L’affaire du groupe Khalifa relancée par la Cour suprême
La Cour suprême a accepté le pourvoi en cassation introduit par la défense et le ministère public. Pour autant, le tribunal criminel de Blida ira-t-il jusqu’à un procès impartial ?
Nouveau rebondissement dans l’affaire Khalifa. Le pourvoi en cassation introduit par la défense et le ministère public touchant ce dossier autrement très brûlant a été accepté jeudi par la Cour suprême. Les deux avocats, Me Bourayou Khaled et Me Miloud Brahimi ont déclaré à l’APS que l’affaire, en vertu de la décision de la Cour suprême, sera rejugée. Pour autant, les deux avocats ignorent la date de ce nouveau procès.
Cent quatre personnes avaient comparu devant le tribunal criminel de Blida dans le cadre de cette affaire en janvier 2007. Et Quatre-vingt-quatorze personnes avaient été jugées pour une trentaine de chefs d'accusation. Donc "association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels".
Que des seconds couteaux
Donc des ministres toujours en exercice, comme Mourad Medelci, Bouguerra Soltani ou encore le perpétuel SG de l’UGTA Abdelmadjid Sidi Saïd ont été entendus comme témoin par le tribunal de Blida. Dans cette affaire qui a touché directement le premier cercle du pouvoir, seul Abdelmoumène Khalifa, PDG du groupe éponyme, a été jugé par contumace et condamné "pour vol qualifié, détournement de fonds, association de malfaiteurs et faux et usage de faux" à la réclusion criminelle à perpétuité. L’ex-golden boy d’Alger qui avait ministres, directeurs et une pléthore de personnages de premier plan à ses ordres, avait trouvé refuge en Angleterre en 2003. Quatre ans plus tard il a été arrêté suite à un mandat d’arrêt international émis par le tribunal de Nanterre (France). Motif ? "Abus de confiance, banqueroute par détournement d’actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée". Moumène Khalifa est actuellement incarcéré dans une prison londonienne. Il risque l’extradition vers l’Algérie. D’autant que le juge Timothy Workman avait estimé à l’époque que l’extradition de l’ancien PDG du groupe Khelifa "ne contrevenait pas à la Convention internationale des droits de l’homme". En revanche, Khalifa accuse directement Bouteflika d’être derrière les déboires judiciaires et la liquidation du groupe.
Bref, le procès de l’affaire Khalifa n’a été en définitive que celui du menu fretin. Les requins sont par passés au travers des mailles du filet judiciaire sans que le tribunal ne trouve à redire. Car aucun responsable de l’Etat n’a au final été condamné. Ce qui a largement décrédibilisé l’institution judiciaire. Car tout le monde sait en Algérie que les premiers à avoir tiré profit de la prospérité, voire la générosité d’Abdelmoumène Khalifa ce sont justement les hommes du pouvoir. Khalifa a financé plein d’opérations pour le compte de la présidence. A l’image du match de l’EN avec l’équipe de France, ou l’opération de lobbying, révélée par Le Matin, aux Etats-Unis pour le compte de Bouteflika. Son coût ? 3,2 millions de dollars entièrement payée par le groupe Khalifa en 2002. C’est dire que la connivence, le rapprochement présidence-Khalifa.
La descente aux enfers de l'empire Khalifa avait débuté par l'arrestation en février 2003 à l'aéroport international d'Alger de trois de ses cadres qui tentaient de sortir frauduleusement une mallette contenant deux millions d'euros. A partir de là, tout s'est diablement enclenché. L'arrestation a été suivie par la mise en faillite du groupe en juin 2003. Plusieurs milliers de petits épargnants en Algérie et en France ont subi d'immenses préjudices. De nombreuses familles algériennes qui avaient toutes leurs économies dans la banque Khalifa se sont retrouvées du jour au lendemain sans le sou.
Rappelons enfin que Khalifa était un groupe qui employait près de 20 000 salariés ; il était composé d’une banque, d’une compagnie aérienne et d’une chaîne de télévision qui n’aura pas vécu longtemps. Le préjudice causé par la liquidation de groupe n’est pas fixé, l’estimation va de 2 à 5 milliards de dollars.
Sofiane Ayache
Commentaires (9) | Réagir ?
Moumen Khalifa ne sera jamais extradé pour la simple raison que de nombreuse personnalités du pouvoir sont impliquées et que la justice se trouve être aux ordres de sa" majesté" Boutef 1er, Khalif d'Alger. Pour qu'il soit jugé tout le clan qui nous dirige doit laisser la place pour un gouvernement élu démocratiquement, une justice indépendante, qui se chargera de faire comparaitre tous ceux qui ont magouillé, en créant la société écran "Khalifat ' pour permettre le blanchissement d'argent et son transfert dans les banques européennes. Le peuple algérien n'est pas dupe et dit à ces Messieurs "faquou" vos discours ne sont pas écoutés, votre télé est ignorée, vos informations ne sont pas crédibles.
Ok mais ça fait combien d'années qu'on attend qu'il soit extradé ?! Ou bien Bouteflika est assis sur son dossier d'extradition!