommencement ? Astar ya sidi Rabi....