Non à l’injustice en Algérie, dénoncez ! Parlez !

Non à l’injustice en Algérie, dénoncez ! Parlez !

Il est vrai que la bureaucratie en Algérie constitue une réelle menace à l’épanouissement et l’accomplissement de nos concitoyens et concitoyennes Algériens.

Ne nous taisons plus ! Parlons et partageons nos expériences et histoires même si ça n’apportera aucun changement à la situation actuelle. Peut être un jour viendra ou quelqu’un d’influant, muni de patriotisme et de bonne volonté, nous écoutera et changera les choses pour un avenir meilleur.

Je me nomme Charif Ben-Boulaïd, petit fils du martyr Mostefa Ben-Boulaïd, et je suis fier de parler haut et fort de l'injustice qui ronge notre quotidien et nous laisse frustrés. C'est une gangrène et c’est notre réalité ! A partir d’aujourd’hui (dimanche 11 décembre 2011), j’ai décidé de ne plus me taire et de dénoncer le vrai terrorisme qu’est la bureaucratie, les tracasseries administratives et l’excès de zèle de quelques responsables qui nous rendent la vie insupportable.

Le vœu de notre gouvernement à vouloir faire respecter la loi est une responsabilité juste et respectable qui fait honneur à la gloire de notre pays et que nous admirons et saluons tous. Seulement certains hauts cadres de nos institutions n’hésitent pas à s’autoproclamer chefs suprêmes et représentants exclusifs du pouvoir exécutif en Algérie et nous sanctionne sans état d’âme.

Moi, Charif Ben-Boulaïd, dis non à cette injustice ! Pourquoi ai-je choisi la date du 11 décembre 2011 pour commencer à dénoncer activement ? Cela peut sembler coïncider avec les événements du 11 Décembre 1960 qui dénonçaient le colonialisme autre fois, mais, en fait, le hasard fait bien les choses car ça pourrai aussi devenir un symbole de lutte contre l’injustice en Algérie, en mon raisonnement tout naïf mais engagé.

Voici les faits :

Aujourd’hui, j’ai compris réellement la douleur et la détresse que provoquent l’injustice et le non-respect que ressentent mes frères et mes sœurs Algériens. Comme le fameux dicton populaire algérien l’exprime si bien "Ma y hess bel Djemra ghir li afess ali’ha", il faut le vivre ou sentir pour le comprendre.

Je me suis vu voir refuser l’entrée à l’épreuve finale du concours du ministère des Affaires Etrangères pour les Secrétaires Diplomatiques qui est organisé par l’Ecole nationale de l’administration à Hydra, Alger du 9 au 11 décembre. Comme l’injustice toujours se passe avec des signes révélateurs, l’amphithéâtre, où normalement je devais passer l’épreuve de la langue arbe, portait le nom de Mostefa Ben Boulaïd (mon grand-père). Quelle ironie !

7 minutes de retard, et c’est toute une carrière qui est détruite. La mienne.

J’ai vite compris qu’il fallait s’adresser au responsable du centre pour justifier ce petit retard qui malheureusement fut provoqué par les bouchons interminables suite aux blocages de routes et accès pour permettre aux délégations ministérielles et présidentielle de circuler en toute fluidité afin de commémorer les événements du 11 Décembre de 1960 . En tant que citoyen algérien, et homme censé, je comprends parfaitement l’importance de ces mesures. Ce que je ne comprends pas c’est l’intolérance et le vœu de ne vouloir faciliter la tâche à autrui par les responsables de l’ENA qui, autrefois, était un symbole de fierté qui brillait de part son excellence et sa réputation a former les jeunes Algériens ambitieux et remplis d’espoir pour mener et contribuer à mener notre pays vers un vrai développement, une vraie institution de choix et de qualité ; quel gâchis !!!

J’ai pu, tant bien que mal, trouver le bureau du responsable. C’était une femme (je ne mentionnerai pas de nom). Elle était la directrice de l’Ecole et supervisait le déroulement du concours. On a commencé à parler, en gens lettrés et civilisés, et avant que je puisse finir de justifier les 7 minutes de mon retard, j’ai constaté une rigueur et une intolérance aigues suite à ses propos qui m’ont vite invité à sortir et d’assumer la responsabilité, ce qui me rappela le personnage de Margaret Thatcher, qui, franchement, semble une enfant de chœur à côté de cette "si gentille" directrice. Elle justifiait ses propos en s’appuyant sur le cahier de charge qui effectivement confirmait ses dires.

