Les Touaregs maliens exigent l'autonomie de leur région
Le soulèvement des Touaregs a éclaté dans le nord, la zone où seraient détenus les otages d'Aqmi. Il est dirigé par un ex-combattant de Libye.
La rébellion touarègue était en sommeil depuis 2009. Le conflit libyen finit voilà que la guérilla touareg ressurgit dans le nord du Mali où elle a attaqué trois villes, Ménaka, Aguelhok et Tessalit. Une résurgence qui coïncide avec le retour de Libye de rebelles touaregs ayant combattu aux côtés du dictateur Mouammar Kadhafi. Ces actions fragilisent un peu plus le Mali, qui prépare l'élection présidentielle, mais surtout déjà aux prises au nord avec les terroristes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Que ce soit dans les bourgs de Ménaka, dans celle de Tessalit ou d’Aguelhok où se sont déroulées les attaques des touaregs, la nuit a été plutôt calme. Peu de monde circule, selon les agences de presse. Aucun coup de feu n'a été entendu. C’est ce que disent les rares personnes que nous sommes arrivés à joindre alors que le jour se levait ce jeudi. Un peu dans l’incertitude, les populations restent chez elles. Si les autorités maliennes avancent qu'elles tiennent la situation en main, les rebelles touaregs disent toujours tenir leurs positions, mais deux élus -un maire et un député- de la région de Ménaka affirment qu’un renfort de troupes de l’armée régulière est enfin arrivé dans cette ville de Ménaka, dans la nuit de mercredi à jeudi.
L'étincelle
La reprise de la lutte armée cette semaine est le signal d'un nouveau cycle de violence dans la poudrière du nord du Mali. Le mouvement insurrectionnel qui couvait depuis plusieurs mois en pays touareg est passé des paroles aux actes. Les Touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont lancé une offensive contre trois villes du Sahara. Ils ont attaqué, mercredi, Aguelhok, une bourgade proche de la frontière algérienne où se concentrent dans un rayon de quinze kilomètres une caserne de l'armée malienne et une base d'Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
Des accrochages ont eu lieu à Tessalit, une commune située au pied du massif rocheux de l'Adrar des Ifoghas, une forteresse naturelle quasi inexpugnable pour les militaires maliens. Des combats ont enfin éclaté plus au sud, à Menaka, près de la frontière du Niger, faisant plusieurs morts. Le MNLA cherche à se tailler des fiefs et à créer des zones d'insécurité pour l'armée régulière dans l'immensité du désert.
Mouvement autonomiste créé le 18 octobre
Au début de la semaine dernière, les forces gouvernementales avaient considérablement renforcé leur dispositif dans la région en prévision des hostilités. Des centaines d'hommes ont été appelés en renfort alors que des avions et des hélicoptères de combat sont présents sur zone. Les autorités maliennes semblent décidées à rivaliser avec la puissance de feu des insurgés, qui sont pour la plupart des anciens combattants touaregs de Libye. Ces soldats aguerris sont rentrés chez eux en juillet avec, à l'arrière de leurs pick-up et de leurs véhicules 4×4, des stocks d'armes lourdes récupérées dans les arsenaux de l'ancien régime. Leur leader, le colonel Mohammed Ag Najim, un ex-chef de bataillon des commandos de Mouammar Kadhafi, s'était rapproché des opposants au dictateur libyen avant la chute du régime. "Notre mouvement a été créé le 18 octobre lors d'une rencontre entre des officiers touaregs et des jeunes politisés souvent formés dans les universités de Tripoli. Le pouvoir central n'a pas la volonté de trouver une solution politique à nos problèmes comme il n'a pas la volonté de résoudre l'équation Aqmi", expliquait, en décembre à Paris, Hama Ag Sid Ahmed, le porte-parole chargé des relations extérieures du MNLA. "Des actions militaires importantes continueront tant que Bamako ne reconnaîtra pas notre territoire comme une entité à part", a-t-il ajouté mercredi dans un communiqué.
L'Etat malien absence de la région
Les rébellions sont récurrentes au pays des "hommes bleus". Un important soulèvement a éclaté en 1990, puis, en mai 2006, plusieurs centaines de combattants prirent le maquis pour réclamer un statut d'autonomie. Des négociations conduites sous l'égide de l'Algérie avaient permis de parvenir l'année suivante à un accord de paix avant que les escarmouches ne reprennent en 2009. Ce sont peu ou prou les mêmes protagonistes qui refont surface. Ils réapparaissent quatre mois avant l'élection présidentielle malienne.
Après dix années de mandat, le président Amadou Toumani Touré ne se représente pas. Son départ favorise les surenchères. La redistribution des cartes politiques entraîne par un effet domino des repositionnements dans une région réputée autant pour son irrédentisme que pour la versatilité de ses alliances.
Les interrogations soulevées par le manque de présence de l'État dans ces provinces désertiques ajoutent au malaise. "Bamako a laissé pourrir la situation et, comme la nature a horreur du vide, Aqmi a peu à peu occupé l'espace au détriment des Touaregs. Les djihadistes ont pu installer en toute impunité des bases fixes. Résultat: aujourd'hui plus personne ne maîtrise quoi que ce soit", résume Hama Ag Sid Ahmed.
Y.K/T.O.
Commentaires (3) | Réagir ?
J'ai vu une photo sur le lien ci dessous, image de twareg mais y a un intrus, qui se tient debout sur le 4x4 on peut pas dire que c'est un Malien blanc ni un Targui déguisé en blanc bec. Domination étrangère vous dites.
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Il est temps que les derniers peuples sous domination étrangère accèdent à la souveraineté.