Les relais politiques de Bouteflika à la manoeuvre
Il y a comme des remugles de fin de règne qui flottent sur les hauteurs d’Alger.
Après avoir organisé la paralysie économique du pays et le coma politique, voilà que le régime de Bouteflika semble se sentir seul devant la formidable accélération de l’histoire dans le pourtour méditerranéen. Il y a de quoi quand on se rend compte qu’on est le seul pays à avoir un président dont la carrière politique remonte à 50 ans. Autrement dit au temps de la guerre froide. C’est dire que le temps est comme figé en Algérie. Mais pas seulement, c’est en fait tout le pays qui en suspens. En attente. De quoi ?
Les observateurs diront que le président reçoit beaucoup ces derniers jours. Essentiellement des présidents de la région plus intéressés par des aides du pays "frère", donc sans grande profondeur stratégique ni politique. Mais un homme déjà bien seul peut-il animer la vie d’un pays aussi immense et riche ? Assurément non surtout quand on connait le vide qu’il a fait autour de sa personne.
La scène politique est amorphe, sans vie ? Alors on fait semblant d’organiser des forums au nom pompeux, des conférences sans lendemains. L’argent coule à flots, le régime peut tout se permettre. Mais avec qui ? Avec les clients du pouvoir pardi ! Ceux-là même qui ont cautionné le régime dans ses glissements autoritaires. Ceux-là même qui l’ont accompagné et soutenu dans l’organisation du désespoir, les scandales de corruption les plus nauséabonds et le viol de la Constitution.
Le régime se sent bien isolé. Alors ?
D’abord cette conférence sur l’ingérence étrangère organisée par deux clients du pouvoir : l’UGTA et le Parti des travailleurs. Le premier, tous les Algériens ne connaissent, est l’inamovible secrétaire général d’une centrale syndicale vidée de sa mission de soutien aux travailleurs. Avec 14 ans dans les couloirs de la présidence et des ministères, Sidi Saïd est devenu un des soutiens inconditionnels du régime. L’ivresse du pouvoir a fait oublier au SG de la centrale syndicale ses missions pour se consacrer exclusivement à la défense du régime. Les travailleurs attendront.
Puis il y a Louisa Hanoune, la SG du PT. Cette femme politique qui avait soutenu la conférence de Sant’Egidio est en grâce avec El Mouradia depuis l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika. Elle ne rate pas une occasion pour nous rappeler la bonne foi du président. C'est une supportrice patentée. "Ce sont les députés qui sapent les réformes de Bouteflika", ressassait la SG du PT il y a quelques jours. On a presque failli la croire. Comme si, en fait, on avait des députés capables de se dresser devant le président. Nul n’est dupe en Algérie. Les députés comme tous les clients du régime actuel jouent une seule partition, celle que leur donne le locataire d’El Mouradia. Tout le reste n’est qu’écran de fumée. La preuve ? N'ont-ils pas avalisé le viol de la Constitution sans mot dire ?
Donc, la conférence internationale d'urgence contre les guerres d’occupation a été une occasion pour les soutiens du régime pour donner quelques leçons de patriotisme. Comme si les Algériens en avaient besoin. L’esbroufe et la dissimulation est une seconde nature du pouvoir et ses notables. Pour eux, tout est dans la rouerie. La vérité a pris congé de leur action politique.
"L'ingérence humanitaire est un prélude au droit des grandes puissances d'intervenir militairement pour organiser le pillage systématique des richesses naturelles et des ressources des peuples", observe doctement Louisa Hanoune. "Mobilisation des masse" contre "l’ingérence étrangère" !!! Voilà que l’opposante d’hier nous ressert une ficelle qui ressemble à cette corde qui nous a longtemps muselés et tenus à l’écart du développement. Comme les autres soutiens de Bouteflika, l’ancienne trotskyste muée en nationaliste joue une partition écrite par El Mouradia. Hanoune rappelle que "l'ingérence humanitaire est un prélude au droit des grandes puissances d'intervenir militairement pour organiser le pillage systématique des richesses naturelles et des ressources des peuples". La question est : qui pille les richesses du pays depuis pas mal d’années Mme Hanoune ? Les scandales financiers de ces dernières années ne sont quand même pas l’œuvre de supposés groupes. L’Algérien lambda se demande toujours que font ces "élus" du peuple, Louisa Hanoune et tous les autres, pour mettre fin au glissement inexorable de notre pays dans l’abysse de l’irréparable. Pourquoi une assemblée issue de la fraude décide des prochaines échéances ?
Ceux-ci ont passé leur temps à plaider leur cause pour leurs strapontins, il est peut-être l'heure pour eux de défendre l’Algérie.
Sofiane Ayache
Commentaires (1) | Réagir ?
Des relais politiques qui en appellent à d'autres relais pour constituer la pyramide de servitude volontaire qui fait la force et la longévité du tyran. Des relais courtisans qui le devance même dans ses desiderata les plus immédiats et qui le comblent de toutes les sollicitudes sans qu'il le demande. Et pour le prémunir contre les soulèvements populaires légitimes qui peuvent le déstabiliser ou mettre son trône en péril, ses relais politiques plus prévenants que jamais vont trouver des exutoires de diversion et des boucs-émissaires tout désignés comme "la main de l'étranger", le fantôme impérialiste occidental, la menace extèrieure du genre big-brother qu'ils sont seuls à voir et pouvoir décrire avec de menus détails pour vous faire supporter et accepter la perversité et la corruption du système en place et s’accommoder du moins pire en chantant le tout-va-bien Madame La Marquise.