En manque d’idées et d’arguments et avec un sentiment de frustration, jamais senti auparavant, avais compris pourquoi les gens s’immolaient après une grande vexation. Heureusement pour moi que je suis croyant et plutôt combatif, j’ai repris mes esprits et pu saisir qu’elle voulait être plus royaliste que le roi ! Quelles sont ses raisons ? Peut-être cherche-t-elle à être promue ; peut-être qu’il fallait que je sois un exemple ; ou bien elle doit afficher une agressivité pour survivre dans cet environnement dominé par les hommes ; est-ce un conflit de génération ; je dirai que peut-être elle était, tout simplement, insensible a ma détresse et incapable de déceler dans quel état d’esprit j’étais. Vraiment dommage, Un autre Ben Boulaïd vient d’être sacrifié. O pauvre moi !!!…

La seule réponse que j’entendais encore et encore était : "Pourquoi n’êtes-vous pas venu comme tous les autres à temps ?". Convainquant, certes, mais pas juste. Car je savais pertinemment que quelle que soit la nature de l’examen ou du concours, on accordait toujours une demi-heure aux candidats retardataires. Moi-même appliquant cela a mes étudiants et/candidats à l’université depuis plus de 7 ans. Honnêtement, je juge que mon avis est légitime et pertinent, car étant fruit de l’éducation algérienne et modelé par les études qui ont été toutes suivies en Algérie, j’ai pu le constater à moult reprises.

Partant d’un raisonnement très logique, l’examen le plus important dans le cursus d’un apprenant est, incontestablement, celui du baccalauréat. Pourquoi applique-t-on cette mesure à ce niveau d’étude mais pas pour un autre examen ou concours de la sorte. Il y a, comme dirais-je, un excès de zèle dans le comportement de certains responsables. Je ne cherche aucunement à faire capoter ou à annuler le concours, bien au contraire, je veux juste exprimer ma volonté à dénoncer certaines pratiques peu respectueuses de la loi en vigueur. Vous allez le constater prochainement après la publication des résultats sur le site du ministère des Affaires Etrangères. www.mae.dz. Malheureusement, aucune moyenne n’est affichée juste le nom des lauréats.

Je ne cherche pas à me voir accepter ou recruté suite a des méthodes de favoritismes ou, comme disait autrefois mon oncle Abdelwahab assassiné et lui aussi doctorant, "Marifat Ben Ammis". Rien de tout cela, j’aimerais juste voir un semblant de tolérance, de justice et surtout de respect.

Pas de charité, non s’il vous plaît ! Chaque individu connaît ses capacités et ses limites, et je pense que je suis représentatif d’une génération qui à, plutôt, bien réussie en Algérie et qui en même temps à décidée de rester et de lutter pour un avenir meilleur. C’est une cause noble, à mon avis, et c’est mon devoir. J’en suis très conscient.

Ce ne sont pas les occasions et les opportunités qui manquent ailleurs car, juste à titre indicatif, en 2009 j’ai pu bénéficier d’une microbourse pour une formation en management offerte par les Etats Unis d’Amérique pour une durée d’un mois suite à mon travail de recherche de magistère et aussi grâce aux idées d’entreprenariat que j’ai proposé. Dieu merci, tout le monde sait que l’administration et surtout le pragmatisme américain encourage les gens motivés et les preneurs d’initiatives et non les gens qui jouissent de certaines faveurs en termes de favoritisme et permissivités. J’espère que les candidats futurs ne passeront plus par le même calvaire. Pour moi, l’histoire s’arrête ici. J’entame mon trente cinquième printemps et que, ironiquement, la fonction publique a besoin de sang nouveau ce que je cautionne également.

Encore merci chère directrice pour ce cadeau de fin d’année, et veuillez transmettre mes meilleurs vœux de "promotions" au Directeur Général de l’Ecole nationale d’administration Monsieur C. qui vous a bien soutenue à ne pas vouloir m’autoriser à passer la dernière épreuve. Et pourtant j’avais de grandes chances…

P.S : Je tiens à publier prochainement mon brouillon et le rendre public afin que je sois évalué par les personnes qui savent apprécier les hommes a leurs justes valeurs. J’assume mes responsabilités.

Charif Ben Boulaïd

Maître assistant à l’Université de Batna

Faculté de Lettres et langues

Département d’anglais

[email protected]

[email protected]

www.ben-boulaid.com

Skype : ben-boulaid

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Commentaires (8) | Réagir ?

