Les dérives du ministère du Tourisme

Le ministre du tourisme
Le ministre du tourisme

Avant de pouvoir gérer une agence de voyages, les candidats à l’adoption d’une demande dans ce sens doivent d’abord décrocher un agrément.

En moyenne, en Algérie, moins de 10% des demandes d’agrément se soldent par un refus. Sauf du temps où l’agrément dépendait des walis, où les taux de refus dépassaient largement les 50%. Ce que révèle notre enquête sur les pratiques dans le département "agrément" du ministère du Tourisme est édifiant.

L’agrément est une sorte de "permis de pratiquer" délivré par une commission du ministère du Tourisme, à la suite d’une démarche administrative qui prend quelques mois. Une série d’entretiens et de visites sur les lieux de travail de(s) candidat(s) est menée par la direction du tourisme des différentes wilayas suivie d’un groupe de personnes qui viennent prendre des informations pour établir un constat. Cela se termine par un "avis" émis par la direction de la commission d’agrément, puis on attend que siège la commission pour la délivrance de l’agrément – ou son refus – par les membres de la commission, lesquels ne répondent jamais aux questions posés ni à justifier un éventuel refus.

Commission des agréments ou entreprise de démolition ?

Au-delà des chiffres, certaines associations comme le pseudo Snav ferme les yeux sur les conditions dans lesquelles les candidats à l’agrément sont "accompagnés et évalués", comme le stipule la loi. "On nous demande d’évaluer", affirme le président, "alors on évalue". La dimension d’accompagnement des candidats n’existant pas dans cette démarche entreprise par la commission ministérielle, elle est mise de côté par mépris et le directeur, un certain M. Rébach (digne élève de son prédécesseur M. Bouchdira) refuse systématiquement de préciser sur quels critères se déroule cette "évaluation"…

En réalité, la loi ne fixe pas de cadre précis. La commission doit simplement s’assurer que les demandeurs présentent les conditions requises sur le plan social (niveau financier et matériel et à peine une fiche de professionnalisme) vous pouvez être hôtesse de l’air, garçon de café, hôtelier ou comptable ça passe, mais les capacités éducatives, familiales et le contexte psychologique dans lequel vous avez été élevé ne sont pas formulés dans le projet même si c’est extrêmement important. Vous pouvez pu être trabendiste, boucher ou maçon, peu importe !). Un cadre général, sans beaucoup de critères objectifs qui fait le lit de toutes les dérives.

L’opacité cultivée sur les critères d’évaluation des candidats jette un peu plus d’opprobre sur les pratiques. Pour les candidats qui ne rentrent pas dans le moule tel qu’il semble dessiné par les services des agréments de ce département, le processus d’évaluation relève plus du jeu de massacre, ou d’une "entreprise de démolition" des agences, selon notre connaissance.

Portrait-robot des candidats "recevables"

Même si le rapport de l’avis est favorable, il est à charge du début à la fin, 21 conditions pour devenir agent de voyages, toutes capables d’amener le candidat directement en prison. Il faut les lires pour le croire, mais avant il faut une bonne situation, de bons revenus, un agent très équilibré, même s’il parfaitement malade mentale ou surtout obsédé sexuel. Nous en connaissons quelques-uns et c’est justement ceux-à qui ont reçus rapidement leur agrément. Ensuite, le rapport enchaîne sur les conditions d’exercer inventés de toutes pièces, les "nuances enlevées", des "jugements" à l’emporte-pièce, et se conclut sur un avis favorable pour les copains d’abord ou défavorable pour les contestataires. Sur un ou plusieurs critères officieux qui régissent l’attribution de l’agrément, pour rentrer enfin dans le moule de ces messieurs de la commission.

Concernant les autres candidats à qui on a enlevé l’agrément, l’assistante que comprend la commission relève que certains agents de voyages ne méritent plus de faire partie du cercle très fermé des voyagistes huppés du secteur BCBG et sauf si c’est un copain d’un membre de la commission. Ou devenir fourbe comme Zeriab voyages et dénoncer les copains pour un appui secourable du SNAV. Oui, oui, rien que çà !

