Nigeria : une mosquée attaquée
Sur fond de tensions religieuses, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour protester contre la hausse des carburants.
Au Nigeria, c'est un peu le cocktail explosif. Sur fond de tensions religieuses qui pourraient provoquer une guerre civile, le pays a entamé lundi 9 janvier une grève générale et des manifestations ont été organisées dans les principales villes pour dénoncer la hausse brutale du carburant. A peine commencée, la mobilisation a dégénéré et une personne a été abattue par la police à Lagos, la capitale économique, selon un organisateur. Dans le nord, la Croix-Rouge a enregistré sept personnes blessées par balles.
Des manifestant ont attaqué une mosquée à Benin City dans le sud du pays, "blessant plusieurs personnes", selon la police et de témoins. Selon un responsable de la Croix-Rouge, 10 personnes ont été blessées lors de ce raid, qui a aussi visé un bureau de change tenu par un musulman, situé à proximité de l'édifice religieux. Un correspondant de l'AFP a vu la police emmener un homme blessé à la tête d'un coup de machette.
A Kano, la principale ville du Nord du pays, la police a lancé des gaz lacrymogènes et tiré des coups de feu en l'air à Kano pour empêcher des milliers de manifestants d'accéder au bureau du gouverneur, selon un correspondant de l'AFP. Une immense foule a tenté d'entrer dans le bureau du gouverneur avant d'être repoussée par les policiers, selon le journaliste.
Les manifestants avaient commencé à se rassembler dans la matinée dans les principales villes où la police s'est déployée en nombre par crainte de débordement. Les rues de la capitale économique Lagos, habituellement embouteillées, étaient complètement vides, à l'exception des manifestants qui se rendaient aux points de rassemblement. Dans les locaux d'un syndicat, quelque 300 personnes scandaient des slogans anti-gouvernementaux avant d'entamer une grande marche. Dans une rue à proximité, des pneus enflammés bloquaient la voie.
Les syndicats de travailleurs, qui menacent d'une grève illimitée sur tout le territoire, protestent contre l'augmentation des prix du carburant. Le litre d'essence à la pompe est ainsi passé lundi de 65 nairas (0,30 euro) à au moins 140 nairas (0,66 euro), en raison de la suppression des subventions gouvernementales sur le carburant le 1er janvier.
L'Assemblée nationale a adopté une motion pour demander au gouvernement de faire marche arrière sur sa décision d'augmenter les prix du carburant pour permettre une évolution du dialogue lors d'une session d'urgence dimanche. Les parlementaires ont également demandé aux syndicats de "suspendre leur projet de grève générale et de participer à un dialogue approfondi sur cette question".
Le président Goodluck Jonathan a fait une tentative de dernière minute samedi soir dans une adresse télévisée pour défendre la politique de son gouvernement dans l'espoir que les syndicats annulent leur projet de grève.
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