Observateurs en Syrie jeudi, combats sanglants entre déserteurs et soldats
La Ligue arabe a annoncé mardi l'envoi d'observateurs jeudi en Syrie, où les combats entre soldats et déserteurs ont fait en deux jours plus de 150 tués et blessés parmi les militaires dissidents dans le nord-ouest du pays, selon des militants.
Parallèlement, la répression de la révolte populaire hostile au président Bachar Al-Assad entamée il y a plus de neuf mois s'est poursuivie, faisant 33 morts parmi les civils. De leur côté, les monarchies du Golfe, à la pointe de l'initiative arabe pour la sortie de crise, ont exigé l'arrêt immédiat de la répression et la libération des détenus avant l'arrivée des observateurs. "Une équipe dirigée par Samir Seif al-Yazal (assistant du secrétaire général, NDLR) se rendra à Damas jeudi", a déclaré au Caire Ahmed Ben Helli, le n°2 de l'institution panarabe.
L'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch, a appelé Damas à garantir "un accès total aux observateurs", alors que le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem avait expliqué lundi qu'ils pourraient "accéder aux points chauds mais pas aux points militaires sensibles".
Sur le terrain, 24 civils ont été tués dans la province d'Idleb (nord-ouest) et neuf autres à Homs (centre), haut-lieu de la contestation contre le régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) basé au Royaume-Uni. Selon une estimation de l'ONU, la répression a fait depuis la mi-mars plus de 5.000 morts en Syrie, où la révolte populaire est en train de se transformer en conflit armé, avec des affrontements entre soldats de l'armée régulière et déserteurs. Ces combats se sont fait plus sanglants avec une centaine de morts et de blessés mardi parmi les militaires dissidents dans la province d'Idleb, proche de la frontière turque, selon l'OSDH.
Selon cette organisation, "après des affrontements qui se sont déroulés ce matin avec l'armée régulière, une centaine de déserteurs ont été encerclés puis tués ou blessés entre les villages de Kafroueid et al-Fatira" dans la région de Jabal al-Zaouia, à plus de 330 km au nord de Damas.
La veille déjà, plus de 60 déserteurs avaient péri en tentant de fuir dans cette province, selon cette même organisation. Par ailleurs, mardi, "des dizaines de civils, dont de nombreux militants, sont encerclés par l'armée à Kafroueid", a affirmé l'OSDH. L'organisation en a appelé au secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi pour "intervenir immédiatement afin d'arrêter un éventuel massacre". A Ryad, le Conseil de coopération de Golfe (CCG) qui regroupe les six monarchies de la péninsule arabique a exhorté Damas à mettre fin à la répression.
"Le CCG demande au gouvernement syrien un arrêt immédiat de la machine à tuer, l'arrêt de l'effusion de sang (...) la libération des détenus, comme premier pas pour entamer l'application du protocole" sur l'envoi d'observateurs, a affirmé le groupement régional à l'issue de son sommet à Ryad.
Alors que le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Al-Maqdad n'a signé lundi au Caire qu'un des protocoles de la Ligue arabe stipulant la venue d'observateurs, le CCG a en outre appelé Damas à "appliquer toutes les clauses de l'initiative arabe".
Ce plan prévoit également l'arrêt de la répression, la libération de personnes emprisonnées à l'occasion des manifestations et le retrait de l'armée des villes. "Nous avons entendu dire que la Syrie a accepté le protocole (d'envoi des observateurs) mais pas l'initiative arabe. Le protocole fait partie intégrante de l'initiative arabe, qui est indivisible", a souligné le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal.
Burhan Ghalioun, le chef du Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité de l'opposition syrienne, avait souhaité lundi l'intervention de forces arabes de dissuasion si la répression se poursuivait.
"Si le régime syrien poursuit sa répression violente, le CNS fera appel à des forces de dissuasion arabes. Nous avons besoin d'un usage de la force d'une manière limitée et dans des zones précises", avait-il expliqué. "Nous réclamons la protection des civils, des insurgés et l'instauration de zones protégées et sécurisées", avait ajouté M. Ghalioun qui disait vouloir favoriser "le rôle primordial du monde arabe dans la crise syrienne".
L'assemblée générale de l'ONU a adopté lundi une résolution condamnant la situation des droits de l'Homme en Syrie et les 15 pays du Conseil de sécurité ont entamé des négociations sur un projet de résolution proposé par la Russie, qui condamne les violences "commises par toutes les parties".
AFP
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