Assugwas ameggaz dans le net du sujet
Parfois des erreurs dans les interconnexions de la toile vous gratifient de superbes informations ratées dans le passé récent.
Vous naviguez pour la banque immédiate sur un travail précis quand un courriel incongru vous interpelle dans l’une de vos adresses. Vous y allez et vous lisez une invitation pour une journée d’études sur des procédés manageriels organisées par le ministère marocain du Commerce. Vous n’êtes ni commerçant, ni journaliste économique, encore moins sujet chérifien ni avoir mis les pieds au Maroc depuis plus de vingt ans.
La Chambre de commerce international Maroc (ICCM) vous convie, donc, à croiser des points de vue à Tanger avec des experts mondiaux de l’entreprise initiés à la demande de grands promoteurs marocains à l’exportation, avec en haut du message un site vers lequel tout de suite vous foncez. De salamalec en piège viral, vous sauter les pages en cliquant diverses références et vous tombez net sur une publication qui vous donne soudain envie de croire que votre monteur veut seulement vous mettre l’eau à la bouche :
"Le Maroc et les Etats-Unis ont signé, lundi à Rabat, une déclaration d’intention pour la mise en place de l’initiative Marroco Atlantic Bridge, signée par le ministre du Commerce extérieur, Abdellatif Mazouz, et l’ambassadeur américain, Samuel Kaplan. Cette déclaration s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie marocaine pour le développement des exportations, Maroc export initiative plus, et de l’initiative américaine nationale des exportations, National export initiative. Cette initiative vise le renforcement des relations commerciales et de partenariat entre les deux pays, ainsi qu’une meilleure exploitation de l’accord de libre échange en vigueur entre les deus pays.
"Le Maroc va tirer profit des 105 agences américaines qui participent à faire connaître les produits, les services et les investissements américains dans le monde pour développer les exportations du Maroc et augmenter les échanges entre le royaume et les Etats-Unis. Par ailleurs, l'initiative va faciliter l'implantation et le développement des entreprises américaines au Maroc, afin de mettre à profit le positionnement stratégique du Maroc comme plate-forme commerciale logistique, de services, d'organisation d'événements et de salons internationaux pour les entreprises américaines".
"Ainsi, les firmes américaines pourront accroître leurs ventes sur les marchés d'Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient et de l'Union européenne à partir du Maroc. Les domaines de coopération concernent notamment l'organisation d'événements promotionnels conjoints, la mise en relation des hommes d'affaires et des institutionnels marocains et américains, la certification des foires marocaines selon la norme américaine (CTF) et le renforcement de la communication. Les secteurs ciblés par l'initiative sont les technologies de l'information et des télécommunications, l'automobile, les énergies renouvelables, les composants électriques, les produits pharmaceutiques, le matériel et services logistiques, l'aéronautique et les technologies de l'environnement et les biens de consommation." C’est une dépêche publiée par l’agence marocaine, le 2 novembre passé.
L’illusion des PNB et des travailleurs réels
Vous voyez bien, ya el khawa, ce qui nous différencie un peu de nos frères berbères de l’Atlas, pour lesquels le yennayer, puisque l’on en est, est une fête où d’abord l’amazigh exhibe avant tout les produits qui sortent de sa maison. Nos ancêtres sortaient aux abords de leurs villages pour montrer aux voyageurs les biens du terroir faits de leurs mains et de leur sueur, ces biens iront, pour une bonne partie, par les montagnes et les vallées dire les passions et les peines des gens qui les ont fabriqués. Ils iront se mêler aux outils de l’autre et à ses habitudes. Ça remonte à quand déjà le dernier yennayer fêté avec les noisettes et les châtaignes sortis de nos vergers ? Au moins, petit à petit, depuis l’étatisation es hydrocarbures et la main basse sur leurs rentes qui ont tari toutes les facultés inventives, dans l’agriculture et dans le savoir-faire industrieux. A ce point du paradoxe démoniaque où, désormais, en 2012, sur les rives de la Méditerranée, un salaire ne suffit pas aux Algériens non encore viciés pour financer un régime végétarien et se soustraire à l’habillement synthétique..
Comment peut-on échanger un assugwas ameggaz sincère avec un marchand maraîcher ou fruitier quand lorsque vous faites un geste pour touchez une tomate ou une pomme, il fronce les sourcils en serrant les points comme si vous vous apprêtez à palper les glandes mammaires d’une proche à lui tandis que dans un marché à Casablanca, Fès, Sidi Slimane ou Meknès si ce n’est pas vous qui choisissiez les denrées, le marchand comprendrait un moment que vous venez quémander ?
Observez dans nos souks, si on peut appeler cela ainsi, la place que grignotent de jour en jour les marchandises dans les espaces destinés au passage des clients, comme si la valeur intrinsèque des produits nourriciers ont beaucoup plus de valeur que les acheteurs.
Nos voisins berbères se laissent faire pour eux le Morroco Atlantic Bridge parce qu’ils ont passé avec succès le pont de la Méditerranée ; leurs produits, comme d’ailleurs ceux de nos deuxièmes mitoyens berbères de Tunisie, défient sérieusement les fournitures européennes. Pauvre assugwas ameggaz de notre impénitent régime, indécrottable système qui ne s’offusque de nulle situation d’absurde, qui fait semblant pendant presque trente ans de vouloir intégrer le grand consortium commercial mondial sans faire les efforts intelligibles pour au moins donner l’impression de le mériter en étant capable de l’assumer quand le pays n’exporte rien à par les produits des entrailles du Sahara et à perte, ici et là, chaque jour des concitoyens démoralisés. Une centaine de milliers de salariés travaillent concrètement pour notre produit national, 280 milliards de dollars l’année 2010, tandis que l’ensemble des travailleurs marocains fait ramener 150 au Makhzen et les six millions de travailleurs algériens restants ne font renter aucune devise au pays. Une situation de rapport monétaire pire que pendant la période du franc colonial, garanti alors par les exportations agraires et manufacturées. Bien sûr le Marocain quand il dit, aujourd’hui, assugwas ameggaz, il est fier de le crier même en pensant - et en faisant pour- parvenir à être la plateforme commerciale entre l’Occident et l’Afrique et le monde arabe.
Il ne tire pas simple gloire en officialisant la langue amazighe, il va avec cette langue, quand il fait faire voyager ses produits, démonter qu’il sait travailler en même temps.
Nadir Bacha
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