Syrie : le camouflet des observateurs de la Ligue arabe
Que reste-t-il à la mission des observateurs en Syrie après les massacres qui se poursuivent ? Aussi de plus en plus de voix s'élèvent pour appeler cette mission à se retirer du pays.
La Ligue arabe est roulée dans la farine par le régime de Bachar Al Assad. Bachar Al Assad n'a pas respecté ce qu'il a signé. Mais nous l'avions écrit ici, ce régime est inamendable, il est capable de toutes les atrocités, pour demeurer. Alors quelle signification donner au silence de la Ligue arabe devant les tueries qui se commettent chaque jour ? Pourquoi l'ONU, l'UE et tous ces pays enclins à dénoncer l'Iran ne font rien ou presque devant la sanglante répression qui se déroule en Syrie ?
Des voix commencent à s'élever timidement. Un organisme relevant de la Ligue arabe a appelé dimanche 1er janvier au retrait des observateurs en Syrie, leur mission n'ayant pas empêché la poursuite de la répression brutale par le régime des manifestants pro-démocratie.
Le président du Parlement arabe, Salem Al-Diqbassi, a exhorté le chef de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi à "retirer immédiatement les observateurs arabes, le régime syrien continuant à tuer des civils innocents". Les agissements du régime du président Bachar Al-Assad "sont une violation claire du protocole de la Ligue arabe qui prévoit de protéger le peuple syrien", a déclaré Salem Al-Diqbassi dans un communiqué.
"Nous assistons à une escalade de la violence, davantage de personnes sont tuées y compris des enfants (...) Et tout cela en présence des observateurs de la Ligue arabe", a ajouté le chef du Parlement arabe, un comité consultatif de 88 membres formé de parlementaires issus des 22 membres de la Ligue arabe. Ces déclarations surviennent alors que la Ligue arabe se prépare à envoyer une nouvelle équipe jeudi en Syrie, selon un communiqué de l'organisation.
Un premier groupe de 50 observateurs est arrivé le 26 décembre pour rendre compte de la situation en Syrie, conformément à un protocole arabe accepté par le pouvoir syrien. Ce protocole prévoit également l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse. Mais la mission des observateurs n'a pas empêché le régime de poursuivre inlassablement la répression sanglante de la révolte populaire.
Un observateur contredit
A la tête de la mission des observateurs arabes, le général Mohammed Ahmed Moustapha Al-Dabi a par ailleurs démenti dimanche les propos de l'un des observateurs, qui faisait état sur une vidéo de la présence de tireurs embusqués à Deraa, berceau de la contestation. "Cet homme a dit que s'il voyait - de ses propres yeux - ces tireurs embusqués, il les signalerait immédiatement", a déclaré le général Dabi lors d'un entretien sur la chaîne BBC. "Mais il n'a pas vu (de tireurs)", a-t-il ajouté.
Moustafa Dabi avait déjà provoqué la fureur de certains observateurs en laissant entendre qu'il avait été rassuré par ses premières impressions à Homs, l'un des foyers de la contestation, où des dizaines de personnes ont péri dans des affrontements ces dernières semaines.
Selon l'agence officielle Sana et la télévision d'Etat, un groupe d'observateurs était dimanche dans les environs de Homs et à l'hôpital militaire, tandis qu'un autre groupe était à Idleb où il visitait l'hôpital public. D'autres observateurs se trouvaient à Deraa et près de Damas pour y rencontrer des habitants, selon les mêmes sources.
Les militants pro-démocratie syriens ont de leur côté célébré l'entrée dans la nouvelle année en organisant des manifestations dans plusieurs villes, après plus de neuf mois de contestation sans relâche et malgré une répression violente ayant fait des milliers de morts.
Un enfant de 7 ans, premier martyr de l'année
Dans la province de Hama (centre), un enfant de 7 ans a été tué dimanche par des tirs des forces de sécurité qui visaient la voiture de son père, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) basé en Grande-Bretagne, en soulignant qu'il s'agit du "premier martyr en 2012".
Dans la ville d'Idleb, dans le nord-ouest, des centaines de personnes ont assisté à un feu d'artifices en bonne et due forme, portant des flambeaux et chantant en faveur de "l'unité nationale et la fraternité islamo-chrétienne".
A Alep (nord), deuxième ville de Syrie, peu touchée jusqu'à présent par le mouvement de contestation, les jeunes du quartier al-Sabour scandaient, selon une vidéo, des slogans de soutien aux villes rebelle de Homs (nord) et Deraa (sud), où est née la révolution en mars. "Assad est l'ennemi de Dieu", criaient-ils également, remerciant sur des pancartes "les chaînes respectables al-Jazira, al-Arabyia et la BBC", pour leur couverture des évènements en Syrie. "Nouvel an sans fer ni chaînes. Nous souhaitons une bonne année aux frères chrétiens. Vive la Syrie libre", proclamait une autre pancarte. A Zabadani, à 50 km de Damas, autour d'un sapin orné de guirlandes vertes, des centaines de personnes dansaient au son des pétards, selon une autre vidéo. Cette célébration sous les feux d'artifice a été l'occasion également d'appeler au départ de Bachar al-Assad. "Le peuple veut le départ de l'assassin", criaient-ils sans relâche. D'autres images ont montré les festivités organisées à Deraa, berceau de la contestation dans le sud du pays. Les manifestants, dans la ville proche de Daël, portant des flambeaux.
Des corps de civils torturés remis à leurs familles
Au même moment, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), annonçait la mort de huit personnes, dont trois tuées samedi par les tirs des forces de sécurité. Dans la région de Homs, deux civils ont péri sous les balles de tireurs embusqués au barrage al-Sawameh dans la ville de Qousseir. A Kafarnoubol dans la région d'Idleb, près de la frontière turque, un civil a été tué par une balle perdue.
Les corps de quatre autres civils, qui avaient été arrêtés par les forces de sécurité et certains torturés, ont par ailleurs été remis à leurs proches à Wadi Irane dans la région de Homs et à Ariha, dans la province d'Idleb, a indiqué l'OSDH, basé en Grande-Bretagne. Une femme est décédée samedi des suites de blessures reçues vendredi à Tibet al-Imam à Hama, dans le centre du pays, selon la même source.
Commentaires (1) | Réagir ?
Je crois d'abord il faut attendre la fin de la mission pour pouvoir juger de son échec ou de sa réussite.
Ensuite, il faut bien mûrir la réflexion si demain la Ligue arabe dénonce le régime syrien.... parce que après : ce sera un remake du scenario libyen.... avec cette particularité : la présence du régime iranien qui sait que l'écrou de sa survie est à Damas et nulle part ailleurs.
Ce ne sera pas du gâteau ni pour les uns ni pour les autres ; ce qui est sûr que les Arabes, dans la future bataille, perdront encore beaucoup du trop peu de liberté qui leur reste.... en tous les cas, ils ne seront pas les "heureux gagants"....