Le Mouvement de la société pour la paix du défunt Mahfoud Nahnah est le représentant de l’islamisme domestiqué par le pouvoir. Complice tacite et intéressé de celui-ci, le MSP privilégie l’entrisme et la participation à l’exercice du pouvoir pour faire passer ses idées islamistes. Aussi, il a été un soutien indéfectible au président Bouteflika. Membre de l’alliance présidentielle avec l’ancien parti unique et le RND, le MSP, version Bouguerra Soltani a notamment applaudi toutes les mesures ou politiques menées par le président depuis 10 ans. Avec ses ministres au gouvernement, le MSP a appliqué à la lettre les oukases présidentiels. N’a-t-il pas appelé comme tous les partis croupions du président appelé au viol de la Constitution en 2008 ? Cette même constitution qui fait la part belle à l’hyper-présidence a été donc salué et soutenu par ce parti islamiste, comme au demeurant le FLN, le RND et le PT.

Changement

Mais voilà, depuis quelques semaines il joue en solo. En refusant de voter certains projets de loi d’abord. Depuis quelques jours, le SG du MSP songe de quitter l’alliance présidentielle. Lui a-t-on donné une nouvelle mission ? C’est à croire quand on l’entend déjà caresser le souhait de se présenter à la présidentielle. Mais la nouveauté dans le discours de ce parti est l’appel à l’instauration d’un régime parlementaire. "Tous ceux qui plaident et militent en faveur de l’instauration du régime parlementaire sont nos alliés de 2012 à 2014", a déclaré Soltani. Après avoir soutenu le régime présidentiel, voilà que le MSP se met à l’heure du parlementarisme. Ce changement de position aussi rapide sur deux systèmes politiques différents est décoiffant. Mais à la fin, comment en trois ans peut-on passer de la défense acharnée d’un régime présidentiel au parlementarisme ? Si elle n’était pas mue par l’opportunisme pour être dans l’ère du temps et des calculs bassement électoralistes, cette légèreté dans l’analyse des projets politiques a de quoi inquiéter.

Mais, il n’y a pas que cela. Manifestement la victoire des islamistes au Maroc, en Tunisie et en Egypte donne des idées de victoires au MSP. Depuis cette vague islamiste dans les parlements, Bouguerra Soltani se voit premier ministre et majoritaire au parlement. L’accueil médiatisé réservé à Rachid Ghannouchi, dont le parti est majoritaire à la constituante tunisienne, laisse penser qu’un axe est en train de se préciser.

Sofiane Ayache