Le cours de l'or noir a atteint 100 dollars : «L'époque du pétrole bon marché est bel et bien finie» dit un spécialiste

Le cours de l'or noir a atteint 100 dollars : «L'époque du pétrole bon marché est bel et bien finie» dit un spécialiste

«L'époque du pétrole bon marché est bel et bien finie»

Le cours de l'or noir a atteint 100 dollars le baril ce soir, et devrait continuer de flamber.
Le pétrole a atteint les 100 dollars en séance ce soir. Jean-Marie Chevalier, directeur du Centre de Géopolitique de l'Energie et des Matières Premières, estime que tous les paramètres actuels plaident pour une hausse continue des prix de l'or noir.

LE FIGARO.FR Quel est votre sentiment par rapport à l'envolée des prix de l'or noir?
Cela n'est pas très étonnant et malgré des prix très élevés, la demande reste forte dans tous les coins de la planète. Les nombreuses inquiétudes géopolitiques au Nigéria, au Mexique, au Moyen-Orient, entre la Turquie et l'Irak expliquent en partie ces prix élevés. La hausse pourrait donc continuer, d'autant plus que tous les fondamentaux plaident en ce sens. Si on assistait à un hiver doux avec, et en filigrane, à un risque de récession, dont les signes ne sont pour l'instant pas évidents, nous pourrions alors assister à une accalmie des prix du pétrole, mais rien n'est moins sûr.

La forte consommation de pays tels que la Chine et l'Inde est souvent désignée comme étant un facteur important de cette hausse des prix. Qu'en pensez-vous?
Il faut replacer les choses dans leur contexte. Je rappelle qu'à l'heure actuelle, sur le marché mondial, les chinois consomment 3.5 millions de barils par jour pour leur économie, et les Etats-Unis 13 millions par jour. La croissance américaine joue donc pour l'instant un rôle plus important en volumes que celle chinoise. En 1973, on avait l'habitude de dire qu'il n'y aurait du pétrole que pendant 30 ans. Or nous sommes en 2007 et le pétrole est encore bien présent un peu partout sur Terre. L'or noir ne devrait pas venir à manquer car les nouveaux modes d'extraction et les nouvelles découvertes vont permettre de prolonger encore un peu son ère. Il faut se préparer à l'après pétrole, mais c'est maintenant qu'il faut entamer le processus.

L'époque du pétrole bon marché est donc bel et bien finie?

A mon avis, oui. J'ai le sentiment que, si baisse il y a, le pétrole n'ira plus en dessous des 60 dollars. On a une situation très tendue actuellement, et il suffirait qu'il y ait quelque part des restrictions d'offres et que la croissance économique va se poursuivre partout pour que l'on atteigne à plus ou moins brève échéance des niveaux à 100, 120 voire 150 dollars.

Le gouvernement en fait-il assez pour développer les énergies renouvelables et procéder à des économies énergétiques?

Je pense qu'il faut être beaucoup plus volontariste, ne serait-ce que sur l'efficacité de l'architecture, dont les économies énergétiques peuvent êtres énormes. D'autre part, on a reproche à Mme Lagarde d'avoir dit que les gens «devraient utiliser leur voiture plus intelligemment», or sur le fond elle n'a pas tort. Le consommateur doit s'investir lui-même dans un effort énergétique car il n'y a pas seulement le pétrole qui augmente, mais aussi le gaz et même le charbon. Un pétrole qui coûte cher est donc, paradoxalement, une bonne chose, puisqu'il il oblige à diversifier son parc énergétique en cherchant des énergies de substitution, comme la géothermie, le solaire ou l'éolien, dont les capacités de développement sont très importantes. En revanche, la part de ces nouvelles énergies, même si elle augmentera à l'avenir, restera globalement faible par rapport aux énergies fossiles. De plus, il faut se méfier de certains effets pervers, dont celui des bio-carburant. Le développement à partir de matières premières comme le mais n'est pas forcément une bonne chose car les effets sur l'environnement peuvent être encore plus grands que ceux du pétrole. Il faut donc se montrer prudents.

Propos recueillis par Alexandre Panizzo (LE FIGARO)

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Mohand Mokher

C'est une opération initiée par un trader indépendant qui a achteté puis revendu à perte 1000 barils à 100$ pour le fun.

Personne n'en sait sur l'évolution des prix.

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Hocine

Quand je pense que notre Mr Chekib Khelil a dit il ya quelques semaines que le baril de pétrole n'atteindra jamais le seuil des 100$! Ca vous donne une idée sur la compétence et les " à peu près " de ce sinistre.

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