Syrie: le chef militaire de l'ASL en appelle à l'ONU
Le chef de l'Armée syrienne libre (ASL) a qualifié jeudi d'"échec" la mission des observateurs arabes en Syrie en raison de la répression incessante de la révolte populaire, et appelé à une aide de l'ONU pour mettre fin à près de dix mois d'effusion de sang.
Parallèlement, les militants pro-démocratie ont appelé à des manifestations vendredi pour réclamer "une internationalisation" de la crise, alors que la répression a fait encore 11 morts civils tués par les troupes à Homs (centre) et Deir Ezzor (est), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
"On espère qu'ils (la Ligue arabe) annoncent l'échec de cette initiative" des observateurs, a déclaré à l'AFP le colonel Riad Assaad, chef de l'Armée syrienne libre (ASL), qui revendique quelque 40.000 militaires ayant fait défection de l'armée syrienne. Il faisait référence au Comité ministériel arabe chargé du dossier syrien qui se réunit dimanche au Caire pour entendre le rapport du chef de la mission d'observateurs, de plus en plus décriée par l'opposition syrienne.
Le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, président du Conseil ministériel, a évoqué une possible aide de l'ONU pour les observateurs en admettant que ces derniers avaient fait "des erreurs" en raison d'un manque d'expérience. Il a aussi indiqué, lors d'une rencontre mercredi avec le chef de l'ONU Ban Ki-moon, que la Ligue arabe devait décider après avoir entendu le rapport dimanche si cette mission allait se poursuivre et comment.
"Nous souhaitons que la Ligue arabe se désiste et permette à l'ONU, la plus habilitée à trouver des solutions, d'assumer la responsabilité", a dit le colonel Assaad, basé en Turquie et joint au téléphone depuis Beyrouth. "Nous, et le peuple syrien, sommes pour le transfert du dossier à l'ONU car les Arabes ne sont capables de prendre aucune décision réelle sur la Syrie". Le chef de l'ASL a en outre confirmé une rencontre entre des observateurs arabes et des membres de l'ASL à Homs, un haut lieu de la contestation.
Sur une vidéo diffusée par des militants sur YouTube, on voit des hommes en uniforme militaire et d'autres portant le gilet orange des observateurs, tandis qu'un homme en civil explique que la réunion vise à montrer que ces combattants sont des officiers dissidents et non un "gang armé" comme l'affirme le régime.
La controverse suscitée par la mission des observateurs a incité plusieurs parties à favoriser une intervention de l'ONU pour mettre fin à la répression menée par le régime du président Bachar al-Assad qui a fait plus de 5.000 morts depuis le 15 mars selon l'ONU.
Selon les Comités locaux de coordination, qui chapeautent la mobilisation sur le terrain, 390 personnes ont été tuées depuis le début de cette mission arabe le 26 décembre, alors que le protocole arabe la régissant appelait à un arrêt total des violences et au retrait des chars des villes syriennes.
Washington a estimé que le régime syrien n'avait pas respecté ses engagements vis-à-vis de la Ligue arabe et qu'il était "largement temps" pour l'ONU d'agir. Paris a jugé "utile" une contribution de l'ONU pour "renforcer la mission" des observateurs. L'opposition syrienne a dénoncé le "manque de professionnalisme" des observateurs arabes, ainsi que "les moyens détournés dont use le régime pour entraver" leur travail.
"Tout le monde est conscient des dangers qui menacent notre révolution. Nous sortirons (dans la rue) avec notre revendication légitime pour une internationalisation de notre cause", ont écrit les militants en appelant à des protestations massives à travers le pays sur la page Facebook "Syrian Revolution 2011". Dans le même temps, les autorités syriennes ont annoncé avoir libéré un nouveau groupe de 552 détenus "impliqués" dans le soulèvement populaire mais n'ayant "pas de sang sur les mains".
Et à Damas, la commission chargée d'élaborer une nouvelle Constitution a décidé d'abolir le référendum sur un candidat unique à la présidentielle en vigueur depuis 1971 au profit d'élections pluralistes, selon le quotidien al-Watan proche du gouvernement.
Par ailleurs, Mahmoud Souleimane Haj Hamad, qui était inspecteur financier auprès du chef du gouvernement syrien et avait aussi en charge le ministère de la Défense, a annoncé sa défection lors d'une conférence de presse au Caire. Il a accusé le régime de recevoir des "aides financières d'Irak et d'Iran".
Enfin deux principaux groupes de l'opposition, le Conseil national syrien et le Comité national pour le changement démocratique, ont affirmé leur volonté de rechercher une stratégie commune face au régime, en dépit de leurs désaccords, selon le gouvernement belge qui a reçu leurs chefs à Bruxelles.
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