Egypte: Vingt quotidiens indépendants en grève contre Moubarak
Vingt quotidiens indépendants et d'opposition n'ont pas paru aujourd'hui dimanche en Egypte pour protester contre les récentes atteintes à la liberté de la presse par le pouvoir de Hosni Moubarak.
Ce mouvement de grève, initié par les rédacteurs en chef de 15 journaux, avait été annoncé fin septembre dans un communiqué syndical dénonçant une "campagne acharnée contre la presse libre en Egypte".
Outre ces quotidiens, des hebdomadaires ne devraient pas paraître non plus cette semaine.
Les relations entre le régime et la presse non gouvernementale sont de plus en plus tendues en Egypte, avec une multiplication des procès contre des journalistes.
«Il n’y a pas de liberté de la presse dans un pays où l’Etat peut vous emprisonner pour avoir simplement critiqué le Président.» Pour l’organisation Human Rights Watch, la série de condamnations à des peines de prison ferme de journalistes accusés d’avoir nui à l’image du pays en critiquant le pouvoir est un coup sévère porté au processus démocratique en Egypte
En septembre, ils sont sept à avoir écopé de peines de prison ferme allant jusqu'à deux ans pour avoir "nui à l'intérêt général" dans des articles critiquant le régime ou pour avoir "porté atteinte au prestige de la justice".
La semaine dernière, c’était au tour d’Ibrahim Eissa, une des bêtes noires du régime, d’être convoqué devant la Cour de sûreté de l’Etat, une juridiction d’exception théoriquement réservée aux affaires terroristes. Son crime : avoir « gravement nui à la stabilité et à l’image du pays» en rapportant les rumeurs concernant la mort supposée du président Moubarak cet été. Devant le tollé provoqué par cette décision, critiquée jusqu’à la Maison Blanche, le journaliste a finalement été renvoyé devant un tribunal ordinaire. Le politologue Mohamed Sayed Saïd, rédacteur en chef du dernier-né des quotidiens égyptiens, Al-Badil, doit également être entendu pour les mêmes raisons.
Il est passible de trois ans de prison pour "diffusion de fausses nouvelles nuisibles à l'intérêt général et à la stabilité du pays".
Les Etats-Unis, dont l'Egypte est un des principaux alliés dans la région, ont fait part de leur "profonde" inquiétude face à ces condamnations à répétition. Le Caire a dénoncé une "ingérence inacceptable".
Cette volonté de « taper sur les clous qui dépassent » inquiète la presse et l’opposition qui y voient une campagne pour remettre le pays en coupe réglée dans l’optique d’une accession au pouvoir de Gamal Moubarak. Le fils du président est présenté par les analystes comme son successeur le plus vraisemblable. Un scénario quotidiennement critiqué par la presse indépendante, qui avait gagné une certaine marge de manœuvre ces dernières années. Hosni Moubarak s’était pourtant engagé à dépénaliser les délits de presse.
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