A quoi joue le régime syrien ?
Une explosion a fait des victimes, surtout civiles, près d'une école dans le quartier historique de Midane, dans la capitale syrienne. Le Conseil national syrien accuse le régime d'être derrière cet attentat suicide.
L'explosion aurait fait au moins 26 morts et 46 blessés. Il s'agirait d'un attentat-suicide, qui s'est produit ce vendredi matin dans le quartier historique de Midane à Damas, selon la télévision publique syrienne. "Dix personnes ont été tuées et des restes des corps d'au moins quinze autres personnes ont été retrouvés. 46 autres ont été blessées", a affirmé la télévision dans un premier bilan, précisant qu'il s'agit en majorité de civils. "L'attentat a eu lieu dans un quartier populaire près d'une école dans un lieu bondé", a précisé la télévision qui a diffusé les premières images des lieux de l'explosion. Cet attentat est survenu au moment où des centaines de Syriens ont commencé à manifester dans plusieurs villes du pays à l'appel des militants pro-démocratie, pour réclamer l'aide de l'ONU en vue d'un arrêt de la répression sanglante de la révolte populaire lancée il y a bientôt dix mois contre le régime.
"D'après les premiers éléments, il s'agit d'un attentat suicide qui s'est produit devant un feu rouge", selon la télévision. "L'attentat terroriste a visé les habitants. L'explosion a été puissante et les ambulances se dirigent vers le quartier", a-t-elle ajouté. Mais à quelle partition sanglante joue le régime pour se maintenir ? Il est cependant clair qu'il n'est plus à un attentat près pour détourner l'attention et accusé d'hypothétiques organisations criminels de terrorisme. La tournure des événements est extrêmement grave. Après les snipers qui canardent les manifestants, on assiste à l'apparition de voitures piégées ou d'attentats suicides. La Ligue arabe a montré ses limites sur ce dossier.
Le CNS accuse le régime
Le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l'opposition, a accusé le régime du président Bachar al-Assad d'être derrière l'attentat suicide ce vendredi. Dans un communiqué reçu par l'AFP à Nicosie, le CNS accuse le régime de chercher à "créer le chaos et à détourner l'attention de ses crimes de meurtre et de torture", lui faisant porter "l'entière responsabilité de l'attentat et de ceux qui l'ont perpétré". Selon le CNS, l'attentat "porte clairement l'empreinte du régime".
Les Frères musulmans, qui font partie du CNS, avaient déjà accusé le régime de l'attentat de vendredi. Ils avaient aussi tenus pour responsable le régime syrien d'avoir "fabriqué" les attaques suicide à la voiture piégée ayant visé le 23 décembre à Damas la Direction de la sûreté générale et un bâtiment de la sécurité militaire. 44 personnes y avaient été tuées et 150 blessées. Les autorités les avaient imputé à Al-Qaïda.
"Nous condamnons résolument cet attentat", a déclaré vendredi la porte-parole de la diplomatie américaine Victoria Nuland. "A ce stade, nous ne pouvons pas dire comment c'est arrivé", a-t-elle ajouté à propos de cet acte imputé par les autorités à des terroristes mais pour lequel les opposants accusent le régime. "Nous ne pensons pas que la violence (...) soit la bonne réponse aux problèmes en Syrie", a-t-elle ajouté.
Rapport des observateurs dimanche
La chaîne privée Dounia, proche du pouvoir, a annoncé qu'une équipe d'observateurs arabes s'était rendue sur le lieu de l'explosion mais qu'aucun d'entre eux n'avait fait de commentaires. Cet attentat survient alors qu'une cinquantaine d'observateurs de la Ligue arabe sont déployés en Syrie pour surveiller la situation dans le pays.
La communauté internationale perd patience devant la brutalité du régime. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a jugé ce vendredi que la Ligue arabe n'avait pas été mesure "de faire son travail correctement". "Nous estimons que les observateurs font de leur mieux", a déclaré de son côté la porte-parole de la diplomatie américaine Victoria Nuland. "La question à se poser, c'est plutôt de savoir si le régime syrien coopère pleinement avec les observateurs comme il s'est engagé à le faire".
Le Conseil national syrien a affirmé qu'"un accord sur un effort conjoint entre la Ligue arabe et le Conseil de sécurité de l'ONU constituerait un premier pas vers des mesures urgentes et nécessaires pour assurer la protection des civils, et faire en sorte que le régime ne commette plus de meurtres et d'attentats". Le Comité ministériel arabe chargé du dossier syrien doit se réunir dimanche au Caire pour entendre le rapport du chef des observateurs.
Avec AFP
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