La Ligue arabe compréhensive avec Bachar Al-Assad
L'organisation panarabe s'avère de plus en plus permissive et amène avec le dictateur de Damas.
Malgré la poursuite des tueries, les arrestations, le canardage des manifestants, la Ligue arabe laisse encore le temps au dictateur syrien de mettre fin à la violence. Pourtant, Al Assad a montré à maintes reprises qu'il ne tient nullement ses engagements. Qu'importe ! la Ligue est compréhensive. Dans la foulée de la formidable dynamique du printemps arabe on a tendance à oublier que cette organisation est constituée pour la plupart de chefs d'Etat non élus qui n'ont rien à voir avec l'exercice démocratique. La Ligue a jusqu'à il y a quelques mois soutenu toutes les dictatures de sa phère d'influence. Aussi, sa position ambigue concernant la Syrie s'explique par son passé.
Le statu quo
Le premier résultat de la mission de la Ligue arabe en Syrie ne devrait pas rassurer ceux qui l'accusent de tiédeur. Après avoir lu le premier rapport des observateurs, arrivés le 26 décembre en Syrie, le comité ministériel chargé du dossier syrien, réuni dimanche au Caire, renvoie dos-à-dos les forces de sécurité du régime et l'embryon d'"armée libre" formée de déserteurs. La résolution "appelle le gouvernement syrien et tous les groupes armés à stopper immédiatement tous les actes de violence". La formule devrait réjouir le président Bachar Al-Assad, qui se dit victime de "gangs armés".
La Ligue arabe préconise la poursuite de la mission mais, autre déception pour les opposants, sans demander le renfort d'experts de l'ONU, comme le souhaitait aussi l'émir du Qatar. Le texte final se contente de réclamer "l'assistance technique" des Nations unies.
Descriptions prudentes
Les observateurs condamnent toutefois la Syrie pour n'avoir pas tenu ses engagements d'appliquer le plan de paix arabe proposé par les 22 États membres. Damas n'a pas mis fin à la répression des manifestations, et l'armée ne s'est pas retirée des villes, assurent les enquêteurs. Mais sans plus. Aucune mesure énergique n'est venue de cette organisation pour posser Damas à cesser la répression sanglante des manifestations. Ni pour une plus grande ouverture pour les médias internationaux par exemple. Le pays demeure fermé comme la Corée du Nord.
En outre, la Syrie n'a que partiellement libéré les prisonniers politiques, dont certains restent détenus dans des sites secrets. Mais d'autres aussi sont arrêtés. Les observateurs font pourtant preuve d'une grande prudence dans leurs descriptions des manifestations. Faisant état de "cadavres dans les rues" ils ne désignent pas le coupable et se contentent de mentionner que le régime et l'opposition s'accusent mutuellement de la mort des manifestants. Les enquêteurs évoquent aussi l'encadrement sur le terrain par des représentants des services de sécurité.
Les observateurs "harcelés"
Mais là aussi, le rapport dénoncerait un "harcèlement" des deux côtés, du pouvoir comme de l'opposition, selon des fuites. On ne savait pas, dimanche, si le rapport acceptait sans réserve la version officielle sur les attentats terroristes de Damas le 23 décembre et le 6 janvier, attribués par le régime à al-Qaida ou à l'opposition en général.
L'avenir paraît sombre pour les quelque 150 observateurs. "La mission est un échec depuis le début, juge un diplomate arabe. D'emblée, on a mis de côté les trois quarts du plan de paix arabe, qui ne demande pas seulement l'arrêt des violences et la libération de tous les prisonniers, mais aussi, immédiatement, un dialogue avec l'opposition." Pour ce diplomate, la faute en revient aux États de la Ligue, "qui auraient dû insister sur ce point. Or ils n'ont fourni aucun accompagnement politique à la mission".
Pendant ce temps, la violence continue. Samedi, 21 civils ont été tués par les forces de sécurité, et 11 militaires de l'armée régulière ont été abattus par des soldats déserteurs à Basr al-Harir, dans la province de Deraa. Des combats se poursuivaient dimanche à Daël, dans la même province.
Un autre événement a marqué le week-end : une importante flotte militaire russe a fait escale dans le port syrien de Tartous, puissant symbole du soutien de Moscou à Bachar Al-Assad. La Russie fournirait-elle des armes à la Syrie ? Tout semble le confirmer.
Y. K./AFP
Commentaires (1) | Réagir ?
La Ligue arabe c'est quoi ce groupe de guignols ? Ils ne servent à rien et continue de baiser les pieds de ce criminel Al Assad; j'ai honte pour eux, ils sont incapables d'agir mais qu'ils arrêtent au moins d'insulter le peuple sSyrien digne dans son combat pour la liberté. J'espère que dans peu de temps Al Assad ira rejoindre le panthéon de Ben Machin Ali, Moubarak, Kadhafi et autres horreurs. Comme le dit le grand musicien syrien "watani ena, ena watani".