Les ex-rebelles se déchirent à Tripoli
Les combats entre milices anti-Kadhafi mettent en difficulté le gouvernement provisoire.
Propos alarmistes ou réelle inquiétude ? Moustafa Abdeljelil, président du Conseil national de transition (CNT) libyen, s’alarme désormais publiquement des affrontements récurrents entre les milices armées déployées à Tripoli. "Nous nous trouvons confrontés aujourd’hui à deux choix. Soit nous répondons sans faiblesse à ces évènements qui entraînent les Libyens dans une confrontation militaire que nous ne pouvons accepter, soit c’est la sécession et la guerre civile", a-t-il déclaré mardi soir lors d’une réunion à Benghazi (est de la Libye).
Moustafa Abdeljelil réagissait aux derniers combats qui ont opposé, mardi à Tripoli, des ex-rebelles de la capitale à d’autres originaires de Misrata (est). Les affrontements, dont les causes restent floues, ont fait 4 morts et au moins 4 blessés. Il s’agit du plus grave incident depuis la mi-décembre, lorsque des soldats avaient tenté, sans succès, de déloger les révolutionnaires de Zintan (ouest) qui contrôlent l’aéroport international de Tripoli.
Plus de deux mois après la mort de Muammar Al-Kadhafi, les autorités libyennes ne parviennent toujours pas à imposer leurs décisions aux katibas (brigades) rebelles. Celles de Zintan et Misrata ont refusé de quitter Tripoli le 20 décembre, comme le réclamait le conseil municipal de la capitale. Les thuwars (révolutionnaires) contrôlent toujours des bâtiments de l’ancienne administration et continuent de gérer leurs propres prisons. Ils procèdent également à des arrestations. Autant de prérogatives qui exaspèrent la population.
Sûrs de leur puissance et de leur légitimité acquise durant la révolution, les ex-rebelles ont également des exigences au niveau politique. S’estimant sous-représentés au CNT, ils en revendiquent désormais 40% des sièges (Libération du 28 janvier).
Face à eux, le gouvernement provisoire libyen n’a que peu de marges de manœuvre. Une option suivie par le CNT est de proposer aux ex-rebelles des postes au sein de l’armée et de la police. Pour les convaincre, le gouvernement mise sur Youssef Al-Mangouch, nommé hier chef d’état-major, un poste vacant depuis l’assassinat d’Abdelfattah Younès le 28 juillet. Ancien colonel de l’armée libyenne, Al-Mangouch avait rejoint la rébellion dans l’Est libyen avant d’être arrêté par les forces kadhafistes près de Brega. Il a été libéré fin août, lors de la prise de Tripoli. Un parcours qui, espère le CNT, le rendra légitime aux yeux des ex-rebelles.
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Ce n'est qu'une suite logique aux événements passés, Paris ne s'est pas construite en un jour non plus !