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Nassima Chaouech

Un secrétaire diplomatique est un commis au service de l'Etat avec ses tares et ses torts ; je pense que c'est une ambition légitime pour tout algérien du moins théoriquement mais, incompatible au tempérament combatif, la gangrène a atteint un stade irréversible qu'il faut même pour le humble citoyen se positionner soit pour ou contre le système

On ne peut pas prétendre avoir un esprit combatif ou une propension à dénoncer l'injustice et la hogra, lorsque l'on songe à faire une carrière diplomatique dans un système méprisant arrogant, falsificateur, humiliant hautain, pilleur et destructeur de l'Algérie et des Algériens Alors ne regrettez rien Monsieur Benboulaid du moins au nom de la mémoire de ton grand-père.

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Dans un sens vous avez raison, mais en réalité c'est ce qu'on m'a dit lorsque j'étudiais la langue anglaise pour devenir enseignant. Etant affilié au ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique ne reflète pas ma position ou mon idéologie. C'est juste un organisme étatique qui, malheureusement, est régit par quelques responsables qui confonde "Administration étatique" avec "Sarl ou Eurl" et qui écartent les compétences jeunes et utilisent les médiocres à travers les associations estudiantines a des fins politiques. Moi je n'ai pas peur des critiques objectives. J'encourage tous mes étudiants a me corriger ou a m'orienter s'ils jugent que je n'honore pas mon devoir! Vous pouvez le vérifier sur mon site en vous connectant sur www. ben-boulaid. com ou sur le groupe créer pas les étudiants sur Facebook.

Mon intégration au MAE était alimentée par le fait que je crois qu'on peut changer la politique extérieur de notre pays en mieux servant les Algériens éparpillés à travers le monde. Dieu merci j'estime que je fais un travail remarquable a mon niveau "Université de Batna". Vous êtes la bienvenue si vous êtes de passage à Batna. Enfin, pour dire qu'il ne faut pas évoquer ça au nom de mon grand père laissez-moi vous rappeler qu'avant qu'il rejoigne le maquis il mena un combat au coté de la France contre les nazis et fût décoré pour sa bravoure. Une grande partie de sa richesse fût construite grâce aux années de dure labeur autant que mineur (aussi en France) qui, ensuite, a intégralement utilisée pour acheter des armes et financer la révolution avec ses compatriotes.

On veut travailler et lutter pour pouvoir achever ce qu'il a commencé avec ses compagnons.

"Tout est éphémère sur terre sauf les idées et les causes nobles"--Charif Ben Boulaid

benboulaid@univ-batna. dz

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ali chemlal

Lorsqu'on a la bouche pleine, on ne peut pas parler c'est ce que fait le régime à tous ceux qui ont la possibilité de s'exprimer, moudjahidines, vrais ou faux, les ayants droit, les cadres de la nation reçoivent tout ce qu'ils demandent et c'est pour ça que la situation est bloquée. Quant a M. Charif Ben Boulaid, il se trouve que ce sont des milliers de jeunes qui sont dans des situations pires que la vôtre et lesquels n'ont pas cette chance que vous avez, de s'exprimer sans étre "tabassé" ou jeter en prison.

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En réalite tous ceux qui ont dépasse certaines étapes de la pyramide de Maslow -Human needs- ont beaucoup de difficultés à être engagés ou à entreprendre une action de révolte. Les seuls qui puissent le faire sont ceux qui sont, soit en bas de cette pyramide (n'ont rien a perdre tel les harragas, les gens qui s'immolent, les soi-disant sujets lambda) soit ceux qui sont au top de cette dernière -les self actualised persons- qui ont dépassé le stade de la nécessité matérielle et qui veulent concrétiser une idée plus engagée ou spirituelle comme Ghandi, Noham Chomsky, Nelson Mandela...

Concernant votre commentaire qui est plus une connotation qui peut être interpretee différemment par les lecteurs, j'aimerais préciser que le fait de ne pas être tabassé ou jeté en prison à cause de mon article me laisse un peu perplexe car nous autres les Ben Boulaid payons autrement. En 1995 exactement le 22 mars a 17h00 Abdelwahab Ben Boulaid (fils aine de Mostefa) Dr. et enseignant de science politique à l 'universite d'Alger fut lâchement assassiné. C'était le même jour où son père (mon grand-père) a perdu la vie. Est-ce le fruit du hasard ? Je pense que pour certains, croire en l'existence du père Noël est vivement recommandé. J'aurais préféré que mon oncle fut tabassé ou jeté en prison cher Monsieur Ali Chemlal. C'est triste mais c est ainsi.

Je suis sur le point d'achever un livre qui montrera aux Algériens le vrai visage des Hommes libres. Malheureusement l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Le somme-nous?

Un grand merci a la redaction du Matin qui ne censure aucun mot mais aussi qui nous donne la possibilte de débattre.

Encore merci.

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