Le dinar du marche ou crève
Karim Djoudi explique au Conseil de la nation que la détresse de la monnaie algérienne est une aubaine pour l’essor économique.
C’est un peu comme s’il disait aux sénateurs que le smig réel dans notre pays, de l’ordre tournant autour de 110, 120 euros, fait participer à un lendemain meilleur la majorité des contribuables. Son algèbre est simple, de l’abstraction limpide digne de la légende des ahl el kaff : "Il faut maintenir telle quelle la valeur du dinar pour ne pas gêner le développement hors hydrocarbure et casser ainsi une dynamique qu’on a commencée…qui risquerait en même temps de renforcer nos exportations."
De deux choses l’une, ou le ministre des Finances a dû falsifier ses diplômes de monnaie et de banque obtenus à Strasbourg ou alors il souffre d’une grave pathologie confusionnelle qui lui fait oublier que plus de cent pour cent de nos exportations relèvent des hydrocarbures. Plus que l’ensemble des revenus en devises ? Parce que notre économie est en permanence endettée. Les héroïques opérations de remboursement par anticipation ont donné des résultats de thésaurisation exprimée par l’épouvantail des réserves de changes incapables d’ouverture sur la relance mille fois fredonnée depuis Crans Montana, si on n’oublie pas la sortie internationale rocambolesque de Abdelaziz Bouteflika. Pendant que la mathématique de la Banque d’Algérie ne bouge pas d’un iota des paramètres archaïques de l’offre et de la demande internationale du baril.
Le dinar des banques françaises
Le marché reste pour l’instant suffisamment clément malgré les surenchères en panique sur de grosses restrictions de prélèvement énergétique de la part des pays industrialisés afin de ne pas se laisser tenter par une sensible gratification sur la valeur de notre dinar. Les experts parmi les moins pessimistes, en visant la Chine, l’Inde et les pays émergeants, prédisent, pour les décades à venir, des besoins hydrocarbures considérables, surtout en gaz, une forte embellie dans le commerce des pays de l’Opep. Seulement dans ce consortium des onze pays membres, le coût de la vie en Algérie est des plus rudes et la monnaie la plus faible. Les prix des produits et des services étrangers y sont quasiment dans les valeurs du commerce international par rapport aux salaires.
Mis à part les produits subventionnés, le juste minimum pour que la majorité des Algériens ne crèvent pas de faim, tout est acheté selon les prix affichés dans les villes européennes. Société Générale et Bnp Paribas, entre autres banques étrangères, ne viennent pas dans nos murs pour nous apprendre à vivre mieux avec nos revenus pétroliers ; elles ne conseillent pas nos dirigeants pour un partenariat d’intérêt réciproque où l’on pourrait, par exemple, construire la réplique d’une Peugeot, Renault ou Citroën, dans nos espaces souverains où Mohamed l’ouvrier et Kadour le technicien ne toucheraient pas, respectivement, 180 et 800 euros de salaire quand les équivalents ailleurs en Union européenne sont de 2500 et 4000 dans la même monnaie. Et où le produit sorti de l'usine ne nécessiterait pas toute une vie d’économies pour se l’acquérir.
C’est cela que défend devant les élus Karim Djoudi et pas autre chose, ya el khawa. Ce sont les dix milliards de dollars que rapatrient chaque année ces chevaux de Troie du siège postcolonial vers les sociétés mères avant que les actionnaires ne fendent sur les chiffres d’affaires pour prendre leurs mirifiques parts arrachées dans la chair des millions de citoyens qui se demandent pourquoi possèdent-ils ncore une dentition dès lors qu’ils se résolvent au régime végétarien qui quand bien même n’est pas donné.
"Nous avons amorcé une dynamique", dit-il à l’intention des sénateurs, qui lui patiente la fin de son baratin pour aller déguster leur crevette sautée, zâma pour laisser entendre que durant son mandat, en remplacement de Mourad Medelci – ah ! tenez, lui aussi m’en souvient-il qu’il parlait aussi d’amorce – il nous a bricolé quelque chose au moins pour pouvoir manger le fromage local une fois par semaine et la sardine la semaine d’après. Triste.
Nadir Bacha
Commentaires (9) | Réagir ?
Le pouvoir algérien n'a jamais cessé d'insufler le régionalisme, la corruption et le népotisme dans tous les rouages de la societé et de l'économie algérienne, et les marionettes qui font office de ministres ne font qu'exécuter les orientations machiavéliques de leurs maitres pour maintenir la classe moyenne algérienne dans un état de pauvreté, si ce n'est de misère, chronique.
Un peuple appauvri est plus facile à manipuler et à diriger (cf. Machaiavel).
Il prend vraiment les gens pour des cons !.... Cher amis lecteurs vos commentaires me rassurent. !