Tunisie : ONG et gauche tentent de contrer le pouvoir islamiste

L'Assemblée tunisienne aux couleurs des islamistes d'Ennahda a déçu la gauche.
L'Assemblée tunisienne aux couleurs des islamistes d'Ennahda a déçu la gauche.

Des centaines de Tunisiens se sont rassemblés dimanche à l'initiative d'associations de gauche pour critiquer la Constitution provisoire adoptée samedi par l'Assemblée constituante, où le parti majoritaire est islamiste, et initier un "contre-pouvoir citoyen".

"La miniconstitution approuvée hier est un catastrophe. Elle n'est que le produit d'Ennahda" (islamiste), selon Ridha Zouari, dirigeant du réseau Doustourouna (Notre Constitution). Cette association anime un réseau d'ONG ouvert aux militants politiques de gauche et d'extrême gauche autour d'"une alternative citoyenne" et ambitionne de faire contrepoids à Ennahda et ses alliés qui s'apprêtent à diriger la Tunisie pour une période transitoire d'une année au moins.

L'assistance hétéroclite - étudiants, artistes, universitaires, écologistes et altermondialistes - était invitée à constituer une "large plate-forme pour les forces démocratiques progressistes". "Nous allons créer un Front des forces démocratiques pour défendre les objectifs de la révolution et les valeurs de la modernité", la finalité étant de "s'organiser en parti politique proche du peuple", a indiqué M. Zouari.

"Nous avons perdu une bataille à l'élection du 23 octobre mais pas la guerre", lance-t-il, en référence à la débâcle de la gauche minoritaire à l'assemblée. Actifs mais incapables d'imposer des amendements pour "un meilleur équilibre des pouvoirs", les élus de l'opposition de gauche ont dénoncé la "boulimie" d'Ennahda et "l'opportunisme" de ses alliés, allant jusqu'à boycotter le vote de certains articles de la constitution provisoire.

Quelque 600 personnes étaient réunies au Palais des congrès de Tunis au lendemain de l'adoption de ce texte qui régira les pouvoirs publics jusqu'à la rédaction d'une constitution définitive et la tenue d'élections générales.

Jawher Ben Mbarek, chef de file du réseau, a lancé le mot d'ordre pour "programme commun de la gauche" qui devrait voir le jour d'ici février et qui marquera "un tournant dans le paysage politique de la Tunisie", selon lui.

Certains militants ont exprimé leur déception. "J'ai voté pour Ettakatol mais je lui retire ma voix aujourd'hui", a affirmé publiquement Latifa Khalfallah, 50 ans. "Je me sens trahie, j'ai voté pour un programme, mais je découvre un parti otage d'Ennahda", a ajouté cette femme en foulard.

Ettakatol (gauche) dont le chef Mustapha Ben Jaafar préside l'assemblée constituante forme une coalition majoritaire avec Ennahda et le Congrès pour la République dont le leader Moncef Marzouki devrait être élu président lundi. Le réseau marquera le 17 décembre - jour anniversaire du déclenchement du soulèvement qui a chassé le président Ben Ali du pouvoir en janvier - par une marche "silencieuse" sur le palais du Bardo, siège de l'assemblée, à l'ouest de Tunis.

Avec AFP

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