Syrie, les observateurs arabes sous contrôle n'ont rien vu de grave
Les observateurs de la Ligue arabe ont pu visiter mercredi des quartiers rebelles de Homs, dans le centre de la Syrie, sur fond de craintes occidentales de voir leur mission escamotée par manque de temps ou de liberté de mouvement.
Parallèlement à cette visite entamée mardi, les autorités syriennes ont annoncé la libération de 755 détenus "impliqués" dans le soulèvement populaire contre le régime de Bachar Al-Assad qui secoue le pays depuis la mi-mars. Ils devaient se rendre mercredi à Deraa (sud), Hama (centre), Idleb (nord-ouest) et près de Damas, des foyers de la révolte. Ils ont également pu visiter des quartiers de Homs, un des bastions de la contestation et troisième ville de Syrie située à 160 km au nord de Damas, où ils ont rencontré des habitants, a annoncé la télévision syrienne.
Selon des militants sur place, cités par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), des observateurs ont accédé finalement au quartier rebelle de Baba Amro après en avoir été empêchés par des habitants en raison de la présence avec eux d’un officier de l’armée syrienne. Les habitants ont demandé aux observateurs de "venir voir les personnes blessées et les parents des martyrs, et non pas des membres du parti Baas" au pouvoir.
Le comité des observateurs s’est rendu ensuite dans un autre quartier rebelle, Bab Sebaa, où le régime avait préparé un défilé de partisans du président Al Assad. L’OSDH a dit "craindre que (…) les observateurs arabes ne deviennent les faux témoins" de la situation en Syrie et quittent le pays sans avoir pu voir la réalité. Les mêmes craintes ont été soulevées par Paris. "La brièveté de leur séjour n’a pu leur permettre d’apprécier la réalité de la situation prévalant à Homs", a estimé Bernard Valero, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Le pouvoir autoritaire de Moscou, fidèle allié du régime syrien, a demandé de son côté à Damas de faciliter le travail des observateurs.
"Nous sommes en relation permanente avec les dirigeants syriens et les appelons à coopérer pleinement avec les observateurs de la Ligue arabe et à créer des conditions de travail aussi agréables et libres que possible", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha Al-Dabi, chef de la mission des observateurs, a pour sa part qualifié de "bonne" leur première visite à Homs mardi, jour où plus de 70.000 manifestants ont défilé dans un quartier de cette ville contestataire, l’une des principales cibles de la répression. "Dès ce soir (mercredi, ndlr) et jeudi à l’aube, les observateurs vont se déployer à Idleb, Hama, Deraa, et dans un périmètre de 50 à 80 km autour de Damas", a déclaré à l’AFP le général al-Dabi.
Il a annoncé l’arrivée de 16 observateurs arabes supplémentaires, qui ont rejoint les cinquante déjà présents depuis lundi soir pour surveiller la situation en Syrie, où un soulèvement contre le régime est réprimé dans le sang et a fait depuis mars plus de 5.000 morts, selon l’ONU.
La sanglante répression se pousuit
D’après l’OSDH, la répression a fait quatre nouveaux morts mercredi tandis que 4 soldats ont été tués par des déserteurs à Deraa, berceau de la contestation. Deux civils, dont un enfant, ont été tués par les forces de sécurité dans le quartier de Baba Amro à Homs. A Hama, plus au nord, un manifestant a été tué et plusieurs autres blessés par les forces de sécurité qui ont tiré à balles réelles et lancé des gaz lacrymogènes sur des manifestants.
Dans la province d’Alep (nord), un civil a été tué par les forces de sécurité dans la localité de Mareh alors qu’il rentrait d’une manifestation à Andane, où des milliers de personnes se sont rassemblées, coupant notamment la route internationale menant à la Turquie.
Dans la province de Damas, sept civils ont par ailleurs été blessés, dont trois grièvement, dans le village al-Abada près de Douma lors d’un assaut mené par les forces syriennes. Mardi, 20 civils avaient été tués par les forces de sécurité, dont huit à Homs.
"D’autres observateurs vont arriver progressivement, jusqu’à couvrir toute la Syrie", a précisé le général Al-Dabi, arrivé ce week-end. La mission des observateurs fait partie d’un plan de sortie de crise qui prévoit également l’arrêt des violences, le retrait de l’armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse.
Le CNS doute
Mais les opposants et militants syriens doutent de l’efficacité de la mission arabe. Le Conseil national syrien (CNS), principal mouvement d’opposition au président Assad, a demandé à l’ONU d’envoyer ses propres observateurs. Les forces de l’ordre syriennes ont fait usage mardi de gaz lacrymogène et même de balles réelles contre les quelque 70.000 manifestants à Homs. Elles avaient, avant l’arrivée des observateurs, retiré les chars déployés dans les rues de la ville rebelle.
Human Rights Watch a accusé le régime syrien d’avoir transféré de nombreux détenus vers des sites militaires, interdits aux observateurs arabes. HRW a pressé la Ligue arabe de "réagir à ce subterfuge et d’insister clairement sur un accès complet à tous les détenus".
AFP
Commentaires (1) | Réagir ?
Cette mascarade de la Ligue arabe cautionne la dictature d'Al Assad alors ce n'était pas la peine de se déplacer car leur bilan est une double insulte au peuple syrien;ces gros porcs viennent donner des leçons aux autres qu'ils regardent ce qui se passe dans leur propre pays au lieu de dire des mensonges.