Syrie : sept membres des forces du régime tués en représailles
Des déserteurs de l'armée syrienne ont tué mardi sept membres des forces de sécurité en représailles à la mort de civils dans le nord-ouest du pays, en proie depuis bientôt neuf mois à des violences ayant fait plus de 5.000 morts, selon une nouvelle estimation de l'ONU.
Sur le plan diplomatique, l'Union européenne et les Etats-Unis ont appelé la Russie, accusée de bloquer une résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité, à s'associer aux sanctions contre Damas. Sur le terrain, au moins 23 civils sont tombés mardi sur les balles des forces du régime du président Bachar al-Assad, secoué depuis le 15 mars par un mouvement de contestation sans précédent.
Dans la province d'Idleb, près de la frontière turque, onze civils ont été tués et des dizaines d'autres blessés par des tirs des forces de sécurité et des milices loyalistes à Maarret Masrin et Kfar Yahmoul, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Dans la même province, huit autres civils ont péri et au moins 19 autres ont été blessés par les forces de sécurité qui ont tiré en particulier sur un cortège funèbre. En "réponse à la mort des onze civils", des déserteurs ont lancé peu après une attaque contre un convoi des forces de sécurité sur une route près d'Idleb, tuant sept d'entre eux, a indiqué l'OSDH.
Quatre civils sont également morts à Homs (centre), et les corps de deux autres civils détenus depuis quelques jours ont été remis à leurs familles à Houla, près de Homs, et à Kfarnbouda, près de Hama, plus au nord, selon la même source. Selon des sources de l'opposition contactées depuis Istanbul, un ressortissant turco-saoudien a été tué mardi à Yahmoul par les forces de sécurité qui visaient des manifestants. Il n'était pas clair si cet homme, qui circulait à bord de son véhicule, faisait partie des victimes répertoriées par l'OSDH.
Cette mort intervient alors que les relations entre Ankara et Damas se sont fortement tendues, la Turquie réclamant la fin de la répression et le départ du président Assad, tandis que la Syrie a encore dénoncé mardi des infiltrations de "terroristes" depuis le territoire turc. "Les gardes-frontières ont déjoué une tentative d'infiltration d'un groupe terroriste armé dans le village d'Aïn Baida à Idleb, en provenance de la frontière turque", a indiqué l'agence officielle syrienne Sana, précisant que deux membres de ce groupe avaient été tués.
Un diplomate turc, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a réaffirmé que la Turquie n'autorisait "jamais aucune attaque contre d'autres pays ou des voisins à partir de son sol". S'exprimant devant le Conseil de sécurité de l'ONU lundi soir, la haut commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Navi Pillay, a déclaré que le nombre de morts en Syrie dépassait les 5.000 depuis la mi-mars et dénoncé l'inaction de la communauté internationale. Les forces de l'ordre syrienne ont tué plus de 300 mineurs, a-t-elle ajouté, évoquant aussi un usage "systématique" de la torture.
Le Conseil de sécurité n'arrive pas à se mettre d'accord sur une résolution qui condamnerait la répression. Début octobre, un double veto russo-chinois avait torpillé un projet de résolution en ce sens.
Washington a cependant estimé mardi qu'il était "plus que temps que le Conseil de sécurité de l'ONU hausse le ton", appelant la Russie à s'associer aux efforts. Et la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a assuré que l'UE allait tenter de convaincre la Russie de s'associer aux sanctions contre Damas lors d'un sommet avec le président russe Dmitri Medvedev jeudi et vendredi à Bruxelles.
"J'espère une action du Conseil de sécurité. Tous ses membres doivent prendre leurs responsabilités car la situation est extrêmement urgente", a affirmé Mme Ashton au Parlement européen à Strasbourg, ajoutant que "tous les membres des Nations unies (devaient) assumer leurs responsabilités face à la Syrie".
Entre-temps, la blogueuse américano-syrienne Razan Ghazzawi (30 ans), arrêtée début décembre, a été accusée d'avoir "affaibli le sentiment national", d'avoir "créé une organisation qui vise à changer le statut social et économique de l'Etat" et "ravivé les dissensions confessionnelles", a indiqué le Centre syrien d'information et du droit d'expression (CSIDE). Selon un avocat, la jeune femme risque entre trois et quinze ans de prison.
Au Caire, la Ligue arabe a annoncé la tenue samedi d'une réunion ministérielle pour répondre à la proposition syrienne d'accepter l'envoi d'observateurs en échange de la fin des sanctions régionales.
Commentaires (0) | Réagir ?