Le Mali prend ses distances du Front Polisario
Le Mali prend ses distances avec le Front Polisario, qui lutte pour l'indépendance du Sahara occidental, l'accusant notamment d'utiliser son territoire pour des enlèvements et trafic de drogue et soupçonnant des Sahraouis de collusion avec Al-Qaïda au Maghreb.
Le Mali est "en colère" contre le Polisario et veut désormais rester à équidistance entre ce mouvement et le Maroc, a expliqué une source proche du gouvernement malien. Le Sahara Occidental est une ex-colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975.
Depuis deux ans, "le Mali ne reconnaît plus de fait la RASD", République arabe sahraouie démocratique, "il estime qu'il faut plutôt soutenir le plan de l'ONU" pour un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, estime Moctar Diallo, professeur de droit à l'Université de Bamako. "Deux jeunes Sahraouis sont impliqués dans l'enlèvement des deux Français à Hombori" dans le nord-est du Mali, en fin novembre 2011, indique un document des services de sécurité du Mali consulté par l'AFP. Le même document intitulé "Al-Qaïda dans les camps du Polisario" indique que "le Mali a également la preuve que les éléments du Polisario sont impliqués dans un trafic sous-régional de drogue". L'enlèvement des Français à Hombori a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le document des services maliens évoque deux Sahraouis "impliqués" dans ce rapt, issus des camps de réfugiés sahraouis en Algérie, et qui "ont été séduits par la légende de Hakim Ould Mohamed M'Barek alias Houdheifa, grande figure de la filière Polisario d'Aqmi".
Pour Oumar Diakité, un responsable sécuritaire malien, "Aqmi s'installe partout, en Algérie, en Mauritanie et au Mali mais (elle) a ses ramifications dans les rangs du Polisario. Des intermédiaires y ont été recrutés". Des officiels maliens ont en outre récemment affirmé que trois Européens enlevés le 23 octobre dans des camps de réfugiés près de Tindouf, dans le sud-ouest de l'Algérie, l'ont été avec la complicité de la "filière sahraouie" d'Aqmi. Ces trois Occidentaux sont un homme et une femme espagnols, et une Italienne.
Bamako a récemment "dénoncé l'entrée illégale" sur son territoire d'hommes armés issus du Polisario pour y tuer un homme et enlever plusieurs autres, tous accusés "à tort", selon lui, par le mouvement sahraoui d'avoir participé à l'enlèvement des trois Occidentaux.
"Cela fait la seconde fois en moins de deux ans qu'ils viennent chez nous foutre la pagaille. La première fois, c'était pour une histoire entre trafiquants de drogue (2010) dans laquelle ils (les Sahraouis) étaient impliqués", s'emporte Amadou Diré, conseiller communal à Tombouctou (nord du Mali).
Le Polisario a répliqué en disant avoir arrêté, dans l'opération menée au Mali, une dizaine de personnes dont des Maliens impliquées dans les enlèvements près de Tindouf qu'il a attribués à Aqmi, en affirmant que les kidnappeurs étaient venus du Mali. Ces rapts ont été revendiqués par un groupe présenté comme dissident d'Aqmi, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, qui a diffusé une vidéo des trois otages.
Pour des observateurs, le Polisario a cherché dans l'opération au Mali à récupérer les otages mais surtout à montrer qu'il ne reste pas inactif contre Aqmi. Un nouvel incident est survenu entre les deux parties le soir du 24 décembre avec "le refoulement" par la sécurité malienne de "huit jeunes militants sahraouis" voulant entrer au Mali par le Niger. "Ils n'avaient pas de papiers en règle. Il y a des lois à respecter au Mali surtout quand on y vient pour faire de la propagande douteuse", a expliqué à l'AFP un officier de police malien, Moussa Koly.
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