Grâce à de multiples méfiances effectués auprès des fameuses, association spécialistes de l’inégalité, on a pu dresser le portrait-robot des candidats "recevables" dans ce département : Vous devez être bien sûr en règle avec Air Algérie et toutes les autres compagnies aériennes, vous avez payé régulièrement vos factures et vos cotisations et en règle spécialement avec le fisc. Vous n’avez jamais mis à la porte une jeune fille qui travaille sérieusement chez vous, pourtant ponctuelle à son travail ou vous l’avez amenée spécialement vous assister à un contrat alors que vous lui avez construit lâchement un piège … Vous avez entre 35 et 50 ans, madame est plus jeune que monsieur, vous avez fait un long parcours de spécialiste du tourisme assisté – que vous avez justifier bien évidement avec des diplômes conformes, vous sortez de Cambridge ou d’Oxford université comme l’est ce quidam du SNAV, vous avez un minimum de plusieurs langues que vous métrisez parfaitement. Vous avez des enfants biologiques, votre casier judiciaire acheté est blanc comme neige et vous vous acquittez des prestations de votre clientèle via la Banque de la manière la plus honnête bien évidement etc., donc le président du fameux SNAV ou celui du FNAT va signer, d’abord les leurs et ensuite vous souhaiter la bienvenue dans le club des privilégiés de la commission. Et nous ne poserons aucune question, trop intrusive, sur vos agences de voyages qui relèvent du respect et du secret professionnel, et porter nos convictions religieuses quand à votre irréprochabilité.

Oubliant certainement dans sont rapport, une référence - totalement hors de propos et illégale – Surtout pour ne pas déranger monsieur le ministre. Faut-il rembourser le dépôt financier des agents de voyages suspendus ?

Verbiage

D’après les informations que nous avons rassemblées, il ne s’agit pas de suspendre simplement un agent de voyages isolé mais bien de répondre sérieusement à une question embarrassante. Ces agents de voyages suspendus ont bel et bien une expérience de plusieurs années maintenant, n’est ce pas ? De l’expérience, ils en ont acquis depuis aussi, n’est-ce pas ? Une pratique courante érigée en règle de fonctionnement. Parfaitement aussi, n’est-e pas ? Et ça, c’est une des règles fondamentale à l’attribution de ce fameux agrément. Alors dites-moi monsieur Rabach, pourquoi devront-ils êtres suspendus ?

Les motifs de refus d’agrément deviennent dès lors totalement bidons, et fruit d’interprétations vaseuses, d’inventions de toutes pièces ou de conclusions de comptoir, de la part de cette commission de fonctionnaires et de syndicalistes corrompus du ministre.

Des motifs de refus exprimés dans "un verbiage qui ne veut pas dire grand chose", méconnaissance des particularités de la base de fonctionnement d’une agence de voyages ? "Et lorsque l’on prend les retranscriptions des évaluations, on se rend compte qu’il n’y a rien qui vient fonder une telle réserve". M. Rabach. La loi ne dit pas grand chose dans la cacophonie établit par ce classement des agences A ou B car elle permet toutes les dérives. Vous ne trouvez pas étonnant que tous ceux qui ont étés retenues veulent devenir agence B alors que la raison d’existence d’une agence de voyages est d’être A dont la mission principale est de participer au développement de l’économie nationale en emportant des touristes étrangers et non le contraire… ?

Le drame pour tous les agents de voyages suspendus est que les services de M. Rabach n’ont de comptes à rendre à personne. Sauf au président de cette commission ou à Monsieur le ministre qui semble leur avoir signé un blanc-seing. Et qui refuse de s’exprimer, malgré nos demandes appuyées et répétées. C’est étrange, non ?

Le seul moyen de contester les conclusions est donc de saisir des tribunaux administratifs de la république. En mettant la commission de M Rebach "en contradiction avec ses propres évaluations qui ne viennent pas à l’appui des décisions de refus, on obtient untaux d’annulation de ces décisions de refus proche de 90%". Oui, oui d’autant plus que ni le FNAT qui y siège ni le SNAV ne sont légaux ! La commission, même devient alors caduque.

Fayçal Maarfia

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