Syrie : la Russie propose une résolution au Conseil de sécurité
La Russie a surpris la communauté internationale. Moscou a dévoilé jeudi 15 décembre un projet de résolution au Conseil de sécurité condamnant les violences en Syrie.
Des violences perpétrées par "toutes les parties", "y compris l'usage disproportionné de la force par les autorités syriennes". Changement de cap russe sur la Syrie ? Il faut voir ce qu'elle propose. En attendant, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a rapidement réagi, annonçant que les Etats-Unis étaient prêts à travailler avec la Russie sur son projet de résolution. Le texte contient en l'état "des éléments que nous ne pourrions pas soutenir", a-t-elle précisé, en mentionnant "l'apparente parité" entre les forces de l'ordre syriennes et l'opposition dans le texte soumis par la Russie.
L'ambassadeur de France aux Nations unies, Gérard Araud, a, lui, qualifié cet évènement "d'extraordinaire" : "Je pense que l'événement aujourd'hui est un événement extraordinaire puisque la Russie a enfin décidé de sortir de son inaction et de nous présenter une résolution sur la Syrie […], a déclaré M. Araud dans un communiqué publié sur le site Internet de la mission française à l'ONU. Elle a senti notre pression, elle a senti la montée de l'indignation, elle a senti aussi, après le rapport de Mme Pillay, qu'il était impossible de ne pas agir. Le texte qui nous est présenté est un texte qui mérite évidement beaucoup d'amendements car il est déséquilibré. Mais c'est un texte sur la base duquel nous allons négocier."
Cette proposition de résolution de la Russie, qui occupe ce mois-ci la présidence tournante du Conseil, intervient dans un contexte diplomatique précis : les Etats-Unis et l'UE avaient promis de faire pression sur la Russie pour une démarche en ce sens alors que se tient un sommet avec le président Medvedev jeudi et vendredi à Bruxelles. Un double veto russo-chinois le 4 octobre avait en effet déjà torpillé un projet de résolution condamnant la Syrie. Depuis la Russie, un allié clé de Damas, avait fait savoir que sa position n'avait pas changé, bloquant pendant des semaines une résolution au Conseil condamnant la répression sanglante orchestrée depuis mars.
Un peu plus tôt cette semaine, lundi 12 décembre, la haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, avait annoncé que le bilan de la répression "dépass[ait] probablement les 5 000 morts". Une déclaration qui avait déclenché de vives critiques diplomatiques. Paris avait ainsi déclaré tenir l'ONU pour "moralement responsable de ce qui se passe aujourd'hui en Syrie". Les ambassadeurs allemands et américains avaient également condamné l'attitude du conseil. Mercredi, Ban Ki-moon a indiqué qu'il avait transmis "ces derniers jours" au Conseil de sécurité un rapport du Conseil des droits de l'homme condamnant le régime de Damas pour les exactions commises.
Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe doivent tenir une réunion urgente samedi au Caire pour répondre à la proposition syrienne d'admettre des observateurs sur son sol en échange de la fin des sanctions décidées par la Ligue.
Avec AFP
Commentaires (0) | Réagir ?