Présidentielle en RDC : deuxième report des résultats, attendus pour vendredi
L'annonce du résultat de la présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), initialement prévue mardi et reportée à jeudi, a une nouvelle fois été repoussée, à aujourd'hui vendredi.
Cet énième report à de quoi alimenter les soupçons envers la Commission électorale (Céni), déjà accusée de manquer de transparence. "Nous devons comparer si les résultats reçus sur procès-verbaux correspondent à ceux reçus par valise satellite. C'est un travail énorme et nous devons le faire pour assurer la crédibilité et la conformité des chiffres que nous allons communiquer", a justifié devant la presse le président de la Céni, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda.
Depuis le 2 décembre, le pasteur livrait quasiment chaque jour des chiffres partiels du scrutin, par province et pour les 11 candidats, pour un taux de bureaux de vote. Il donnait ces résultats par oral, sans qu'aucun écrit ne soit publié, ni taux de participation
Selon les derniers chiffres partiels mardi sur un peu plus de 89% des bureaux de vote, Kabila, 40 ans, élu en 2006, était nettement en tête (49%) avec 2,6 millions de voix d'avance sur le vieil opposant de 78 ans Etienne Tshisekedi (33,3%). Le camp de Tshisekedi a rejeté ces chiffres dès le début du décompte, le qualifiant d'"illégal, opaque et tendancieux" et réclamant un comptage par bureau de vote et non par province. La France et les observateurs de l'Union européenne ont également fait cette demande, "par souci de transparence".
Les chiffres de la Céni ne reflètent pas "la vérité des urnes" a toujours clamé le parti de l'opposant, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), pour qui "le peuple congolais s'est clairement exprimé pour l'alternance". "Aucun coup de force, aucune tentative de hold up électoral ne pourra tenir", a prévenu Tshisekedi.
Peu après le scrutin, il avait mis en garde "M. Ngoy Mulunda et (le président) Kabila pour qu'ils respectent la volonté du peuple", ajoutant qu'"en cas de besoin" il lancerait un "mot d'ordre", sans plus de précisions.
Trois autres candidats ont demandé l'annulation du scrutin.
Ce nouveau raté de la Céni prolonge une folle semaine d'accusations de fraudes ayant alimenté les craintes de violences, après une fin de campagne meurtrière, un double scrutin présidentiel et législatif chaotique, avec de nombreuses irrégularités et des accusations de fraudes.
Jeudi, l'ONG International Crisis Group a tiré la sonnette d'alarme en estimant que le pays "pourrait plonger à nouveau dans un important cycle de violence". ICG a appelé l'ONU, l'Union africaine et l'Union européenne à "envoyer de toute urgence une mission de haut niveau pour entamer une médiation entre factions rivales et trouver une solution alternative à la crise, sous les auspices de l'UA avec un soutien international".
La contestation de la victoire probable de Kabila pour un second quinquennat fait en effet craindre des troubles, particulièrement à Kinshasa, sous haute surveillance policière depuis quelques jours. Les rassemblements des partisans de l'opposition y sont systématiquement dispersés.
ICG redoute également des violences dans la province du Katanga (sud-est), fief de Kabila selon les chiffres partiels de la Céni, et celles des Kasaï Occidental et Oriental, région d'origine de Tshisekedi. Officiellement, le nom du vainqueur sera proclamé le 17 décembre par la Cour suprême de justice (CSJ), après traitement du contentieux.
Les candidats ont deux jours à compter de l'annonce de la Céni pour contester les résultats provisoires. Mais déjà l'indépendance de la CSJ a été remise en question notamment par la mission d'observation de l'Union européenne, après la nomination en pleine campagne par le président Kabila de 18 nouveaux magistrats. Le prochain président prêtera serment le 20 décembre.
Commentaires (0) | Réagir ?